Médecin au Panama depuis 35 ans

Claude Vergès-Lopez décorée de la Légion d’Honneur

14 mars 2009

Fille aînée de Laurence et Paul Vergès, Claude est docteure en médecine, pédiatre et pneumologue, docteure en éducation au Panama. Elle est également titulaire d’une maîtrise en Bioéthique, chef d’Enseignement.
Elle est aussi présidente du Comité d’éthique à l’Hôpital Del Nino et professeure d’éthique médicale et de bioéthique à la Faculté de Médecine de l’Université de Panama. Enfin, elle est médecin agréé et membre des Commissions des bourses scolaires et de l’aide Sociale à l’Ambassade de France au Panama depuis 22 ans.
Ce sont toutes ces implications dans la vie médicale et sociale de ce pays qui ont valu à cette Réunionnaise de recevoir en décembre dernier la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur de la part de l’ambassadeur de France à Panama.

Sous le titre « En honneur de la Science », "La Prensa", quotidien panaméen, a publié dans son édition du 9 janvier dernier un article sur Claude Vergès-Lopez, à l’occasion de la remise de cette décoration. Le journal rapporte que pour elle, « cet honneur se traduit dans la lutte du médecin pour la santé, dans son soutien sans préjugés aux personnes malades et dans la compréhension des étudiants ». C’est ainsi qu’elle a commencé son discours en recevant la Légion d’Honneur de la part du gouvernement français représenté par l’ambassadeur de France à Panama, Pierre Guignard.
Celui-ci a rappelé que cette décoration est donnée aux personnes qui ont une activité spécifique depuis plus de 20 ans et ont obtenu des résultats positifs pour la France. Claude Vergès-Lopez travaille depuis ce temps comme médecin de l’ambassade de France, ce qui lui a permis d’aider plusieurs malades français et de participer à plusieurs actions pour les Français résidant à Panama ou y faisant escale.

Diversité culturelle

"La Prensa" rappelle que Claude Vergès-Lopez est arrivée à Tierra Canalera, au Panama, en 1968, depuis l’Ile de La Réunion en passant par Moscou, où elle a fait ses études de médecine après son Bac en 1966 à Juliette Dodu et une prépa de médecine à Paris. À Moscou, elle a connu son mari, le médecin panaméen Edmundo Lopez Calzadilla. « Il a été d’abord à La Réunion, dans l’Océan Indien, pour connaître mes parents et ensuite je suis venue à Panama pour voir comment ça marcherait et je suis restée », raconte Claude, qui vit donc dans ce pays depuis 1974.
Est-ce que le changement a été dur ? « Non, répond-elle à "La Prensa", parce qu’à La Réunion il y a beaucoup de métissage, les gens sont venus de Madagascar, d’Europe, d’Afrique, de l’Inde, de Chine etc. La diversité culturelle ne lui était pas inconnue ».
À cette époque, affirme-t-elle, Panama avait besoin de médecins et il n’a pas été difficile de trouver du travail. « Je parlais espagnol, mais je ne comprenais pas beaucoup. J’ai demandé de rester un mois pour bavarder avec les personnes qui venaient à l’Hôpital Saint-Thomas, un hôpital public universitaire. Je cherchais les gens de la campagne et les afro-panaméens, avec eux je parlais de tout. Ils m’ont beaucoup aidé à comprendre la langue et les expressions locales ».

Médecine préventive et santé publique

Durant sa première année d’Internat à l’Hôpital Santo Thomas et la deuxième à l’hôpital d’Aguadulce, à la campagne, où l’on cultive la canne à sucre, elle s’est sentie attirée par la pédiatrie, bien qu’elle aimait aussi d’autres spécialités, comme tous les jeunes médecins.
Le docteur José Renan Esquivel était directeur de l’hôpital d’enfants. Claude Vergès-Lopez a passé le concours de résidence (équivalent à l’internat en France) dans cette institution. Quand son mari, qui était résident à l’Hôpital Santo Thomas a voyagé à Moscou, elle l’a accompagné et en a profité pour faire une spécialisation en pneumologie pédiatrique.
Au retour, elle a eu un poste à l’hôpital d’enfants et depuis 1982 elle y travaille. Actuellement, elle est le chef de l’Enseignement à l’hôpital.
Elle raconte qu’elle a trouvé à Panama un grand professeur, le docteur José Renan Esquivel, défenseur d’un système intégré de santé, qui a établi des programmes de médecine préventive et de santé publique.
« J’ai rencontré des personnes avec lesquelles j’ai mené des luttes comme militante en faveur des droits des femmes, des droits des Indiens et j’ai participé aux actions pour le retour du canal au Panama par le traité Torrijos-Carter », raconte Claude Vergès-Lopez.

