Crise économique

Berlin veut Athènes sous tutelle

31 janvier 2012, par Céline Tabou

Pressée par ses créanciers, la Grèce a refusé la mise sous tutelle évoquée par le gouvernement allemand. Le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et l’Union européenne doutent des capacités de la Grèce à réduire le déficit public.

Selon le quotidien américain “Financial Times”, cité par “Le Figaro”, l’Allemagne aurait présenté un document prévoyant la nomination d’un commissaire européen au Budget qui aurait un droit de veto sur les décisions prises par le gouvernement en matière de recettes fiscales et dépenses d’État des Grecs.

Perte de confiance des Européens

La révélation du quotidien américain aura tendu la situation. D’un côté, Bruxelles tente d’apaiser les choses en indiquant que « la Grèce doit rester maitresse de sa politique budgétaire » et que l’institution d’un tel commissaire serait anticonstitutionnelle. De l’autre, Evangelos Venizélos, ministre grec des Finances, a fustigé le document allemand, qui n’a pas été démenti. Ce dernier a rappelé aux Européens que « quiconque pose à un peuple un dilemme entre l’aide financière et la dignité nationale ignore des enseignements historiques fondamentaux ». Le ministre a affirmé avant son départ pour Bruxelles, où se déroule le Sommet européen depuis lundi, que « nos partenaires savent que l’unification européenne est fondée sur l’égalité institutionnelle des États membres et le respect de l’identité nationale ».

La proposition allemande viendrait du constat de l’incapacité du gouvernement grec à enrayer la spirale de la dette et de la récession, bien que les “Perspectives économiques mondiales” du FMI montrent que la quasi-totalité des pays développés va connaitre la récession cette année. La crise de défiance viendrait également des réticences d’Athènes de mettre en place la série de réformes structurelles conditionnées par la troïka.
Actuellement, la dette publique correspond à près de 160% du PIB, le déficit public de 2011 a approché les 10% du PIB et, enfin, le Produit intérieur brut a chuté de 6% en 2011, celui-ci est estimé entre 4 et 5% pour 2012.

Les Européens veulent une nouvelle ère

A l’ouverture du Sommet européen, à Bruxelles, lundi 30 janvier, les créanciers souhaitent « imposer à la Grèce de stricts contrôles internationaux sur l’exécution de son Budget », a expliqué “Le Monde”. Les chefs d’État européens échangeront sur les mesures à prendre pour aider la croissance, résoudre la spirale de la dette grecque et enterrer le nouveau traité de discipline budgétaire décidé en décembre 2011.

La mise en place du nouveau pacte de discipline budgétaire est l’objectif principal de ce premier Sommet de l’Union européenne de l’année. Négocié en décembre, sans le Royaume-Uni, ce nouveau pacte imposera à tous les pays membres la règle d’or pour un équilibre budgétaire et des sanctions contre les comptes publics endettés. Ce pacte sonne le glas du Traité de Maastricht qui conditionnait également une « certaine harmonie nécessaire à l’union monétaire » à travers une série de critères, dont un taux d’inflation inférieur à 1,5%, un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB et, entre autres, un endettement public inférieur à 60% du PIB.

Céline Tabou

Union européenne

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