Le Forum de coopération Chine-Afrique fut la première grande initiative internationale lancée par le Parti communiste chinois. Les dirigeants de la future première puissance économique mondiale ont choisi de privilégier la relation avec l’Afrique. Notre continent est en effet la partie du monde qui connaît la plus importante croissance démographique. Il est également celui qui fait partie des plus grandes victimes de la crise climatique. Sa jeunesse est un atout dans la révolution technologique en marche. L’Afrique tourne de plus en plus le dos aux anciens colonisateurs. La Chine est le premier partenaire économique de notre continent depuis 15 ans. Elle contribue notamment à l’unité africaine grâce à son expertise en matière ferroviaire. Les lignes internationales de chemin de fer sont en construction en Afrique. Elles permettent de relier des peuples divisés par les colonisateurs. L’Afrique privilégie d’autant plus la relation avec la Chine que ce pays n’a jamais colonisé aucun peuple, et qu’il subit lui aussi la domination coloniale. Par ailleurs à la différence des Occidentaux, la Chine ne se mêle pas de la politique intérieure d’un pays qui souhaite coopérer avec elle. Les solutions mises en œuvre en Chine peuvent inspirer des pays en développement, y compris La Réunion encore sous-développée dans de nombreux aspects, notamment en termes de droit au travail, de formation des prix, d’accès à un logement, de transport ou d’illettrisme.

Conséquences du néocolonialisme

Du 4 au 6 septembre, ce sont les chefs d’État et de gouvernement de 2,8 milliards d’habitants qui sont réunis à Pékin, capitale d’un État dirigé depuis 1949 par un Parti communiste. Les progrès spectaculaires réalisés en Chine rappellent que le communisme est toujours une idéologie d’avenir. Tout ceci effraie au plus haut point les dirigeants occidentaux, à commencer par Washington qui refuse de céder son leadership mondial débuté par la destruction de deux villes japonaises par des bombes atomiques en 1945.
Le Forum de coopération sino-africain illustre une nouvelle ère qui se construit. Il est à noter que les dirigeants de tous les pays de notre région y participent, à commencer par ceux de Madagascar, le géant démographique du sud-ouest de l’océan Indien.
La Réunion sera donc le seul pays du continent à ne pas être au plus grand événement politique mondial de l’année. C’est la conséquence de son isolement dans sa région. Notre pays est encore sous le joug du néocolonialisme. Il se traduit par une dépendance économique, culturelle et intellectuelle envers les capitalistes de l’ancienne puissance coloniale. En conséquence, les regards se tournent vers un pays très éloigné et en déclin, plutôt que vers notre environnement en plein changement.
Ainsi, l’essentiel de l’actualité traite des soubresauts d’une classe politique parisienne en plein déclin, incapable de s’entendre pour gouverner son pays. Cela fait plus d’un mois que les partis parisiens font le jeu d’un président de la République qui peut continuer à mener sa politique alors que la mouvance présidentielle est arrivée derrière le Nouveau Front populaire au second tour des élections législatives anticipées du 7 juillet dernier. Pourtant, Paris est à 10 000 kilomètres de La Réunion. Paris est plus loin que Pékin et se situe de l’autre côté du continent africain peuplé aujourd’hui par plus de 1,5 milliard d’habitants.

Les Réunionnais condamnés à accompagner Paris dans son déclin ?

Si rien ne change, les Réunionnais seront condamnés à regarder passer le train du progrès devant leur porte, prisonniers d’un néocolonialisme français qui maintient le pays sous dépendance de subventions pour acheter la paix sociale. L’objectif de Paris est de faire de La Réunion un pilier de l’axe indo-pacifique pour contrer les progrès de la Chine et endiguer le dynamisme de la coopération entre l’Afrique et la Chine. Cela ne donne aucune perspective de progrès.
Il est donc urgent de mettre en œuvre d’importantes initiatives pour briser cet isolement. L’avenir de La Réunion est en jeu. Le chômage, les emplois sous-payés au pays ou l’exil ne doivent plus être les alternatives imposées à la majorité des jeunes réunionnais.
L’Afrique comptera plus de 2 milliards d’habitants bientôt. Elle est à notre porte. Elle est au cœur d’une nouvelle ère où le partenariat avec la Chine est loin d’être exclusif. Des relations se nouent au sein des BRICS+, avec la Russie, le Brésil et les pays du Golfe. La Réunion doit cesser d’être exclue de ce mouvement qui restructure un vieux monde issu de la période coloniale.
Souhaitons qu’une nouvelle génération de Réunionnais consciente de cette réalité parvienne aux responsabilités pour enfin sortir notre pays de l’impasse. La Réunion a des atouts pour tenir sa place dans cette nouvelle ère, sans remettre en cause les acquis sociaux obtenus par la lutte des communistes, des syndicats et des progressistes.

M.M.