Monde
Assassinat d’un scientifique iranien et risque de conflit
/ 4 décembre 2020
Le 27 novembre dernier, Mohsen Fakhrizadeh, scientifique en charge du programme nucléaire iranien était assassiné par un commando armé. Ce meurtre, dont tout porte à croire qu’il a été commandité par Israël et les Etats-Unis, fait peser la menace d’un nouveau conflit dans la région, voire au niveau mondial.
Le 27 novembre dernier, Mohsen Fakhrizadeh, scientifique en charge du programme nucléaire iranien était assassiné par un commando armé. Ce meurtre, dont tout porte à croire qu’il a été commandité par Israël et les Etats-Unis, fait peser la menace d’un nouveau conflit dans la région, voire au niveau mondial.
Des faits qui accusent les Etats-Unis et Israël
En effet les accusations formulées par l’Iran vers Israël et les Etats-Unis concernant l’assassinat de ce scientifique s’épaississent de jour en jour. Ainsi, d’après des médias israéliens, une réunion se serait tenue le 24 novembre dernier en Arabie Saoudite entre Mike Pompeo, secrétaire d’Etat américain, Mohammed ben Salmane, prince saoudien et Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien. Le timing laisse penser qu’il aurait été évoqué la question de cet assassinat.
De plus, des responsables israéliens ont confié au New York Times qu’Israël était bien responsable du meurtre de Mohsen Fakhrizadeh.
Enfin, dès 2018 Benjamin Netanyahu avait cité le nom de ce dernier lors d’une conférence de presse, ajoutant « souvenez-vous de ce nom », tout porte à croire qu’il était donc une cible prioritaire depuis des années.
Historique et explications des tensions récentes
Par cet assassinat on ne parle pas juste d’un incident isolé. Il s’agit bien là d’une attaque au cœur de l’Etat iranien qui aurait ainsi été organisée par d’autres Etats, ce qui pourrait très bien être considéré comme un casus belli pouvant entraîner une guerre entre ces différents pays.
Mais il ne s’agit pas là de la première attaque ou provocation des Etats-Unis et de son allié israélien envers l’Iran sur ces dernières années.
Si les relations sont depuis longtemps tendues entre Israël et l’Iran, c’est l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis en 2017 qui mettra réellement le feu aux poudres.
En effet, étant déjà chef de l’Etat impérialiste par excellence, son mandat aura été marqué par l’interventionnisme et l’unilatéralisme à outrance en termes de politique étrangère.
Cela s’est traduit, par rapport à l’Iran, au retrait de l’Accord de Vienne (qui sert à encadrer le nucléaire civil iranien), puis à la mise en place de nouvelles sanctions économiques, ce qui inévitablement ont conduit à de fortes tensions entre les deux pays. Tensions qui aboutiront en janvier 2020 à l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani par les forces américaines, doublées de provocations de Trump qui a menacé à ce moment là de frapper 52 sites iraniens.
Le meurtre commandité de Mohsen Fakhrizadeh n’est donc que la continuité des agressions américaines et israéliennes envers l’Iran, qui se font par ailleurs dans le silence le plus total de la communauté internationale.
Au vu de l’escalade des attaques américaines et israéliennes envers l’Iran, et l’arrivée d’un porte-avion américain au large de ce pays, un conflit n’est pas inimaginable sous peu.
Cette politique agressive des Etats-Unis envers l’Iran s’explique par leur volonté de s’affirmer comme la puissance dominante dans cette région stratégique qu’est le Moyen-Orient. Étant dans une situation de décadence et de perte de leur puissance sur le monde, ils se sentent menacés par le poids qu’ont pris dans la région d’Etats tels que la Russie, mais surtout la Chine.
En effet, suivant leur politique internationale où ils prônent des concepts tels que « l’émergence pacifique » et le « monde harmonieux », les Chinois ont cherché à se rapprocher d’Etats n’étant pas de simples satellites des Etats-Unis dans la région et se donc tournés vers l’Iran.
Des répercussions au Venezuela
Mais ces tensions avec l’Iran ont également des répercussions en Amérique du Sud, et au Venezuela pour être précis. Le pays, qui a été mis sous blocus américain suite à une tentative de coup d’Etat pro-US qui a échoué, ne pouvait se fournir en produits pour raffiner le pétrole, première richesse du pays. C’est pourquoi l’Iran, voyant une opportunité d’alliance tactique anti-américaine se créer avec le Venezuela, décida d’envoyer dès mai et jusqu’à aujourd’hui des navires pétroliers.
Mais cette alliance de circonstance déplait aux Etats-Unis, qui d’après le responsable du commandement Sud américain dans le Wall Street Journal d’hier, craignent une offensive totalement absurde des Iraniens via le Venezuela avec l’aide de la diaspora libanaise, supposément proche du Hezbollah, et avec également l’aide de Cuba et de la Russie.
Encore un peu et on ressortait les fioles prouvant l’existence d’armes de destruction massive…
Les élections législatives vénézuéliennes approchant et l’ancien putschiste Juan Guaido faisant la tournée des puissances impérialistes, et notamment du Sénat Français il y a 2 jours, tous les éléments semblent réunis pour que cette crise iranienne trouve un premier débouché sur un conflit au Venezuela. Cela prouverait que cet assassinat, très loin d’être anodin, risque d’être le déclencheur de fortes tensions, si ce n’est de conflits au niveau mondial.
Mathieu Raffini