Sécheresse

Au Kenya, l’eau est si rare que les sinistrés ne cuisinent plus

7 janvier 2006

L’eau est devenue une denrée tellement rare dans la plupart des régions du Nord-Est du Kenya que certaines familles ne disposent même pas du précieux liquide pour préparer les vivres qu’elles ont obtenus du gouvernement et des organisations caritatives au titre de l’aide alimentaire.

Les journalistes qui accompagnaient lundi dernier le ministre kenyan du Développement régional Mohamed Abdi dans sa tournée d’évaluation des efforts d’aide en cours dans le district de Wajir, à la frontière entre le Kenya et la Somalie, ont constaté que la plupart des puits et barrages sont asséchés.
Les paysans sont approvisionnés occasionnellement en eau par des camions-citernes appartenant au gouvernement ou à des sociétés privées, mais cette denrée n’est pas seulement coûteuse. Elle suffit à peine à satisfaire les besoins des résidents et de leur bétail.
Dans le village de Mansa, à 80 kilomètres à l’Est de Wajir, à environ 600 kilomètres au Nord de Nairobi, un bassin hydraulique de plus de 300 puits s’est asséché. Ce bassin, dont ont dépendu des générations d’éleveurs et leurs bêtes pour leur approvisionnement en eau, ressemble à un cimetière après cinq mauvaises saisons des pluies.

Des profiteurs

Halima Ali, qui venait de puiser sa ration quotidienne de 20 litres au niveau d’une citerne souterraine dans une école primaire qu’un camion du gouvernement venait d’alimenter, raconte que les familles sont souvent obligées de ne préparer que du thé pour les enfants, car la cuisson des autres denrées alimentaires nécessite trop d’eau.
"Nous avons de la nourriture à la maison, mais nous ne pouvons la préparer parce que le maïs et les haricots (distribués dans le cadre du programme d’aide contre la famine) nécessitent trop d’eau pour leur préparation", ajoute-t-elle.
Cette mère de six enfants explique également que les vendeurs d’eau profitent de la situation en faisant payer très cher un bidon d’eau. Les journalistes ont assisté à des scènes où des humains trempaient dans la même mare que leurs bêtes pour boire ou remplir des bidons d’eau à utiliser chez eux.

Un peu d’espoir

A Tarbaj Dam, le point de convergence des éleveurs et de leur bétail, à 30 kilomètres de là, des milliers de chèvres, moutons et chameaux se disputent les rares réserves d’eau. Un de ces éleveurs, Abdi Ibrahim, se déclare préoccupé par le fait que cet afflux important d’animaux peut épuiser l’eau plus tôt que prévu.
D’ailleurs, il prédit que l’eau viendra à manquer au cours des deux prochaines semaines et alors que les prochaines pluies ne sont pas attendues avant le mois de mars, la communauté se demande où elle va se déplacer.
Il y a cependant un peu d’espoir pour les villageois avec l’arrivée dans le village, la semaine dernière, d’une tour de forage pour creuser un puits qui devrait permettre un approvisionnement plus régulier.
Ce puits, qui sera creusé en deux semaines, est l’un des huit qui seront implantés autour du district dans le cadre d’un programme d’urgence qui permettra de doter chacune des quatre circonscriptions de Wajir de deux ouvrages.


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