Conférence en ligne : « le bombardement d’Israël par l’Iran change tout »

Avons-nous atteint le sommet de la barbarie ?

8 octobre 2024, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Hier, nous avons titré : « Israël gagne des batailles mais perd la victoire ». En un an, la plus puissante armée de la région n’a pas réussi ses objectifs de ramener des Israéliens encore aux mains du Hamas. Le 27 juillet les États-Unis lui ont accordé 8,7 milliards de dollars pour poursuivre les bombardements alors que cet argent aurait pu servir pour améliorer les conditions de vie des Américains.

L’échec d’un présomptueux

Cette longue guerre signe l’échec personnel de Netanyahu. Par dépit, il a choisi de détruire cette organisation palestinienne qu’il a, lui-même, encouragée l’existence (et financée) dans le but d’affaiblir l’Autorité palestinienne. Il est allé jusqu’à raser Gaza, bombarder des hôpitaux et empêcher l’arrivée des secours humanitaires. Les images effroyables ont fait le tour du monde, en même temps que les discours fondamentalistes gagnent en intensité : il faut tuer les bébés et les mamans pour empêcher le renouvellement des générations de combattants.

Les États-Unis ont tout cautionné jusqu’à opposer un veto à un cessez-le-feu pour permettre l’acheminement des secours à Gaza. Même des animaux ont de meilleures conditions de vie que celles des Palestiniens démunis, sans domicile et meurtris à Gaza ou en Cisjordanie. 300 journalistes ont été tués pour empêcher la communauté mondiale de connaître la vérité. Des centaines d’humanitaires également. D’où la question essentielle : pourquoi un tel acharnement quand on se proclame puissance du « monde libre » ? Si le Hamas est qualifié d’organisation terroriste, comment présenter Israël ?

L’apôtre auto-proclamé de la civilisation

Le 25 juillet 2024, le journal « Times of Israël » a publié le discours intégral que Netanyahu a prononcé devant le Congrés Américain. Tout est dans l’introduction :
« Monsieur le président, je tiens à vous remercier de m’avoir fait le grand honneur de m’adresser pour la quatrième fois devant cette grande citadelle de la démocratie.
Nous nous retrouvons aujourd’hui а un carrefour de l’histoire. Notre monde est en plein bouleversement. Au Moyen-Orient, l’axe du terrorisme iranien affronte l’Amérique, Israël et nos amis arabes. Il ne s’agit pas d’un choc des civilisations. C’est un choc entre la barbarie et la civilisation. C’est un choc entre ceux qui glorifient la mort et ceux qui sanctifient la vie.

Pour que les forces de la civilisation triomphent, l’Amérique et Israël doivent se tenir ensemble. Car lorsque nous nous unissons, il se passe quelque chose de très simple. Nous gagnons. Ils perdent.
Et mes amis, je suis venu vous assurer aujourd’hui d’une chose : nous gagnerons. »
Ainsi, Israël se place comme la pointe avancée de « la civilisation » qui « sanctifie la vie ». Le Congrès américain est qualifié de « grande citadelle de la démocratie ». Sans nuance. Deux mois plus tard, il n’a toujours pas gagné la guerre. La machine s’est embourbée. Le 27 septembre, Nétanyahu se précipite aux États-Unis et vocifère à la tribune de l’ONU devant une salle qui s’est vidée à son arrivée.

