Comment nourrir 9 milliards d’habitants de façon durable en 2050 ?

9 juin 2008, par Sophie Périabe

Le colloque du mardi 3 juin 2008, organisé à l’initiative de l’Inra et du Cirad, à Paris, a rassemblé des partenaires de 50 pays pour éclairer les enjeux et les priorités de la recherche agronomique mondiale. Ce colloque a permis d’éclairer le besoin en investissement financier et intellectuel dans le domaine agricole. Les conclusions des débats ont été transmises à la FAO pour contribuer aux travaux qui se sont déroulés à Rome.

Au cours de ce colloque, les premiers résultats de la prospective Agrimonde ont montré qu’il est possible de répondre au défi de nourrir 9 milliards d’individus de façon durable à l’horizon 2050, à plusieurs conditions :
• diminution des pertes à tous les niveaux : champs, stockage, transport, transformation, distribution, consommation ; inflexion des tendances d’évolution des consommations alimentaires, notamment dans la relation qui associe hausse des revenus et croissance des consommations.
• investissement dans la recherche, la recherche-développement et dans la formation, pour augmenter les rendements, et pour concevoir et diffuser des systèmes de production agricole compatibles avec la préservation des écosystèmes et robustes face aux changements climatiques,
• investissements dans les infrastructures suffisantes et régulation des échanges qui resteront indispensables, car certaines zones resteront déficitaires.

Pour une sécurité alimentaire et une agriculture durable et solidaire

Alors que les chefs d’Etat se sont réunis cette semaine à Rome en sommet mondial sur la sécurité alimentaire, l’Inra et le Cirad avaient rassemblé des partenaires de toutes les régions du monde et de tous horizons (institutionnels, organismes de recherche ou de développement, acteurs socio-économique), afin de contribuer à mobiliser la communauté scientifique internationale et les divers porteurs d’enjeux concernés sur les priorités de la recherche en agriculture.
A l’issue de la journée placée sous le haut patronage de la FAO, l’Inra et le Cirad ont adressé à Rome les conclusions majeures de ce colloque qui proposent des orientations pour mobiliser plus efficacement la recherche agronomique internationale en faveur d’innovations pour des agricultures durables et solidaires.
Trois grands types d’actions ont été identifiés, afin que la recherche agronomique contribue, sur le long terme, à la résolution de la question de la sécurité alimentaire et au développement d’une agriculture durable et solidaire, pour une alimentation saine et une terre vivante :

- Identifier les questions communes de recherches, en réponse aux enjeux et besoins mondiaux.
Le Cirad et l’Inra ont lancé un exercice prospectif, Agrimonde, qui conjugue prospective qualitative et projection quantitative. C’est un outil de réflexion qui a aujourd’hui pris ses marques. « Notre proposition est d’ouvrir cet outil à une communauté internationale élargie, d’en faire un élément des plateformes internationales de discussion ».
Une deuxième proposition est de partager les réflexions sur l’intensification écologique qui apparaît comme incontournable pour répondre aux enjeux multiples. Il serait intéressant d’imaginer ensemble les modalités pour approfondir cette approche pour répondre aux défis de la crise alimentaire. L’appel du Commissaire Potočnik ce jour, à la création d’une coalition mondiale pour la recherche agronomique internationale ne pourrait-il pas se concrétiser sous cette forme ?

- Proposer des lieux de convergence entre tous les acteurs.
Des lieux où seront construits des outils communs facilitant les circuits d’information sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, des lieux où seront regroupées toutes les bases de données qui seront générées par les programmes de recherche, avec pour objectif de faciliter l’accès pour le bénéfice du plus grand nombre, y compris au Sud.
Enfin, des lieux qui seront aussi des plateformes de communication, des réseaux d’échange régionaux ; des plateformes de regroupement des acteurs d’un même secteur où sont définis des objectifs communs, favorisant à la fois la mutualisation et la spécialisation autour d’outils.

- Redécliner les processus de l’innovation pour faciliter l’appropriation.
Cela consiste à soutenir la recherche agronomique à la fois dans les pays du Sud, afin de garantir leur souveraineté scientifique, dans les pays des Nord, et au niveau international.
Il convient aussi d’associer recherche fondamentale et recherche appliquée, les savoirs du Nord et du Sud, pour aujourd’hui et pour les générations futures.
Enfin, l’Inra et le Cirad souhaitent donner à tous l’appétit de l’innovation et des sciences, afin de faire émerger une génération enthousiaste de futurs agronomes pour le Sud comme pour le Nord.

Pour mettre en place ces actions, le Cirad et l’Inra insistent sur la nécessité d’avoir un calendrier, un espace et des moyens publics, afin de réaliser un travail transparent et de collaboration au-delà des compétitions. Il est entendu que les instances et les plateformes de concertation existantes, notamment le Forum mondial de la recherche agricole, devront être utilisées dans la mise en œuvre de ces actions. Les politiques de recherche et de développement communautaires peuvent servir à cette fin. Le Cirad et l’Inra ont aussi besoin d’investissements spécifiques pour développer la recherche agronomique dans les pays du Sud comme dans ceux du Nord et pour assurer leur dialogue, a conclut le rapport.

SP

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