Che Guevara, apôtre des opprimés -4-

Che Guevara : une figure internationale

25 janvier 2018, par Salim Lamrani

Le cinquantième anniversaire de l’assassinat du Che en Bolivie le 9 octobre 1967 offre l’occasion de revenir sur le parcours du révolutionnaire cubano-argentin qui a dédié sa vie à la défense des « Damnés de la terre ».

Quel rôle a joué le Che dans le soutien aux peuples en lutte ?

Le Che, au nom de la Révolution cubaine, a apporté son soutien à tous les mouvements anticoloniaux à travers le monde, en Amérique latine, en Afrique et en Asie. La lutte pour l’émancipation humaine devait être globale et chaque progressiste devait lui apporter son concours.
La théorie révolutionnaire du « foco » du Che consiste à lancer une guerre de guérilla sans forcément attendre que toutes les conditions subjectives (organisation du peuple, syndicats puissants, prédisposition à la lutte) soient réunies pour cela. Les conditions objectives (misère, pauvreté, exploitation, oppression) étaient réunies partout. Le but est de déclencher, par cette guerre de guérilla, un soulèvement des masses. L’action de guérilla devait avoir lieu dans les campagnes. Le guevarisme est la rupture de l’ordre ancien par la lutte armée. Il se base sur l’anti-impérialisme et le marxisme. Selon lui, si les conditions objectives sont réunies, la guerre de guérilla peut créer les conditions subjectives pour renverser l’ordre établi et édifier une société socialiste.

Que signifiait l’appel du Che « créer deux, trois… plusieurs Vietnam » ?

Pour le Che, la solidarité avec la lutte du peuple vietnamien pour la liberté, aux prises avec l’impitoyable impérialisme étasunien, devait être la priorité de tous les révolutionnaires. Le Vietnam menait la bataille la plus rude contre les Etats-Unis. Pour affaiblir l’impérialisme, il fallait ouvrir des mouvements de lutte armée dans tout le Tiers-monde et contraindre ainsi l’ennemi à diviser ses forces.

Quel était le pacte moral entre le Che et Fidel Castro ?

Lors de leur première rencontre au Mexique, le Che, en s’unissant à la troupe du Mouvement 26 Juillet, avait demandé à Fidel Castro de pouvoir quitter le groupe une fois le triomphe obtenu à Cuba, afin de lancer un mouvement révolutionnaire en Argentine. Fidel Castro était résolument opposé à un départ du Che car c’était un dirigeant central de la Révolution. Mais pour lui, la parole donnée était sacrée. Les conditions indispensables au lancement d’une lutte armée en Argentine n’étaient pas réunies et Fidel Castro ne souhaitait pas risquer inutilement la vie du Che.

En attendant de créer ces conditions, Fidel Castro propose au Che d’aller au Congo où existe un mouvement révolutionnaire. L’histoire est connue et relatée dans le journal du Che au Congo : c’est un échec cuisant en raison du manque de discipline des combattants et de la conduite des chefs qui préféraient vivre dans le luxe de la capitale au lieu d’affronter les inclémences de la guérilla à la tête de leurs hommes.

En 1965, Fidel Castro rendit publique la lettre d’adieu du Che, car de nombreuses rumeurs circulaient à son sujet. Après l’échec du Congo, Fidel lui proposa de rentrer se préparer à Cuba en vue de sa prochaine entreprise en Bolivie. Après de maints efforts, il parvint à convaincre le Che de retourner à La Havane, car ce dernier était réticent à l’idée de réapparaître à Cuba après la lecture de sa lettre d’adieu. Il revint secrètement à Cuba dissimulant son visage sous un déguisement qui se révèlera très efficace.

Salim Lamrani

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule Fidel Castro, héros des déshérités, Paris, Editions Estrella, 2016. Préface d’Ignacio Ramonet.

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

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