Conférence de Axel Urgin, partisan du “non”

’Avec ce texte, l’Europe politique est morte’

20 mai 2005

Quelles seront les conséquences de ce Traité constitutionnel européen sur les Régions ultrapériphériques (RUP) ? Axel Urgin, ancien directeur de cabinet de Jean-Jacques Queyranne, alors ministre de l’Outre-Mer, a tenu à exposer les dangers qui pèsent sur les RUP, sur La Réunion.

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De nombreuses personnalités associatives et politiques assistaient à la conférence d’Axel Urgin, qui a été jusqu’au 2 décembre 2004, le secrétaire national Outre-Mer du Parti socialiste. C’est à l’issue du vote interne au parti socialiste qu’il a choisi de démissionner de cette fonction. Toujours socialiste, ce guadeloupéen reprochait par ailleurs à son parti de ne pas avoir de véritable projet pour l’Outre-Mer.
Fervent partisan du “non”, il explique que les régions ultrapériphériques sont en grand danger. Leurs statuts auraient tout simplement été bradés par La France. Selon lui, "La France a demandé à ce que l’on puisse exclure La Réunion, La Guadeloupe, La Martinique et La Guyane de l’Union Européenne". L’article IV-440.7 vise, encore selon lui, "à précariser le statut des Régions ultrapériphériques". Ainsi, La Réunion peut devenir un PTOM, entendez Pays et territoires d’Outre-mer, et donc sortir de l’Europe, comme le sont déjà la Nouvelle-Calédonie, Mayotte, la Polynésie française entre autres.
Autre préoccupation de ce conseiller, c’est la modification rédactionnelle de l’article 299-2, devenu article III-424, où disparaîssent les termes "à la majorité qualifiée", tandis que "mesures spécifiques" est remplacé lois cadres, décisions ou règlements. Ainsi si l’article 299-2 était considéré comme une base juridique principale, l’article III-424, lui, est rangé au plan secondaire. Ainsi, avec cette modification, "on peut prendre des mesures, mais pas spécifiques", note Axel Urgin, qui poursuit "ce déclassement est préjudiciable à La Réunion".

Le “non” est en tête

Pour tous ceux qui font croire que La France doit voter “oui”, que c’est son devoir pour l’avenir de l’Europe, pour qu’elle soit forte, Axel Urgin reprend une phrase de Michel Rocard "Avec ce texte, l’Europe politique est morte". Déjà, il regrette que le gouvernement français refuse d’accepter les conséquences de l’élargissement de l’Europe. C’est peut-être par affection pour les pays de l’Europe de l’Est que l’union des 15 a permis leur intégration. Aujourd’hui, le budget n’a pas bougé, même si 12 pays supplémentaires ont agrandi les frontières de l’Europe.
D’ailleurs, il rappelle que dans de nombreux pays européens, comme la Hollande ou encore la Pologne, le “non” est en tête. Il espère que la tendance restera pareille en France. Sans vouloir convaincre Nicolas Sarkozy, qui disait que le modèle social européen est déjà cassé et que seul le libéralisme pourra soigner le mal européen, il insiste sur le fait que le “non” sera favorable au président de l’UMP. Le président Chirac devrait être évincé après le vote du peuple. Ce qui devrait faire l’affaire de Nicolas Sarkozy qui convoite de devenir le premier homme de France.
Aux détracteurs toujours, s’appuyant sur la position de l’Abbé Pierre, qui dit - je cite - "je serais vigilant, mais je vote “oui”", ou encore sur le fait que Jean-Marie Le Pen appelle aussi à voter “non”, Axel Urgin explique que le fait que l’Abbé Pierre se veut vigilant veut déjà dire beaucoup de choses. Quant à l’appel du Front national, il déclare "je m’en fiche de ce que vote Le Pen".
Il connaît bien les problèmes ultramarins, et c’est pour cela qu’il appelle à voter “non”. Voter “non”, c’est sauver l’Europe telle qu’on la souhaite, sociale. À bon entendeur.

Bbj


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