Où sont passés les routiers et les serveurs bulgares ? Ils sont à l’étranger où, pour le même poste, les salaires peuvent être 3 à 4 fois supérieurs. Ce sont des Thaïlandais et des Indonésiens qui sont donc attendus pour travailler cette année sur les côtes de la Mer Noire...

Les entreprises bulgares sont prêtes à démarrer une importation massive de travailleurs étrangers. Depuis longtemps, les employeurs se plaignent du manque de spécialistes qualifiés en Bulgarie. On recherche des ingénieurs, des pilotes, des constructeurs de bateaux, des conducteurs de trains, des informaticiens. Dans le tourisme, le manque de serveurs, de cuisiniers et de femmes de chambre est fortement ressenti. La Chambre d’Industrie bulgare est prête à assurer des bourses de travail. Ce service est pour l’instant gratuit pour les entreprises.

« 1.700 postes à pourvoir dans l’hôtellerie »

Les barmen et les serveurs bulgares préfèrent travailler à l’étranger pour des salaires 3 à 4 fois plus élevés qu’en Bulgarie. Des travailleurs thaïlandais, indonésiens et bulgares de Bessarabie viendront cet été sauver la saison touristique sur les côtes de la Mer Noire. Ils compenseront le manque de candidats dans nos stations balnéaires.
Les investisseurs bulgares affirment que les employés étrangers sont plus qualifiés, plus expérimentés, et que les clients sont contents de leur service. En plus, les Asiatiques parlent parfaitement l’anglais et sont plus consciencieux que les Bulgares parce qu’ils savent que s’ils font une faute grave, ils rentreront dans leur pays avec leurs familles et qu’ils ne pourront pas gagner leur vie. « Ils acceptent d’être payés moins que les Bulgares », affirment certains patrons. Ils n’essayent ni d’escroquer leur employeur, ni de le voler.
Dans le même temps, les employés bulgares expérimentés préfèrent travailler à l’étranger pour des rémunérations 3 à 4 fois plus élevées. Le salaire mensuel moyen d’un serveur sur la Mer Noire en Bulgarie est de 250 lev environ (127 euros), à quoi s’ajoutent 4% du chiffre d’affaires. Officiellement, selon les statistiques, un serveur gagne entre 180 et 190 lev (97 euros).
Chaque année, sur les côtes bulgares de la Mer Noire, travaillent au moins 7.000 employés. Les barmen, les cuisiniers, les réceptionnistes et les animateurs qualifiés sont toujours très recherchés. Les entrepreneurs ne payent pas très bien.
« Cette année, nous avons décidé d’embaucher des personnes d’origine bulgare venant de Moldavie, d’Ukraine, d’ex-Yougoslavie, de Macédoine et de Roumanie », explique le chef de l’Association bulgare de l’hôtellerie et de la restauration, Blagoi Ragin. « L’intérêt exprimé pour ce secteur et l’intérêt des écoles et des universités de ces pays est en constante augmentation », affirme-t-il.
A Dobritch, les membres de l’Association bulgare de l’hôtellerie et de la restauration ont demandé au Ministre des Affaires sociales, Emilia Maslarova, de légaliser les visas de travail des citoyens moldaves. « Dans la région, pour la saison 2007, il y a déjà 1.700 postes disponibles pour des serveurs, des cuisiniers, des femmes de chambre et des bagagistes », a déclaré Dimitar Dimitrov, le chef da la structure régionale.

Les routiers se font rares

Le manque de personnel touche également les chauffeurs routiers. « Nous avons les meilleurs chauffeurs d’Europe, mais ils fuient à l’étranger. Nous serons obligés d’embaucher des Turcs ou des Russes », affirment certains dirigeants de sociétés de transport. Selon eux, des employés venant des pays hors de l’UE leur coûteront moins cher. Cependant, les transporteurs craignent une dégradation de la qualité du travail. « Nos chauffeurs sont les meilleurs et les plus résistants. Avec seulement 2 chauffeurs bulgares, une société de transport peut faire 15.000 km par mois », affirme Dimitar Nikolov, Directeur commercial de la SOMAT, la Société Bulgare de Transport Automobile International. Selon lui, un tel kilométrage pourrait difficilement être atteint par des Tchèques, des Slovaques ou des Hongrois. « Le Bulgare serre les dents et conduit en risquant même de transgresser les lois », expliquent les experts. Après les camions, ce seront bientôt les trains bulgares qui manqueront de conducteurs.

Augmenter les salaires pour stopper l’hémorragie

Les entreprises ne manquent pas seulement d’ouvriers, mais aussi de managers. La Chambre d’Industrie bulgare avertit les employeurs que, sans hausses des salaires, ils perdront leurs cadres.
Après l’adhésion de la Bulgarie à l’UE, les possibilités de fuite des cerveaux vers l’étranger se sont multipliées. Pour garder leurs cadres, les entreprises de pointes devront payer plus d’impôts et de charges, mais aussi augmenter considérablement les rémunérations. Néanmoins, puisque leurs dépenses augmenteront drastiquement, elles essayeront d’économiser sur les salaires.
Selon les économistes, la différence de rémunérations entre le travail qualifié et le travail non qualifié grandit. Cela signifie que dans l’avenir, un “garçon à tout faire” coûtera beaucoup moins cher qu’aujourd’hui et que le retour sur investissement pour l’éducation sera beaucoup plus rapide.

Natalia Malcheva,
Virginia Georgieva et
Ivailo Velkov

Traduit par Didalia Papakonstantinou

(Sources : Le Courrier des Balkans)