Démographie et crise climatique : les plus grands défis de l’histoire de l’humanité
Madagascar : 60 millions d’habitants en 2050
16 avril, par
Les prévisions démographiques de l’ONU ont été réévaluées par l’Institut national de la statistique de Madagascar (INSTAT). La Grande île compte actuellement près de 30 millions d’habitants dont la moitié a moins de 18 ans contre moins de 6 millions en 1960.
La population d’Antananarivo est passée de 250 000 habitants en 1960 à plus de 3 millions aujourd’hui. Sur la base du dernier recensement, l’INSTAT prévoit 60 millions d’habitants à Madagascar en 2050, c’est 10 millions de plus que ce que l’ONU annonçait voici quelques années.
30 % des Malgaches vivent dans des villes, ce seront ces villes qui absorberont la majorité de cette hausse de la population. Pendant ce temps, la population de La Réunion stagnera autour d’un million d’habitants.
A Madagascar, l’Institut national de la statistique (INSTAT) a dévoilé ses projections démographiques pour le pays. Elles traduisent une accélération de la croissance démographique. Voici quelques années, les prévisions de l’ONU annonçaient 50 millions d’habitants pour 2050, l’INSTAT a réévalué ce nombre à la hausse : 60 millions.
Cette prévision se base sur le recensement de 2018. Il y a 5 ans, Madagascar comptait 26,7 millions d’habitants. La moitié avaient moins de 18 ans et seulement 4,5 % plus de 60 ans. En 2023, l’INSTAT estimait à 29,9 millions d’habitants la population de Madagascar, soit 3,2 millions de plus en 5 ans. Pour l’Institut national de la statistique, elle sera de 36,5 millions en 2030. En 2043, la population aura doublé par rapport à 2018, soit en 25 ans : 50,8 millions d’habitants. D’après l’INSTAT, cette croissance découle de progrès sanitaires, avec la baisse de mortalité infantile. C’est le phénomène de transition démographique que connaît aussi La Réunion : 250 000 habitants au début des années 1950, 900 000 aujourd’hui et près d’un million en 2050, soit un quadruplement. Mais à Madagascar, sur la même période, la population sera multipliée par dix.
6 millions en 1960, 30 millions aujourd’hui, 60 millions en 2050
« Madagascar - Recensements urbains (1959-1964) » publié en 2019 par l’Institut national de la statistique et de la recherche économique (INSRE) et le Ministère des finances et du commerce de Madagascar revient sur les résultats du recensement de 1959-1960. Madagascar comptait alors 5,8 millions d’habitants, dont 5 millions dans des communes rurales de moins de 2000 habitants. La population des 6 chefs-lieux de province étaient les suivantes : Antananarivo : 247 917 habitants ; Toamasina : 39 627 habitants ; Fianarantsoa : 36 189 habitants ; Mahajanga : 34 119 habitants ; Toliara : 33 850 habitants ; Antsiranana : 28 772 habitants.
Aujourd’hui, Antanarivo compte plus de 3 millions d’habitants. Les villes ont absorbé une grande partie de la hausse de la population et pourtant seulement 30 % des Malgaches vivent en ville, contre 70 % à la campagne. Cette tendance se poursuivra, ce qui impose un besoin énorme en termes d’infrastructures mais aussi de production de nourriture. Avec 6 millions d’habitants, Madagascar était le grenier l’océan Indien avec une production excédentaire. Aujourd’hui, avec 5 fois plus d’habitants en 60 ans, des importations sont nécessaires. L’ambition à Madagascar est de redevenir le grenier de l’océan Indien. Cela signifie que dès maintenant, il est nécessaire de travailler à l’augmentation rapide de la production pour que les agriculteurs malgaches puissent nourrir 60 millions d’habitants et fournir des excédents à leurs voisins dont La Réunion.
Impact du changement climatique
Jamais dans son histoire, Madagascar a été confronté à pareil défi. A l’augmentation rapide de la population s’ajoutent les conséquences de la crise climatique. Madagascar est aussi un des pays les plus vulnérables aux cyclones et à la sécheresse. Dans le Sud, la sécheresse rend des terres inhabitables en raison de la chute des revenus causés par la baisse de la production agricole. Ceci a pour conséquence de nombreux réfugiés climatiques contraints de partir vers le Nord. Dans le Nord, les pluies d’un cyclone ont récemment emporté des ponts situés sur les deux principales routes reliant cette région aux autres de Madagascar. Des morts sont malheureusement à déplorer. A chaque saison des pluies, des villes côtières sont sous la menace de cyclones toujours plus intenses.
Projets de villes nouvelles
Anticiper cette croissance démographique est une des missions du Secrétariat d’État aux Nouvelles villes et à l’Habitat (SENVH). Le SENVH est chargé la construction de la ville nouvelle de Tanàmasoandro. Située à 30 kilomètres du centre d’Antananarivo. Elle est prévue pour accueillir 300 000 habitants, ainsi que la présidence de la République, les ministères et les institutions.
Gérald Andriamanohisoa, secrétariat d’État aux Nouvelles villes et à l’Habitat, pilote un vaste plan de construction de villes nouvelles, de logements sociaux, de restructurations urbaines, d’aménagement des fronts de mer des grandes villes. Le premier front de mer vient d’être livré à Toamasina, MIAMI. Pour le littoral, un plan d’abris communautaires et des cases résistantes aux cyclones est également lancé.
Sécurisation foncière pour augmenter la production agricole
Pour augmenter la production agricole, les ministères concernés sont mobilisés avec le soutien des partenaires internationaux. Le CASEF en est une illustration. C’est une initiative du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, en collaboration avec le ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, avec le soutien de la Banque mondiale. Il vise à répondre à deux objectifs essentiels : l’autosuffisance alimentaire et la lutte contre la pauvreté des agriculteurs qui ont la responsabilité de nourrir la population. La sécurisation foncière permet aux agriculteurs d’avoir un certificat foncier prouvant qu’ils sont propriétaires du terrain qu’ils cultivent depuis plusieurs générations. Grâce à ce document, ils peuvent obtenir le soutien des banques pour investir afin d’augmenter la production agricole.
M.M.