Sous le signe de la Palestine et du Printemps arabe

Clôture du 12ème Forum social mondial de Tunis

3 avril 2013, par Céline Tabou

Le Forum social mondial de Tunis a clôturé ses portes le 30 mars, après cinq jours de débats autour l’ordre économique international, des luttes menées dans le monde, notamment en Palestine, et de l’émancipation des femmes. Ce rassemblement annuel de la gauche internationale et des forces de progrès a été placé sous le signe de la Palestine et du Printemps arabe.

Pendant cinq jours, près de 30.000 personnes se sont rencontrées autour de 1.000 ateliers sur une multitude de thèmes, parmi lesquels les processus révolutionnaires, les guerres civiles, la migration, la marginalisation, la condition des femmes et l’islam politique.

Une marche pour la Palestine

Les Tunisiens, pays hôte, ont évoqué les difficultés sociales et économiques auxquelles ils font face, ainsi que l’émergence de l’extrémisme. Ces derniers ont porté lors de la marche des portraits de l’activiste Chokri Belaïd assassiné le 6 février, entrainant des violences et plongeant la Tunisie dans une crise politique.

Près de 15.000 personnes ont participé à une marche festive clôturant ce 12ème forum. « Terre, liberté, dignité », « Libérez Gaza », ou encore « Non à l’occupation », ont scandé les manifestants dans une marche dédiée à la “Journée de la terre”. Celle-ci commémore chaque 30 mars la mort, en 1976, de six Arabes-Israéliens lors de manifestations contre la confiscation de leurs terrains par Israël, a indiqué l’Agence France Presse. En effet, d’après David Heap de l’ONG GazaArk, « nous marchons pour faire respecter les droits des Palestiniens à la libre circulation, par terre et mer, contre le blocus imposé à la bande de Gaza ».

Le député et chef de la délégation du Hezbollah chiite, Ali Fayadh, a expliqué à l’AFP que ce forum était principalement consacré à une « question fondamentale, en l’occurrence la cause palestinienne ». Parmi les points de contestation, les relations entre Israël et les États arabes établies ces dernières années. Lors de la marche, des portraits de dirigeants palestiniens assassinés, des étendards noirs des salafistes tunisiens ou rouges de l’extrême gauche ont été mis en avant par les manifestants qui ont dénoncé la normalisation de ces relations israélo-arabes.

Des enjeux cruciaux pour le monde

Douzième édition, le forum était consacré cette année à l’évolution de la situation mondiale et la manière de renforcer le processus au service des mouvements sociaux et citoyens, de leurs mobilisations, de leurs luttes et des alternatives qu’ils portent. Dans un contexte de crise économique et sociale, le Forum social mondial a eu la tâche de penser un nouveau modèle de développement — tout en préservant les spécificités de chaque nation — en rupture avec le modèle capitaliste actuel, qui « a atteint ses limites ».

« Malgré la profondeur de la crise, la bourgeoisie financière reste encore au pouvoir et la logique dominante reste celle de la financiarisation. Mais la mondialisation est en train d’évoluer et ses contradictions augmentent », a expliqué Gustave Massiah, représentant du Centre de recherche et d’information pour le développement au Conseil International du FSM. Ce dernier a d’ailleurs expliqué que la mondialisation se traduisait par « une différenciation des situations suivant les régions du monde, une sorte de dérive des continents. Chaque grande région évolue avec des dynamiques propres et l’évolution des mouvements sociaux cherche à s’adapter à ces nouvelles situations. Cette évolution modifie les conditions de la convergence des mouvements ».

Pour les organisateurs et participants du FSM, l’important est d’unir les luttes sociales mettant en avant : la justice sociale, le refus de la misère, des inégalités, de la corruption ; la revendication de systèmes démocratiques qui garantissent les libertés individuelles et collectives, la dignité de chacun ; les contradictions géopolitiques liées à l’hégémonie occidentale et les contradictions écologiques de plus en plus sensibles.

Céline Tabou

Extrait de la déclaration de la Dynamique Femmes Internationales à l’assemblée des mouvements sociaux du FSM

« Le statut des femmes devient un enjeu politique majeur pour les sociétés et les institutions par l’instauration d’une violence quotidienne pour exclure les femmes de l’espace public ; ces politiques rétrogrades s’inscrivent dans les mêmes politiques économiques néolibérales qui instaurent l’austérité partout dans le monde.

Actuellement, les femmes sont les premières touchées par le recul des droits économiques et sociaux et par la précarité généralisée. Nous, femmes, femmes d’associations et féministes, nous déclarons :

- notre attachement indéfectible à l’universalité des droits fondamentaux des femmes ;

- notre volonté que la CEDAW* ratifiée soit la base de la constitutionnalisation des droits des femmes, en particulier dans les pays arabes

- notre droit à bénéficier des richesses mondiales (l’eau, la possession de la terre, les richesses minières…)

- notre détermination à lutter contre toutes les formes de violence faites aux femmes (viols, harcèlements sexuels…)

- notre exigence à la protection des femmes réfugiées dans les zones de conflits, victimes de la traite et de l’exploitation sexuelle

Nous femmes, nous demandons au Conseil international des FSM,

- l’inclusion de l’assemblée des femmes dans le programme officiel des FSM ;

- le renforcement de la présence d’associations féministes dans la composition du Conseil international en diversifiant leur représentation ;

- la mise en œuvre d’une réelle volonté et des moyens permettant d’impulser une véritable parité, tant dans la composition du Conseil international que dans l’organisation transversale des débats ;

- que l’attribution des fonds de solidarité prenne en compte la composante femmes ;

- la mise en place effective d’un réseau international de solidarité avec les femmes tunisiennes en lutte pour leurs droits fondamentaux. »

- Convention on the Elimination of Discrimination against Women ( Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes)

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