Commémoration du 30e anniversaire du génocide au Rwanda
« Les contributions que vous avez apportées à la renaissance du Rwanda sont énormes »
8 avril
Ce 7 avril avait lieu au Rwanda la commémoration du 30e anniversaire du génocide qui fit un million de victimes. L’Afrique s’était donnée rendez-vous hier à la cérémonie officielle par une forte représentation de chefs d’État et de gouvernement. Dans son discours, Paul Kagame, président du Rwanda a rappelé l’importante contribution des Etats d’Afrique pour reconstruire le pays. Aujourd’hui, le Rwanda est vu comme une référence en Afrique en termes de développement. Voici l’extrait relatif à ce sujet du discours de Paul Kagame.
Aujourd’hui, nos cœurs sont remplis à parts égales de chagrin et de gratitude. Nous nous souvenons de nos morts et sommes également reconnaissants pour ce que le Rwanda est devenu.
Nous sommes redevables aux survivants parmi nous.
Nous vous avons demandé de faire l’impossible en portant le fardeau de la réconciliation sur vos épaules. Et vous continuez à faire l’impossible pour notre nation, chaque jour, et nous vous en remercions.
Au fil des années, les descendants des survivants luttent de plus en plus contre la solitude tranquille du désir de retrouver des parents qu’ils n’ont jamais rencontrés ou qu’ils n’ont même jamais eu la chance de naître.
D’innombrables Rwandais ont également résisté à l’appel au génocide. Certains ont payé le prix ultime pour ce courage, et nous honorons leur mémoire.
Aujourd’hui, nous éprouvons également une gratitude particulière envers tous les amis et représentants du monde entier qui sont ici parmi nous. Nous sommes profondément honorés de votre présence à nos côtés en ce jour très lourd. Les contributions que vous avez apportées à la renaissance du Rwanda sont énormes et nous ont aidés à en être là où nous en sommes aujourd’hui.
Je veux en reconnaître quelques-uns, tout en demandant pardon de ne pas pouvoir citer tous ceux qui le méritent.
Par exemple, l’Ouganda, qui a supporté le fardeau des problèmes internes du Rwanda pendant tant d’années, et qui en a même été blâmé.
Les dirigeants et les peuples d’Éthiopie et d’Érythrée nous ont aidés à commencer la reconstruction à cette époque. En fait, le Premier ministre Abiy Ahmed, qui est ici, a même servi comme jeune casque bleu au lendemain du génocide.
Le Kenya, le Burundi et la République démocratique du Congo ont accueilli un grand nombre de réfugiés rwandais et leur ont offert un foyer.
La Tanzanie a fait de même et a également joué un rôle unique à de nombreux moments critiques, notamment en accueillant et en facilitant le processus de paix d’Arusha. Et ici, je dois citer feu le Président Julius Nyerere, qui incarnait l’esprit qui a jeté ces fondations.
La République du Congo a été un partenaire productif dans la reconstruction, et bien plus encore.
« C’est la communauté internationale qui nous a tous laissé tomber », pas l’Afrique
De nombreux pays représentés ici aujourd’hui ont également envoyé leurs fils et leurs filles servir comme soldats de la paix au Rwanda. Ces soldats n’ont pas laissé tomber le Rwanda ; c’est la communauté internationale qui nous a tous laissé tomber, que ce soit par mépris ou par lâcheté.
Au Conseil de sécurité des Nations Unies en 1994, la clarté morale est venue du Nigeria, de la République tchèque et même de la Nouvelle-Zélande.
Leurs ambassadeurs ont eu le courage de qualifier le génocide de son nom légitime et de résister aux pressions politiques des pays plus puissants pour cacher la vérité. L’Ambassadeur Ibrahim Gambari du Nigéria et l’Ambassadeur tchèque Karel Kovanda sont parmi nous aujourd’hui et nous vous félicitons.
Même dans les pays où la politique gouvernementale était du mauvais côté de l’histoire, tant pendant le génocide qu’après, il y a toujours eu des individus qui se sont distingués par leur honnêteté et leur humanité. Nous serons toujours reconnaissants.
« L’Afrique du Sud a ouvert ses universités aux étudiants rwandais »
Nous apprécions également le soutien concret que nous avons reçu de partenaires au-delà de notre continent au cours des trente dernières années, en Europe, aux États-Unis, en Asie et de nombreuses organisations et philanthropies internationales.
Un exemple notable de solidarité nous est venu d’Afrique du Sud, un parmi tant d’autres. En effet, l’ensemble des espoirs et des angoisses de notre continent pouvait être vu au cours de ces quelques mois de 1994. Alors que l’Afrique du Sud mettait fin à l’apartheid et élisait Nelson Mandela à la présidence, le Rwanda assistait au dernier génocide du XXe siècle.
La nouvelle Afrique du Sud a financé des médecins cubains pour l’aider à reconstruire son système de santé en ruine et a ouvert ses universités aux étudiants rwandais, en ne payant que les frais locaux.
Parmi les centaines d’étudiants qui ont bénéficié de la générosité de l’Afrique du Sud, certains étaient des orphelins survivants ; d’autres étaient les enfants des auteurs ; et beaucoup ne l’étaient ni l’un ni l’autre.
La plupart sont devenus des leaders dans notre pays dans différents domaines.