L’armée israélienne attaque des bateaux dans les eaux internationales

Condamnation d’un acte de piraterie

2 juin 2010, par Céline Tabou

Six flottilles internationales avec à son bord des militants pro-palestiniens, et de l’aide pour Gaza ont subit l’assaut des commandos de la marine israélienne, lundi 31 mai. Cette attaque a fait une dizaine de morts, et plusieurs blessés. La condamnation est quasi-unanime.

Alors que les navires humanitaires étaient encore en eau internationale, l’armée israélienne a pris d’assaut simultanément les six navires. Ces derniers étaient prévenus par radio dès dimanche soir, que l’entrée dans les eaux israéliennes ferait l’objet d’une intervention de la marine, car « ils se dirigeaient vers une zone militaire interdite », écrit Le Monde.

Montée des tensions entre Israël et la Turquie

Auparavant alliés stratégiques, Israël et la Turquie sont aujourd’hui en froid. En majorité d’origine Turc, 480 militants propalestiniens sur 686 ont été conduit dans une prison du sud d’Israël et les autres sont en cours de transfert vers la prison.
Venu ravitailler les Palestiniens cernés par un blocus imposé par Israël, la "Flottille pour la liberté" est dès à présent le sujet de tension entre la Turquie et Israël. En effet, le gouvernement turc de Recep Tayyip Erdogan est accusé par les autorités israéliennes de soutenir directement ce convoi humanitaire. De son côté, le gouvernement turc indique dans un communiqué que cet incident « constitue une violation claire de la loi internationale » (l’attaque s’est produite dans les eaux internationales, ndlr) pouvant entraîner « des conséquences irréparables sur les relations bilatérales ».
Cette attaque n’a pas eu les effets escomptés par Israël, déjà critiqué pour son blocus sur la Bande de Gaza, avec l’Egypte. Cet incident risque de perturber les pourparlers indirects entre les deux parties. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a décrété trois jours de deuil, en hommage à la dizaine de personnes décédées dans ce raid israélien. Ce dernier a également demandé une réunion au Conseil de sécurité des Nations Unies, et une rencontre entre les pays de la Ligue Arabe.

La communauté internationale s’indigne

Sur le plan international, l’assaut israélien soulève indignation et incompréhension. Catherine Ashton, Haute représentante pour les affaires extérieures de l’Union Européenne a demandé une « enquête complète » des autorités palestiniennes, sur le raid lancé contre la flottille internationale se dirigeant à Gaza.
Le Conseil de sécurité de l’ONU, s’est réuni en urgence mardi 1er juin et a également demandé une enquête « rapide et impartiale » sur les circonstances de cette attaque et ses conséquences. Les membres du Conseil ont également condamné « les actes qui ont résulté en la perte de (...) vies humaines et fait de nombreux blessés ». Lors de cette réunion d’urgence, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a accusé Israël de « terrorisme d’État ».
Plusieurs grandes villes du monde, au Moyen-Orient comme en Occident, notamment New York, Athènes, Le Caire, Amman (Jordanie), et Rome, ont vu des milliers de manifestants dénoncer l’assaut israélien.

Céline Tabou


Bateaux pour Gaza : un crime injustifiable

« L’assaut donné par les forces armées israéliennes à la flottille qui tentait de briser le blocus de Gaza a entraîné, parmi les militants volontaires, la mort d’une vingtaine de personnes et de nombreux blessés. Rien, absolument rien, ne peut justifier un tel déchaînement de violence à l’encontre de militants volontaires et de parlementaires qui apportaient aux Palestiniens de Gaza des biens de première nécessité.
Après avoir infligé aux habitants de Gaza un assaut meurtrier, les asphyxiant par un blocus inacceptable, les autorités israéliennes font à nouveau preuve du même mépris de la vie humaine.
Nous tenons d’abord à rendre hommage aux victimes qui ont perdu la vie et aux personnes blessées, alors qu’elles tentaient d’exprimer leur solidarité humanitaire au peuple palestinien emprisonné à Gaza.
Nous exprimons notre vive inquiétude quant au sort des personnes détenues en Israël, alors et surtout que les autorités israéliennes viennent de soumettre à la censure militaire toutes les informations sur ces événements. Nous exigeons leur mise en liberté immédiate, la restitution des bateaux arraisonnés et des marchandises qu’ils contenaient.
Nous demandons la constitution d’une commission d’enquête internationale sous l’égide du Conseil de sécurité des Nations unies.
Nous appelons le gouvernement français et l’Union européenne à exiger des autorités israéliennes, sous peine de sanctions, la fin immédiate du blocus de Gaza, et à soutenir les efforts pour mettre fin à l’impunité des autorités israéliennes. »

Pour la section de la Ligue des droits de l’Homme,
Axel Naillet, vice-président


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