Le nouveau ministre de l’Outre-mer s’installe

Changement de méthode ?

7 juin 2005

La nomination de Dominique Vian comme directeur de Cabinet à la rue Oudinot marque la volonté de placer à ce poste une personnalité bien informée des problèmes de l’Outre-mer et, sans doute, une volonté de développer les relations avec les élus et les partenaires du Ministère. Mais changement de méthodes ne signifie pas pour autant changement de politique !

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Sous la période coloniale, l’arrivée d’un nouveau gouverneur dans l’ancienne île Bourbon et le départ de son prédécesseur étaient fêtés. De son héritage post-colonial, La Réunion d’aujourd’hui a gardé les traces de ces pratiques : les arrivées ou les départs de préfets - et de plus en plus de tout hauts fonctionnaires - sont salués dans la presse écrite ou orale. On accorde ici à ces événements somme toute ordinaires - la règle pour ce genre de fonctions, c’est la mobilité - un traitement que l’on ne constate dans aucun département métropolitain.
Au nom de ces traditions, Dominique Vian qui vient d’être nommé auprès du nouveau ministre de l’Outre-mer sera sans doute sollicité par nos confrères.
Nommé directeur de Cabinet de François Fillon, le préfet de La Réunion est une personnalité qui a eu sous le Ministère de Brigitte Girardin un rôle effacé.
En désignant Dominique Vian comme chef de Cabinet, François Baroin a choisi un homme qui a eu ses propres idées, ses propres options politiques, qui connaît bien l’Outre-mer et a été, ces derniers mois, plus sensibilisé aux problématiques réunionnaises. Ce qui devrait permettre au Ministère d’aller vite dans la compréhension des enjeux ultramarins.

Les parlementaires reçus aujourd’hui

Le nouveau ministre semble vouloir changer de méthodes de travail. Aujourd’hui il invite tous les parlementaires à une première réunion de prise de contact sous la forme d’un déjeuner. Sans doute élargira-t-il un peu plus tard le dialogue avec l’ensemble des exécutifs territoriaux et aux partenaires sociaux. Mais changement de méthodes ne signifie pas pour autant changement de politique. Il faudra attendre de connaître les orientations du ministre - on en aura un avant-goût dans le projet de budget qu’il préparera et présentera pour 2006 - pour apprécier sa politique. Or, dès sa prise de pouvoir, François Baroin a déclaré qu’il comptait faire prospérer les mesures comprises dans la loi-programme votée en 2002 pour développer une politique de lutte contre le chômage. Mais l’efficacité de cette loi est si peu notable que l’on n’en parle presque plus. Le RMA, par exemple, a subi un véritable échec. Il est beaucoup plus question depuis quelques temps des mesures de la loi Borloo. Mais là aussi, plusieurs élus de la majorité - Ibrahim Dindar ou encore Cyrille Hamilcaro - ont exprimé publiquement leur scepticisme quant à la mise en œuvre à La Réunion des Contrats d’avenir, disposition phare du plan Borloo.

J.M.


An plis ke sa

o Villepin condamne Raffarin
Lors du premier séminaire gouvernemental dimanche à Matignon, le Premier ministre, Dominique de Villepin, a invité les membres du gouvernement à "consacrer toute leur énergie, sans tabou" à la "bataille pour l’emploi". Avec un taux de chômage au-dessus des 10%, on ne peut que se féliciter que le nouveau gouvernement de l’UMP décide de faire de la résorption du chômage la priorité n°1. Mais ce faisant, Dominique de Villepin condamne sans ambiguïté la politique de son prédécesseur.

o Gouvernement resserré et confiance élastique
Nicolas Sarkozy aurait évoqué son désir de quitter le gouvernement Villepin fin 2006 pour se consacrer à l’élection présidentielle, écrit “Le Monde” dans son édition du dimanche 5 juin. Cette attitude s’expliquerait par la crainte de subir le discrédit d’un gouvernement de "collaborateurs" de Jacques Chirac dont il serait le seul "homme politique", ajoute le quotidien. "Fin 2006, il faudra sans doute que je prenne de l’air", aurait affirmé le numéro 2 du gouvernement Villepin.
Voilà qui augure bien mal de la confiance qui règne dans une équipe gouvernementale que l’on a voulue d’autant plus resserrée qu’elle est en charge d’une "nouvelle impulsion".

o Casser le Droit du travail
Christine Lagarde est la nouvelle ministre déléguée au Commerce extérieur. Quelle est, selon cette avocate spécialisée en Droit social et de la concurrence, la meilleure façon de lutter contre le chômage ? Très simple : il faut "absolument" la réforme du Droit du travail.
Selon Christine Lagarde, "le Droit social est compliqué, lourd, assez peu flexible, et à mon avis constitue souvent un frein à l’embauche et à certain nombre de décisions d’entreprendre". "Donc dans ce domaine-là je crois qu’il y a des effets de frein qu’il faut essayer d’évacuer", affirme la nouvelle ministre. Avec de tels propos, les syndicats peuvent déjà se demander si le Premier ministre va les écouter.

o France Télécom : la privatisation continue
Dimanche, l’État a cédé une nouvelle fois au privé une partie du capital de France Télécom. Entre 6 et 8% du capital sera cédé, pour un bénéfice escompté de 3,5 à 4 milliards d’euros. Au terme de la transaction, l’État sera actionnaire d’au mieux 35%. Donc le privé détiendra au moins 65% de France Télécom. Un avant-goût de ce qui nous attend pour EDF ? (voir notre article en page 9)


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