Recherche sociale

Pour un médecin, dit-elle, le plus difficile se présente « quand on se rend compte que la science ne peut pas encore corriger certaines pathologies ». C’est pour cela qu’elle pense que la recherche scientifique fait partie du travail du médecin.
Elle ajoute : « Personnellement, je préfère la recherche sociale sur l’influence de l’environnement socio-économique, culturel et écologique sur les malades. Dans la formation des résidents de l’Hôpital de l’Enfant, nous essayons de développer la recherche médicale clinique ».
Elle a étudié les droits humains et la bioéthique, discipline qui a surgi de la nécessité d’analyser les situations, les problèmes et les dilemmes créés par la science et la technologie. Comme l’analyse des transformations de la science et de ses effets sur le plan social, économique et politique.
« Comme médecin et comme scientifique, nous ne pouvons pas aller plus loin que certaines limites, parce que les circonstances qui entourent nos malades quand ils retournent chez eux sont pénibles. Nous soignons une population doublement vulnérable. D’abord parce que ce sont des enfants dépendant des adultes, et ensuite parce qu’ils sont pauvres, d’origine indienne ou parce qu’ils doivent coexister avec la violence », reconnaît-elle.
« Tous les cas sont un défi. Non seulement il faut traiter le problème aigu qui a emmené l’enfant à l’hôpital, mais il faut aussi penser comment diminuer l’impact de cette situation difficile où il se trouve. Depuis l’hôpital d’enfants, nous rencontrons des limites à notre travail et c’est pour cela que, pour moi, le travail de l’hôpital continue dans d’autres activités d’appui avec des organisations non-gouvernementales où nous pouvons aider à travers l’éducation. La société qui n’a pas conscience de ses droits et de ses possibilités ne peut pas se défendre et ne peut pas avancer ».

Une militante

Actuellement, Claude Vergès-Lopez est membre du Comité directeur de l’Alliance Française. Elle participe aussi à l’Alliance des Femmes pour le Droit à l’Éducation et à la Santé. « Je trouve que le rejet de la loi sur la santé sexuelle et reproductive a été lamentable, un coup à la démocratie et au droit à l’éducation et à la santé », commente-t-elle.
D’autre part, elle a travaillé avec des groupes de femmes indiennes sur les thèmes de l’éducation et la santé, « pour qu’elles soient conscientes de leurs droits ».
À l’hôpital de l’Enfant, elle s’est impliquée dans la rénovation de la salle de jeux. Avec l`appui du directeur, elle a obtenu en 2003 que la Fondation Ronald McDonald transforme cet espace en une bibliothèque avec ordinateurs, une salle de classe et une salle de jeux pour les enfants malades en hospitalisation prolongée. En 2007, le Ministère de l’Éducation a signé un accord et a nommé une institutrice polyvalente.
La même année, elle a travaillé à la rénovation de la bibliothèque médicale avec la Fondation Cable & Wireless.

Une famille voyageuse

Dans la famille de Claude Vergès-Lopez, il y a une tradition de migration et ses parents ne sont pas opposés à son installation au Panama. « La famille de mon grand-père paternel venait de Catalogne et de Bretagne, et ma grand-mère était Vietnamienne. Ma mère est venue de France à La Réunion », rappelle Claude.
"La Prensa" signale qu’« elle a toujours ses parents, son frère et sa sœur, ses neveux et nièces dans l’île et elle essaie de voyager tous les ans ou deux ans mais ce n’est pas facile de traverser l’Atlantique ».
Sa fille, Sandra Lopez, est biologiste et scientifique aux États-Unis. Elle étudie un post-doctorat à l’Université de San Francisco.
« Après 34 ans de mariage avec le docteur Edmundo Lopez Caizadilla et la même quantité d’années à Panama, Claude Vergès-Lopez a toujours plaisir à connaître les gens », conclut "La Prensa".

Spécial 50 ans du PCR

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Madame claude Verges si je ne me trompe pas a commencé la Medecine en France 1966 -1967
    avant de partir pour la Russie
    elle a vécu en cité universitaire d Orsay
    Ceci pour completer sa biographie

  • J’ai lu avec bravoure et beaucoup de plaisir votre brillant passage en médecine et vos mérites j’en suis fière et très flattée.

    Je suis une jeune étudiante en 3e année de médecine, je m’appelle Koungou Alembe Emerlinda, de nationalité camerounaise, âgée de 25 ans, issue d’une famille de 7 filles, je voudrais que vous me veniez en aide, au secours si je pouvais me spécialiser au Panama afin d’avoir une très bonne formation en médecine.

    J’attends avec beaucoup de plaisir et de patience votre réponse.

    Merci d’avance pour tout ce que vous ferez pour moi.

    Respectueuses salutations


Témoignages - 80e année


+ Lus

L’Europe se réarme

12 mars

L’Union européenne doit augmenter significativement ses dépenses d’armement, a affirmé mardi à Strasbourg la présidente de la Commission (…)