Les interventions au meeting du 8 avril à Saint-Denis

Association Initiatives dionysiennes : ’Le NON c’est l’espoir !’

12 avril 2005

Nous continuons à publier les textes des interventions que nous ont remis les représentants des différentes organisations membres du collectif. Voici celle de Véronique Veinberg de l’Association Initiatives dionysiennes, avec des inter-titres de “Témoignages”.

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Nous sommes nombreux à cette tribune et c’est un motif de fierté ; je pense que dans quelque temps nous pourrons dire avec fierté que nous "en étions", de ce mouvement de fond, de ce mouvement populaire contre la tentative de coup d’état qu’est la Constitution européenne.

Tout a été dit ou presque, par les intervenants qui m’ont précédée.

- Sur le danger pour la démocratie, que les peuples renoncent à leur souveraineté au bénéfice d’institutions incontrôlées (la Commission nommée en bloc, la BCE indépendante et tournée vers le seul but de faire fructifier les rentes des capitalistes), incontrôlées par les peuples et leurs représentants, les parlementaires, mais soumises grâce à de discrètes officines comme le "comité 133", émanation du MEDEF européen, aux diktats des puissants, les entreprises transnationales, les banques et autres fonds d’investissements.

- Sur l’incroyable entreprise d’intoxication politico-médiatique qui tient lieu de débat à ce référendum.

- Sur l’hallucinante illisibilité de ce pavé, qui permet aux oui-ouistes de proférer avec aplomb des mensonges éhontés. Proclamer que cette constitution serait un "rempart contre la directive Bolkestein", que les services publics sont sauvés, que le modèle social européen est préservé, que la démocratie y gagne le droit de pétition, ou encore que certes, tout n’est pas parfait, mais on pourra réviser... Boniments ! Mensonges ! Les tenants du “oui” ont dû parier que personne dans le bon peuple d’en bas ne se hasarderait à lire ce texte, et donc que personne ne contesterait leurs dires, sauf peut-être quelques groupuscules marginaux de l’extrême droite ou de l’extrême gauche... Eh bien c’est raté ! La clairvoyance et la ténacité d’organisations comme ATTAC, l’URFIG, la Fondation COPERNIC et ici à La Réunion toute cette brochette d’organisations présentes ce soir, a permis de révéler au grand jour ce que les élites politiques et médiatiques nous cachaient (cf. le syndrome de Dracula...)

Le dogme de la concurrence libre et non faussée

Je ne reviendrai pas sur tout ce qui fait problème : le dogme de la concurrence libre et non faussée, la constitutionnalisation de politiques économiques ultra-libérales qui rendrait dérisoire tout vote d’alternance, le renoncement pour longtemps aux rôles régulateurs, redistributeurs et structurants des États, la mise en concurrence des travailleurs entre eux pour baisser les salaires, les droits sociaux, les protections... l’absence des valeurs de solidarité (fraternité), de services publics, de laïcité, de droits fondamentaux des femmes (et des hommes ?) comme le divorce, la contraception et l’avortement. Sur l’obligation d’augmenter les capacités militaires des pays et la subordination de l’Europe à l’OTAN. Sur l’impossibilité de réviser cette constitution...
Les “ouiouistes” nous disent : mais ce n’est pas politique, vous n’avez rien compris, il ne faut pas mélanger la politique antisociale du gouvernement avec ce traité !
Eh ! bien messieurs les bonimenteurs, le peuple commence à comprendre au contraire que tout est lié : la casse des services publics est en cours (réformes de l’éducation, plan hôpital 2007), les retraites, la durée du travail, le chômage et les délocalisations, et demain le principe du pays d’origine...
Comment les élites politiques "de gauche" peuvent soit se laisser berner à ce point par le dogme de "la main invisible du marché", soit mentir à ce point aux citoyens ? Il y là un mystère qui m’échappe, probablement au fil de 20 et quelques années, de renoncements en renoncements, ont-ils fini par croire sincèrement qu’il n’y a pas d’alternative à la voie ultra libérale ? Mais pour ceux, présents ici aujourd’hui, qui croient que nous ne devons pas laisser faire ce monde injuste qui va à sa perte sur l’air de "après mes profits, le déluge"... Pour nous militants de la solidarité, de la justice et de la démocratie, les élites ont trahi le peuple !

Reconstruction d’un espoir populaire

L’optimisme, pour conclure : la victoire du “non” au référendum nous ouvrira un champ immense, celui de la reconstruction d’un espoir populaire pour une société plus juste et plus fraternelle. Les premières propositions de réécriture d’une Constitution européenne sont esquissées ici et là. Mais déjà, le fait que nous nous battions ensemble, dans le respect de nos sensibilités et de nos convictions "plurielles" est un geste d’espoir pour tous ceux qui ont lutté en vain contre la fermeture de leur entreprise ou contre des réformes iniques. La traduction politique des mouvements sociaux faisait défaut : demain elle émergera de ce combat au coude à coude contre le néolibéralisme que l’on veut nous infliger à perpétuité !

Véronique Veinberg, Association Initiatives dionysiennes


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