Burkina Faso : le général Nabéré Honoré Traoré, nouveau chef de l’Etat

31 octobre 2014

Après la vacance du pouvoir constatée après la démission du président Blaise Compaoré, l’armée a désigné le général Nabéré Honoré Traoré pour assurer les fonctions de chef de l’Etat.

L’armée a dissous le Parlement et le gouvernement, suspendu la Constitution et décrété un couvre-feu nocturne dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, après les violences dans la capitale, Ouagadougou, qui ont fait au moins trois morts et plusieurs dizaines de blessés.

Cette manifestation violente visait à protester contre les tentatives de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans, d’amender la Constitution afin de briguer un autre mandat.

Dans un premier temps, Blaise Compaoré a rejeté les appels des manifestants demandant sa démission, ouvrant la voie à la confrontation après les violentes manifestations de jeudi qui ont vu le siège du Parlement et plusieurs édifices publics être incendiés et l’interruption des programmes de la télévision nationale.
Il avait annoncé jeudi soir, dans un communiqué lu sur les ondes d’une radio privée, qu’il imposait l’Etat d’urgence et qu’il serait le chef du gouvernement de transition annoncé par le chef d’état-major de l’armée, le général Honoré Traoré, pour une année supplémentaire. Il a proposé des négociations avec l’opposition tout en retirant du Parlement le projet de loi visant à amender la Constitution.
Finalement, il a cédé dans la journée de vendredi. Il a démissionné et a quitté précipitamment la capitale.

On rappelle qu’il a accédé au pouvoir en 1987 à la faveur d’un coup d’Etat dans lequel le charismatique dirigeant militaire, le capitaine Thomas Sankara, a été tué.

Le général Traoré a déclaré lors d’une conférence de presse qu’un organe de transition sera mis en place en consultation avec toutes les parties, en ajoutant qu’une démocratie constitutionnelle devrait être mise en place « au bout 12 mois tout au plus ». Il n’a pas nommé le chef de cette institution de transition.

Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a envoyé son émissaire pour l’Afrique de l’Ouest, le Dr. Mohamed Ibn Chambas, au Burkina Faso pour aider à trouver une solution pacifique à la crise, tout en appelant au calme et à la retenue.

Ban Ki-moon a déclaré que la mission de M. Chambas, un ex-président de la Commission de la CEDEAO, serait menée conjointement avec l’UA et la CEDEAO.

Pour sa part, le président de la CEDEAO, le chef de l’Etat du Ghana, John Dramani Mahama, a invité la population du Burkina Faso au calme et à respecter l’Etat de droit, tout en demandant aux forces de sécurité de « respecter et d’agir conformément à la Constitution de la République ».

Il a invité toutes les parties impliquées, en particulier l’ensemble de la classe politique, au dialogue en vue de parvenir à un consensus politique qui déboucherait sur des élections libres, justes et crédibles conformes aux dispositions constitutionnelles.

La CEDEAO a averti que : « conformément à ses principes, elle ne reconnaîtrait aucune accession au pouvoir par des moyens inconstitutionnels ».

L’Union africaine (UA) a déclaré avoir envoyé une équipe de haut niveau aux négociations avec les autorités du Burkina Faso.

L’UA a indiqué que le gouvernement burkinabé devait faciliter l’entrée sur son territoire de sa délégation de haut niveau, mais n’a pas précisé si elle a eu du mal à s’y rendre.

Jeudi, les manifestants ont affronté la Police qui a utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et dans certains cas, des balles réelles. Au moins trois personnes ont été tuées et une soixantaine blessées, dont 40 grièvement.

Des tirs ont été entendus dans la capitale et des nuages de fumée sombres surplombaient la ville alors que des édifices étaient incendiés.

D’après des témoins, les manifestants ont été rejoints par des soldats.

Certains responsables de haut rang du régime, dont les maisons ont été mises à sac, ont été conduits à la Gendarmerie, alors que des ministres sont allés se réfugier à la résidence du Mogho Naba, monarque de l’ethnie dominante Mossi.

L’opposition du Burkina Faso proteste depuis des années contre les tendances dictatoriales de M. Compaoré, qui a des relations étroites avec l’Occident et s’est taillé l’image d’un négociateur des crises politiques dans plusieurs pays de la sous-région en proie à des troubles.


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