Crise alimentaire mondiale :

Certains pays arabes frappés de plein fouet

20 juin 2008

L’Alliance régionale arabe de l’Appel Mondial Contre la Pauvreté s’était réunie à Amman, en Jordanie, du 30 mai au 1er juin 2008, avec la participation de 18 représentants des ligues nationales du Yémen, Bahreïn, Jordanie, Palestine, Soudan, Egypte, Tunisie, Maroc et Liban, ainsi que l’ANND, le réseau arabe des ONG de développement, coordinateur régional de l’alliance.

Les participants ont discuté les effets néfastes de l’augmentation des prix sur la situation alimentaire dans le monde arabe. Ils ont ensuite publié un rapport détaillant les différentes facettes de cette problématique. Deux chiffres frappants ont été mentionnés dans ce cadre, à savoir : 800 millions de personnes (dont 70% de femmes) subissent les effets de la crise alimentaire (ils ont besoin d’aide d’urgence) et les augmentations de prix de produits alimentaires estimés par la FAO dépassent 57% en comparaison à l’année dernière (huiles végétales : 97%, blé : 87%, produits laitiers : 58%, riz : 46%).

Ainsi, les participants ont montré que les effets directs de cette crise sur les pays arabes se manifestent par l’augmentation des prix des produits alimentaires, surtout pour les pays dépourvus de richesses pétrolières et de ressources naturelles. « Ces pays subissent entre autres des conditions climatiques difficiles, une pénurie des ressources en eau et une nature faible en sol cultivable ».

Le rapport publié suite à cette réunion explique, entre autres, que la crise alimentaire dans le monde arabe s’explique par le manque de moyens techniques et des investissements limités dans le secteur agricole.

Dans ce même cadre, les membres de l’Alliance ont confirmé la nécessité de réformer les structures de l’ordre mondial, en particulier celle du commerce international, et d’encourager l’investissement dans la production agricole, dans le cadre d’une coopération et d’une complémentarité régionale pour répondre aux besoins alimentaires des citoyens dans les pays arabes.

Concernant l’énergie, le rapport affirme que le secteur est confronté à de nombreux défis dont l’augmentation de la demande et la faiblesse de l’utilisation des énergies alternatives, en particulier dans les régions rurales et urbaines pauvres. S’y ajoutent un faible soutien au développement des énergies renouvelables et la faiblesse des outils adéquats au soutien de techniques favorisant une énergie propre dans la région. A préciser toutefois que certains pays comme la Tunisie font des gros efforts en matière d’utilisation d’énergies renouvelables, même si les résultats sont encore modestes.

Les participants rappellent, dans ce sens, que malgré l’engagement affiché des pays arabes au développement durable, les politiques suivies demeurent largement inadéquates. En effet, si 18 pays arabes ont signé la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, l’Egypte est le seul pays qui ait ratifié le Protocole de Kyoto et 12 autres l’ont signé (dont la Tunisie).

Par ailleurs, les membres de l’Alliance régionale arabe de l’Appel Mondial Contre la Pauvreté ont formulé et adressé des recommandations aux chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Rome, entre le 3 et le 5 juin 2008. Parmi les propositions les plus intéressantes, on note : l’activation de la coopération internationale pour le développement, afin d’aider les pays en développement à surmonter les effets de la pauvreté et à réaliser les Objectifs de Développement du Millénaire, en insistant sur la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire comme élément de base de la sécurité humaine. Le renforcement de la place des politiques nationales de sécurité alimentaire au cœur des stratégies de développement et l’accompagnement des politiques encourageant l’investissement et la production agricole locale.

Au sujet de l’énergie, le rapport propose de soutenir davantage le renforcement des capacités des pays arabes, le transfert des technologies protectrices de l’environnement et le soutien de la coopération régionale en matière d’observation des changements climatiques et des stratégies pour diminuer l’émission des gaz à effet de serre. Le rapport explique qu’il est « demandé aux donateurs et aux multinationales de faciliter le transfert des technologies adaptées à la protection de l’environnement dans la région arabe ».

H.C.

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