Crise en Europe

Chypre attend son plan de sauvetage

12 avril 2013, par Céline Tabou

Plan de sauvetage ou plan d’austérité, Chypre est dans expectative. L’île aurait besoin de 23 milliards d’euros pour éviter la faillite, soit 6 milliards de plus que prévu par le mémorandum de novembre d’environ 17,5 milliards de financements.

D’après les économistes, l’économie chypriote va subir des coupes drastiques dans le secteur bancaire, pour pouvoir répondre aux exigences de la troïka. En effet, la banque Centrale Européenne (BCE), le Fonds Monétaire International (FMI) et l’Union Européenne (UE) ont imposé des conditions en échange d’une aide de 10 milliards d’euros.

Cependant, la situation économique du pays pourrait s’aggraver, le PIB de l’île devrait se contracter d’environ 12,5% en 2013 et en 2014. Celui-ci devrait également être affecté par la restructuration du secteur bancaire, « secteur qui pèse très lourd dans l’économie du pays », a noté “Le Monde”.

13 milliards d’économies à trouver

Le mémorandum prévu entre Chypre et ses créanciers, prévoyait environ 17,5 mds de financements nécessaires, celui-ci est passé à 23 milliards. Le porte-parole du gouvernement Christos Stylianides a affirmé jeudi 11 avril que la dette du pays avait été revue à la hausse, soit 23 milliards d’euros. Aujourd’hui, la dette est répartie entre la troïka et les Chypriotes eux-mêmes, 10 milliards (9 de la zone euro et 1 du FMI) seront alloués sous condition et 13 autres, seront à la charge des citoyens. Le pays doit trouver 13 mds, soit plus de 75% du PIB.

D’après les économistes, la majeure partie de ces 13 milliards viendra de la restructuration du secteur bancaire. Une taxation est prévue sur les plus gros créanciers, y compris les déposants, à hauteur de 10,6 milliards d’euros au lieu des 5,8 milliards annoncés au départ. Le reste des économiques sera fait sur des privatisations, de la vente de réserves d’or excédentaires et des réformes austères dont une hausse des impôts de 600 millions d’euros, une baisse du nombre de fonctionnaires et la vente de réserves d’or excédentaires pour 400 millions.

D’après le rapport de la troïka, si la situation s’aggrave, Nicosie « s’est engagé à prendre des mesures supplémentaires pour atteindre les objectifs définis dans le cadre du programme d’aide ». Pour Jonathan Loynes, analyste de Capital Economics, cité par “Le Monde”, « l’augmentation spectaculaire de la taille du programme souligne la profondeur des problèmes auxquels est confronté le pays, et pose de nouvelles questions sur l’impact de futurs sauvetages dans la zone euro sur les déposants et les créanciers ». Les autorités chypriotes ont déjà annoncé qu’elle pourrait manquer de moyen pour payer ses fonctionnaires et les retraites en avril, soit de 75 millions d’euros. Cette situation pourrait se retrouver en Slovénie, où le pays rencontre des difficultés bancaires, en raison d’actifs pourris.

Les secteurs bancaires pointés du doigt

Contrainte de réformer son secteur bancaire, la Slovénie est aussi touchée par une crise bancaire. Cependant, pour Alenka Bratusek, chef du gouvernement, le pays était « capable de s’en sortir tout seul ! ». Quinze jours plus tard après les élections, la nouvelle première ministre de centre-gauche a réaffirmé sa priorité de « résoudre le problème bancaire (...) qui est le problème numéro un en Slovénie ». L’Etat a mis en place en juin, une « bad bank », c’est-à-dire une structure rassemblant les actifs bancaires toxiques. La Slovénie possède des créances douteuses estimées à 7 milliards d’euros par le Fonds monétaire international (FMI), soit l’équivalent de 20% du PIB. Le fond a également évalué à un milliard d’euros le besoin de recapitalisation des trois principales banques du pays.

Dans un rapport, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a appelé le Ljublana d’assainir d’urgence son secteur bancaire, à travers des mesures radicales, bien que pour le moment, le pays n’ait pas besoin de plan de sauvetage. La crise bancaire inquiète les États membres de la zone euro, ces derniers craignent une contagion, car Chypre est devenue le cinquième pays de l’union monétaire à bénéficier d’une aide internationale.

Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a rappelé que malgré les « inquiétudes » vis-à-vis de la Slovénie, « la situation est complètement différente, la taille des banques par rapport à l’ensemble de l’économie n’est pas la même et le modèle financier est différent ». Cependant, pour Éric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil en stratégie opérationnelle Weave et spécialiste du secteur bancaire, cité par Le Monde , « la zone euro est en train de se rendre compte que les actifs bancaires représentent une part tellement importante – 3,6 fois le PIB européen en moyenne – que cela met en doute la capacité des États membres à renflouer et assainir leur système bancaire ».

Céline Tabou


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