Lutte contre la mondialisation ultra-libérale

« Bénéficier d’un traitement spécial » pour rattraper les retards

Les attentes de l’Union africaine

8 septembre 2003

Pour l’avenir de l’Afrique, le commerce international ne doit pas être simplement considéré comme une entreprise commerciale, mais doit être amélioré avec un objectif de développement, a déclaré l’ambassadeur Vijay Singh Makhan du secrétariat de l’Union Africaine (UA). Il dirigera la délégation de l’organisation panafricaine à Cancun.
« Notre principale préoccupation en tant que pays en développement, et tout le monde le reconnaît, est que nous sommes bien en retard. Nous devons renforcer les capacités nécessaires pour relever les défis de l’offre et, dans le même temps, bénéficier d’un traitement spécial de la part de nos partenaires industrialisés afin que nous puissions évoluer sur un pied d’égalité », a déclaré Vijay Makhan, dans une interview accordée à la PANA. Il a insisté pour que les partenaires de l’Afrique comprennent que « notre pilier économique est l’agriculture et qu’ils ne doivent rien faire qui soit préjudiciable à notre développement agricole ».
Il a déclaré que chacun au niveau de l’OMC connaît la position de l’Afrique. « Nous avons introduit notre position dans la déclaration du Groupe Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) à la conférence de l’OMC pour nous assurer qu’elle est bien connue de tous nos partenaires », a dit le diplomate.

Agir ensemble

La participation de l’Afrique à la conférence de Cancun est présentée comme une partie de la lutte incessante du continent pour progresser en matière de développement. Alors que les délégations nationales se rendent dans l’île touristique mexicaine pour la réunion, les pays africains espèrent que leurs partenaires des pays industrialisés prendront des mesures définitives pour redresser l’équilibre du système commercial mondial.
Tous vont chercher une solution équitable pour le commerce des diverses matières premières qui vont du sucre, à "l’or blanc" (le coton). « Il y a tant de déséquilibres au sein de l’OMC qu’il nous faut rectifier. Et les pays africains ont exprimé clairement leur position commune sur toutes les questions qui seront débattues au cours de la conférence », a déclaré le chef de la délégation de l’Union africaine peu avant son départ pour Cancun. « Un jour avant l’ouverture de la conférence, cependant, les délégations africaines se réuniront pour passer en revue les derniers développements, et si nécessaire, reformuler et affûter leurs arguments, tout en maintenant la dynamique de leurs réunions préparatoires », a indiqué Vijay Makhan qui a ajouté que les ministres africains identifieront ceux parmi eux qui seront les principaux négociateurs.
« Il n’y a pas moyen qu’un pays africain puisse faire cavalier seul en ce qui concerne les questions relatives à l’économie mondiale. Afin d’avoir une interaction significative avec l’économie mondiale, nous devons agir collectivement », a-t-il expliqué. En soulignant que le continent africain est un acteur majeur au plan international quand ses nations agissent collectivement, Vijay Makhan a déclaré : « Si nous restons unis à Cancun, la possibilité que nous aurons d’atteindre nos objectifs sera grande ».
Selon lui, l’UA est arrivée au bon moment. Puisque l’organisation est parfaitement opérationnelle désormais après une période intérimaire de deux ans. Il a souhaité que les États membres donnent à l’UA le mandat de négocier en leur nom sur certaines questions globales. De cette façon, exercer des pressions sur des pays individuels sera plus facile, a-t-il souligné.

« Un avenir commun »

Selon lui, un commerce international équitable serait un instrument efficace pour l’élimination, sur le continent, de la pauvreté et de ses corollaires que sont les maladies, les pénuries alimentaires, sans parler du fardeau de la dette extérieure. Au cours des négociations commerciales passées organisées sous les auspices de l’OMC, a rappelé Vijay Makhan, « l’Afrique a été souple, mais nos partenaires n’ont pas été assez ouverts pour nous permettre de progresser. À chaque fois que nous avons besoin d’agir, nous sommes bloqués ».
Selon l’officiel de l’UA, l’Afrique va à Cancun dans des dispositions positives et souhaiterait que la réunion ministérielle de l’OMC se termine sur une note de succès. En critiquant la conférence précédente de novembre 2001 qui avait adopté le soi-disant Agenda de développement, Vijay Makhan a déclaré : « Bien que nous n’ayons pas enregistré grand chose en matière de développement depuis lors, l’Afrique ne peut accepter le succès de Cancun à n’importe quel prix ».
Les résultats de cette conférence peuvent avoir des effets considérables sur les vies des populations des régions en développement, particulièrement en Afrique, si les pays riches arrêtent de marginaliser les préoccupations de base du genre humain, a-t-il estimé. « Même si parvenir à un accord sur des pratiques commerciales équitables ressemble à un travail sur un puzzle géant, les pays riches ont eu assez de temps pour trouver les moyens, par les négociations de l’OMC, de s’entendre avec leurs partenaires pauvres sur les moyens de faire face ensemble à un avenir commun », a encore dit Vijay Singh Makhan.

