« Certaines personnes ne reviendront pas » : le message du secrétaire à la Défense du Royaume-Uni résume la surprise voire la panique qui semble s’être emparée des chancelleries occidentales. Ce message est adressé à tous ceux qui veulent trouver refuge au Royaume-Uni parce qu’ils ont peur d’être la cible de représailles des Talibans qui dirigent de nouveau l’Afghanistan depuis hier. Ce message ne vise sans doute pas les ressortissants du Royaume-Uni, mais plutôt les Afghans qui ont travaillé pour les armées de l’OTAN au cours de ces 20 dernières années.
Au pouvoir depuis 1996 en Afghanistan, les Talibans en avaient été chassés fin 2001 par la guerre déclenchée par les Etats-Unis contre ce pays, un mois après les attaques du 11 septembre à New-York et Washington revendiquées par Al Qaïda. Le pouvoir mis en place à la suite de l’occupation du pays par les armées de l’OTAN s’est effondré à la suite du retrait des forces occidentales, les Talibans ont aussitôt occupé le vide.

L’OTAN va-t-il abandonner ses « harkis » ?

Les images en provenance de la ville de Kaboul montrent des rues calmes, une circulation habituelle. Le seul changement observé est le visage du pouvoir, avec la présence de combattants Talibans aux carrefours et dans les postes de contrôle désertés par les soldats de l’ancien pouvoir. Il n’y a pas de combats de rue, d’émeutes ou de scènes de pillage. Deux faits singuliers sont à noter : une partie de la minorité qui a un compte en banque se presse aux guichets pour y retirer leur argent ; des télévisions occidentales montrent en boucle des images d’une foule s’agglutinant au service des visas de l’ambassade des Etats-Unis
Le contraste est saisissant avec le chaos à l’aéroport. Les ambassades occidentales ont décidé d’évacuer tous leurs ressortissants. Des milliers d’Afghans ont pris d’assaut les pistes dans l’espoir d’un dernier vol pour l’Occident. Mais plus aucun vol commercial n’est assuré, et Washington a suspendu les vols de rapatriement assurés depuis la base aérienne militaire tant que les pistes ne seront pas sécurisées.

La communauté internationale reste en Afghanistan

La situation en Afghanistan a fait l’objet hier d’une réunion urgente du Conseil de Sécurité de l’ONU. Le secrétaire général de l’ONU a affirmé que les représentations de la communauté internationale seront maintenues dans le pays. Le dirigeant des Nations-Unies a également souligné que l’ONU restera aux côtés du peuple afghan.
La Russie a souligné qu’un bain de sang a été évité. Son ambassadeur à Kaboul doit rencontrer les représentants des Talibans ce mardi et conditionne sa reconnaissance du nouveau pouvoir à ses actes.
La Chine a rappelé qu’au cours de ces 20 dernières années, l’Afghanistan était une base arrière d’organisations terroristes ce qui permit l’émergence de Daesh. La Chine souhaite que la réconciliation soit possible entre les différentes ethnies du pays, et que la guerre finisse enfin en Afghanistan. Ceci pourrait permettre d’aller vers des relations amicales avec l’Afghanistan.
Le contraste est saisissant avec les prises de position des dirigeants occidentaux depuis la reprise du pouvoir par les Talibans : évacuation totale. Ce qui veut dire l’abandon de l’Afghanistan et de sa population. Cette position semble donc largement minoritaire.
L’ONU, la Russie et la Chine ont décidé de rester aux côtés du peuple afghan. Nul doute que de nombreux pays feront ce choix de solidarité plutôt que d’abandon.

M.M.