Le Collectif réunionnais du “non”

ATTAC : pour un “non” de gauche et européen

26 avril 2005

Nous continuons la publication des discours prononcés le vendredi 8 avril dernier au meeting de la salle Candin à Saint-Denis et que nous ont fait parvenir les représentants des organisations membres du Collectif réunionnais pour le “non”. Aujourd’hui, voici l’intervention de Laëtitia Marchais au nom d’ATTAC - Réunion.

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Le référendum du 29 mai aura une portée historique : jamais les citoyens n’auront eu d’occasion plus claire et plus prometteuse de mettre un coup d’arrêt aux politiques néo-libérales.
La véritable question posée n’est pas “oui” ou “non” à l’Europe, mais “oui” ou “non” au néo-libéralisme à l’européenne.

Depuis l’Acte unique en 1986, l’Union européenne connaît une double crise :

- une crise économique : l’UE est une zone de stagnation, résultat direct des choix politiques des gouvernements européens et de la Commission.

- une crise politique, matérialisée par des taux d’abstention record (57% aux législatives européennes de juin 2004).
Ce déficit démocratique est la conséquence logique de la façon dont s’est construite l’Europe : opacité, obscurité, contournent des Parlements et des citoyens.

On nous avait promis que l’Europe démocratique viendrait couronner l’Europe économique et monétaire, il n’en est rien.

Au contraire, le Traité constitutionnel européen, dont le but clair est d’être "OMC-compatible", organise un recul systématique de la démocratie en Europe et fait disparaître toute ambition sociale :
Recul organisé de la démocratie : la meilleure preuve que cette Union a peur de ses citoyens est le maintient du caractère intergouvernemental de l’Union, les États étant la principale source de la souveraineté européenne. Les citoyens ne sont représentés que dans un Parlement croupion, qui n’a pas l’initiative des lois et n’est que co-décisionnaire, et encore pas sur l’essentiel, que la Commission se réserve. L’égalité entre les citoyens comme entre les États est à géométrie variable, l’UE se soumet à l’OTAN, et surtout, le plus grave, la IIIème partie constitutionnalise la politique économique libérale, on a là un véritable catéchisme néo-libéral, quand une Constitution se doit d’être politiquement neutre.
Le TCE abandonne aussi toute ambition sociale :

- La Charte des Droits fondamentaux est très incomplète et non contraignante. C’est un symbole philosophique fort dont l’UE se contente et refuse d’adhérer à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, car celle-ci comprend l’ensemble des droits sociaux et pas seulement les libertés individuelles.

- absence de la notion de bien commun : tout est marchandisable.

- Pas de politique de lutte contre le chômage, le mot lui-même n’apparaissant pas une seule fois dans le TCE.

- Les services publics sont remplacés par les Services d’intérêt économique général, soumis aux règles de la concurrence.

- La Banque centrale européenne et la politique monétaire sont hors du contrôle citoyen et même des Etats.

- Le dogme de la libre circulation des capitaux bloque toute lutte réelle contre les paradis fiscaux et toute taxation des transactions de type taxe Tobin.
La politique de l’environnement n’est qu’un saupoudrage.

Au total, le credo d’une concurrence qui se prétend "libre et non faussée"
verrouille notre avenir, dans une Europe où l’on aura le droit de voter, mais pas pour changer de politique, le plus gros étant déjà bouclé et gravé dans le marbre de la Constitution.

Le scrutin du 29 mai offre, bien mieux que toute autre consultation, la possibilité de révéler le rapport de force entre les idées néo-libérales de régression sociale et démocratique et les idées progressistes de solidarité.
Une victoire du “non” stimulera à coup sur les luttes sociales et syndicales. Le gouvernement et le Medef en sortiront affaiblis. Les majorités du parti socialistes et des Verts devront clarifier leur position sur la question centrale de notre époque : la question libérale. Cette clarification pourrait faire des élections de 2007 non pas une simple alternance mais une véritable alternative.
Une victoire du “non” en France aura de toute manière pour vertu de débloquer la situation, de desserrer l’emprise néo-libérale en Europe, de faire le lien entre le TCE et la question libérale dans les pays où la construction européenne est encore vécue comme transcendant les clivages partisans, de redonner espoir à ceux qui considèrent un autre monde et une autre Europe, démocratique, sociale et solidaire, sont possibles.


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