Le discrédit du parrain et de son filleul

Israël et les États-Unis peuvent mesurer combien ils sont discrédités aux yeux du monde épris de Justice et de Paix. La paix est possible si les États-Unis arrêtent de financer et d’armer Israël. A un mois des élections présidentielles américaines, le 5 novembre, la modeste intervention de l’Iran est une délivrance pour Biden qui ne savait plus à quel saint se vouer pour stopper la folie de Netanyahu, son protégé. Juste après l’attaque de l’Iran, il a délibérément pris le contrôle médiatique, impliquant ouvertement son pays dans la recherche de solutions conjointes pour une riposte au bombardement de l’Iran. Il tente d’attirer les pays du G7. Macron a demandé de ne plus livrer des armes à Israël, soulevant la colère de Netanyahu qu’il a déjà reçu 2 fois à l’Élysée. Il se pourrait que Macron endosse le costume du petit télégraphiste de Biden. Car, les États-Unis ne pourront pas tenir à bout de bras l’économie d’Israël qui a déjà perdu 20 % de son PIB en 2023.

L’avenir d’Israël et des États-Unis est suspendu à la tenue du sommet des BRICS, en Russie, du 22 au 24 octobre en Russie. Un résultat positif pourrait signifier à l’Occident collectif que les pays du Sud-Global sont debout contre sa « mission civilisatrice ». L’annonce du rapprochement de la Turquie vers les BRICS est lié directement au soutien de l’Union européenne à Israël alors que le Liban, Gaza et la Cisjordanie sont envahis par une armée étrangère. L’Union européenne n’a pas eu un mot de compassion pour le massacre de masse des civils Palestiniens.

Le réalisme et la paix

A terme, Netanyahu et Zelinsky pourraient subir le même destin, tellement leurs positions sont déconnectées des changements qui s’opèrent dans le monde. Poutine a demandé aux ressortissants russes qui résident en Israël de quitter ce pays (soit 20 % de la population totale). Il va exempter les Africains de visa pour entrer en Russie quand l’UE n’en finit pas de s’accorder sur une politique d’immigration. La Chine a réconcilié l’Iran et l’Arabie Saoudite, avec son prolongement au Yémen. Le 22 juillet 2024, 14 factions palestiniennes ont signé la déclaration de Beijing dont le Fatah et le Hamas. Le 24 juillet, la Chine a proposé un plan en 3 étapes pour sortir de la crise à Gaza. La Chine a publié un plan en 12 points en faveur de la paix dans le conflit russo-ukrainien.

Contrairement aux États-Unis, la Chine aide à trouver des solutions sur place car les réalités sont complexes. Par exemple, il y a plus de naissances au Nigeria que dans l’Union Européenne. Dans une génération, ce pays africains sera le 3e plus peuplé avec 433 millions d’habitants après l’Inde et la Chine. Avec 2 milliards d’habitants, dans 25 ans, l’Afrique sera le continent le plus peuplé. Ces réalités sonnent le glas de la politique belliciste et dominatrice des États-Unis et ses relais. Poutine avait proposé en fin 2021, un plan de Sécurité en Europe, rejeté par les États-Unis et l’OTAN. Tout comme les accords de Minsk n’ont pas été appliqués par la France et l’Allemagne, dans le but de renforcer les capacités militaires de l’Ukraine contre la Russie .

En un an, la cause des Palestiniens a été portée par des manifestations de masses, y compris en Israël et aux États-Unis. Pour retrouver une telle marque de solidarité, il faut remonter jusqu’aux images atroces de la guerre au Vietnam où les Américains ont utilisé des tonnes de napalm et déversé des tonnes de gaz toxiques.

L’assassinat du chef du Hezbollah a soudé le monde musulman de l’Irak au Liban. Le déclenchement à distance des explosifs intégrés aux téléphones personnels et le caractère sophistiqué de l’opération militaro-technique montrent que ses auteurs se moquent de la liberté individuelle et de la sécurité publique. Hier, l’empoisonnement et l’explosion des voitures ; demain, l’espionnage et l’explosion d’un accessoire électroménager ?

Avons-nous atteint le sommet de la barbarie ? La riposte de l’Iran pourrait signifier qu’il a les moyens d’aller plus loin. Israël et les États-Unis ont intérêt à se calmer. C’est ce que suggère le titre de notre visio-conférence « Le bombardement de l’Iran sur Israël change tout. »

Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

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