Les altermondialistes se mobilisent en France
Le compte à rebours a commencé pour le sommet de Cancun. Pour les protestations des altermondialistes (les partisans d’un "autre monde"), aussi. Ainsi, en France, à Paris, Lyon, Marseille ou Toulouse, de nombreuses personnes sont descendues dans les rues samedi pour manifester. Plusieurs milliers de manifestants altermondialistes (15.000 selon les organisateurs, 2.500 selon la police) ont notamment traversé les rues de la capitale, derrière une centaine de "marcheurs du Larzac" arrivés ce même jour à pied de Millau. Les organisateurs étaient massés derrière une grande banderole avec l’inscription "Le monde n’est pas une marchandise", tenue notamment par le porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, le président d’ATTAC Jacques Nikonoff, la porte-parole de l’Union syndicale-G10 Solidaires, Annick Coupé, à côté de responsables de Greenpeace, la FSU ou la Ligue des droits de l’Homme (LDH).

À Marseille, 700 manifestants selon la police - 1.200 selon les organisateurs - ont rejeté « les politiques néo-libérales de l’OMC dont Raffarin s’inspire en France ». Dans l’Ouest de la France, plusieurs manifestations ont rassemblé des centaines de personnes. À Lyon, plusieurs associations ont installé un espace convivial, au cœur du périmètre piéton de la ville, sur le thème "halte à l’OMC". A Lille, où ATTAC était présente sur un stand à la braderie de ce week-end, il n’y avait pas non plus de défilé, mais uniquement une distribution de tracts contre l’OMC.

Nombre d’ONG françaises, réunies notamment dans le réseau Coordination Sud, se sont également lancées dans une communication intense cette semaine, qui devrait durer jusqu’à la fin du sommet de Cancun. Elles demandent à la France de soutenir, beaucoup plus concrètement qu’elle ne le fait, dans les négociations internationales, la cause des pays en développement les plus pauvres, fortement dépendants des critères imposés par les institutions financières internationales, notamment l’ouverture de leurs marchés intérieurs voulue par l’OMC.

Sensibilisation au marché forain de Saint-Pierre sur les organismes génétiquement modifiés
O.G.M. : ATTAC attaque
Les militants d’ATTAC-Réunion étaient samedi matin sur le marché forain de Saint-Pierre pour sensibiliser le public sur le danger des organismes génétiquement modifiés (OGM) avec comme mot d’ordre : « La Réunion touchée par les OGM… Réagissons. Distribution de tracts, signature de pétitions, discussion avec les passants… Dans un tract, ATTAC rappelle que « les OGM sont déjà présents dans de nombreux aliments en vente courante à La Réunion » et publie une liste de produits« pour lesquels les fabricants ne garantissent pas la non-utilisation d’OGM ».

Pour ATTAC, outre un silence assourdissant sur l’utilisation des OGM dont « les risques ne sont pas identifiés et dont on ignore même parfois la nature », il existe aussi une hypocrisie qui consiste, dans l’alimentation humaine, à ne pas appeler un chat un chat. Ainsi, note ATTAC, « les OGM et leurs dérivés peuvent se trouver dans bon nombre d’alilments à base de maïs et de soja qui entrent dans la composition de plus de 60% des produits alimentaires ».

Le soja, dont on ne sait pas s’il est issu de semences génétiquement modifiées, interviendra sous les appellations de « farine, protéine, huile, émulgateur lécithine etc », tandis que le maïs, une des plantes les plus touchées par les OGM, se cache dans nombre d’aliments sous les appellations de « farine, flocons, huile, semoule, glucose, fructose, dextrose maltodextrine… ». Quant à la nutrition animale, c’est, estime ATTAC, « la porte dérobée des OGM puisque 60 à 80% des OGM pénètrent à notre insu dans la chaîne alimentaire via l’alimentation des animaux d’élevage ». Si l’enjeu est d’importance, reste que la sensibilisation du public n’est pas chose aisée. Les militants d’ATTAC ont pu s’en rendre compte à l’accueil de certaines personnes…


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus