Des tensions en période de crise économique

Chine-Europe : vers une guerre commerciale ?

2 août 2012, par Céline Tabou

Les relations entre la Chine et l’Europe sont devenues indispensables ces dernières années. Toutefois, les échanges économiques et financiers sont des sujets de tensions, qui devraient perdurer avec la conjoncture économique internationale.

Lors du pic de la crise de la dette souveraine en 2011, la Chine est apparue comme l’un des « sauveurs » possibles de la zone euro, à travers un renflouement possible des fonds européens, mais l’échec des négociations a conduit à un retrait de la Chine. Mais l’Empire du Milieu investit massivement dans le Vieux continent, notamment dans les secteurs des NTIC, matière première, textile et l’industrie. Depuis le début de l’année, la commission européenne a annoncé plusieurs mesures destinées à restreindre l’accès des entreprises chinoises au marché européen.

Contrer la seconde puissance économique mondiale

L’accès au marché chinois reste difficile pour les entreprises européennes, c’est pour cette raison que la Commission européenne au commerce tente de mettre en place des textes juridiques et des lois visant à empêcher la Chine de bloquer ses entreprises au sein du marché. Il s’agit en premier lieu d’éviter aux entreprises chinoises de candidater aux offres publiques européennes. Si l’Europe ferme ses marchés publics aux entreprises ne respectant pas "les règles du jeu", dont la Chine, les autorités chinoises pourraient, selon Françoise Nicolas, de l’Institut français des relations internationales, prendre cela comme « une déclaration de guerre », car « contrairement à ce que l’on peut penser, ils ont encore plus besoin de nous que nous d’eux ».
La stratégie du bras de fer entre les deux parties porte pour l’un sur sa volonté d’intégrer des marchés concernant plus de 1.390 million de Chinois et pour le second « l’arrêt des restrictions sur les importations d’armes, en vigueur depuis Tien Anmen, des concessions sur la protection intellectuelle, pour favoriser les transferts technologiques et l’octroi du statut d’économie de marché, qui les protégerait de poursuites devant l’OMC pour plusieurs infractions au libre commerce », a expliqué à “Libération”, le député européen Vert, Philippe Lamberts, membre de la Commission des Affaires économiques.
D’après Françoise Nicolas, « les chances pour que la Chine accepte d’ouvrir ses marchés publics aux étrangers sont infimes. De plus, les négociations qui se déroulent à l’OMC pour leur ouverture ne se concentrent que sur ceux émis au niveau gouvernemental. Rien n’est dit sur le niveau local, qui représenterait pourtant beaucoup plus d’opportunités pour nos entreprises ». De plus, il y a peu de chance pour que les Européens soient prêts à actionner ces levers l’embargo sur les armes, car pour l’instant, les mesures de rétorsion et les procédures devant l’OMC devraient continuer de prévaloir.

Une réciprocité complexe

L’Europe appelle la Chine à l’application du principe de « réciprocité » ou contrat « gagnant-gagnant » dans les échanges commerciaux. Les dirigeants européens contestent les pratiques chinoises notamment législatives et le monopole des entreprises d’État sur le marché chinois qui entrent frontalement en concurrence avec les entreprises européennes sur place. Mais a contrario, l’Europe tente de protéger son marché intérieur des entreprises chinoises, qui parviennent à produire à moindre coût et plus rapidement. En janvier 2012, Karel De Gucht, commissaire au commerce de l’UE, a annoncé le travail réalisé autour d’un projet de loi qui pourrait interdire l’accès des entreprises chinoises aux lucratifs marchés publics de l’UE dès mars, si la Chine ne s’ouvre pas son marché. Karel De Gucht a pointé du doigt une série de « pratiques commerciales nationalistes », telles que les « subventions massives » et la « volonté de garder un monopole sur les matières premières ».
De leurs côtés, les institutions internationales, dont l’Organisation mondiale du commerce, ont donné raison aux États-Unis et à certaines entreprises européennes qui ont attaqué la Chine pour antidumping. L’OMC a condamné les restrictions imposées par Pékin à l’exportation de matières premières utilisées dans de nombreux domaines, tels que les équipements médicaux aux CD, le secteur automobile, les réfrigérateurs, la métallurgie non ferreuse et les batteries de voitures.
Pour François Lemoine du Centre d’études prospectives et d’informations internationales, ces tensions donnent « l’impression d’une petite guérilla entre la Chine et l’UE. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, l’Europe a toujours cherché à prendre des mesures pour restreindre les importations chinoises. Ce qui l’est plus, c’est que Pékin réagit aussi, avec la même méthode. Dans la conjoncture économique actuelle et à venir, il faut s’attendre à une augmentation des conflits commerciaux. Le marché mondial est moins dynamique et la Chine souhaite maintenir la croissance de ses exportations ».

Céline Tabou


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus