Moyen-Orient

Condamnation unanime de l’attaque israélienne en Syrie

Attaque israélienne illégale en Syrie

7 octobre 2003

Le Conseil de sécurité a tenu dimanche après-midi un débat d’urgence auquel se sont associés, outre ses 15 membres, des représentants de nombreux pays arabes. Cette réunion a suivi l’escalade de la violence qui a marqué le Moyen-Orient le week-end dernier.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est réuni dimanche, il était saisi d’une lettre du représentant permanent de la République arabe syrienne précise un communiqué de presse, suite aux violations des espaces aériens syrien et libanais par l’aviation israélienne et l’attaque par missile que cette dernière a lancée en territoire syrien.
À cette occasion, la Syrie a soumis au Conseil un projet de résolution condamnant l’agression militaire menée par Israël le 5 octobre 2003. Les attaques israéliennes sont intervenues au lendemain de l’attentat terroriste ayant coûté la vie à Haïfa, de 19 civils israéliens, dont trois Arabes israéliens. La majorité des intervenants ont condamné l’attaque israélienne qu’ils ont définie comme une atteinte à la souveraineté territoriale syrienne et une grave violation du droit international, précisant que l’attentat d’Haïfa ne pouvait en aucune manière justifier cette opération militaire.
Répondant au Représentant permanent de la Syrie qui a qualifié l’attaque israélienne d’agression terroriste, le représentant permanent d’Israël a expliqué que cette attaque touchait un camp terroriste soutenu par Damas, un camp ou l’on apprend à tuer, à confectionner des bombes et commettre des attentats-suicide. Aucune paix ne peut aboutir tant que le terrorisme prospère, a-t-il ajouté, en demandant au Conseil de sécurité d’aider les victimes du terrorisme et non ses parrains.

37 résolutions jamais appliquées

L’Observateur permanent de la Ligue des États arabes a demandé au Conseil de sécurité d’examiner la situation au Moyen-Orient sous l’optique de l’Article 7 de la Charte des Nations Unies. Il a invité le Conseil à tout mettre en œuvre pour qu’Israël ne soit plus au-dessus du droit international, en rappelant que 37 résolutions des Nations Unies n’ont jamais été appliquées par Israël. De son côté, le représentant des États-Unis, a rappelé que la Syrie était du mauvais côté de la guerre contre le terrorisme en précisant que le soutien apporté par Damas à des organisations terroristes était inacceptable.
Dans l’ensemble, tout en dénonçant l’attentat terroriste d’Haïfa, les délégations se sont vivement inquiétées de la dégradation de la situation au Moyen-Orient, en exhortant les parties concernées à briser le cercle des représailles et de la violence. Dans ce contexte, elles ont précisé que la seule solution à ce différend résidait dans l’application de la Feuille de route.
Par ailleurs, le représentant de la France, rappelant la responsabilité de tous de ne pas ajouter à l’instabilité et à la tension, a estimé que la lutte contre le terrorisme devait s’exercer dans le respect du droit international. Dans le même ordre d’idées, le représentant du Mexique a invité Israël à canaliser son indignation par des voies prévues par les Nations Unies, et tout particulièrement par le Conseil de sécurité.
Au terme de ce débat, les membres du Conseil de sécurité sont retournés en consultations pour poursuivre l’examen de cette question. Outre les intervenants cités, sont également intervenus les représentants des pays suivants : Pakistan, Espagne, Chine, Royaume-Uni, Fédération de Russie, Allemagne, Bulgarie, Chili, Angola, Guinée, Cameroun, Liban, Algérie, Maroc, Jordanie, Egypte, Tunisie, Koweit, Arabie saoudite, Cuba, République islamique d’Iran, Bahreïn, Jamahiriya arabe libyenne, Yémen, Qatar, Soudan et l’Observateur de la Palestine.

Morceaux choisis
Nous publions ci-dessous le compte-rendu des différentes interventions des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU à l’occasion de sa réunion dimanche sur l’attaque israélienne en Syrie.

- Stratégie de la tension

Fayssal Mekdad (Syrie), donnant lecture de la lettre adressée par le ministre des Affaires étrangères de son pays au secrétaire général et au président du Conseil de sécurité, a déclaré que les forces aériennes israéliennes ont violé le 5 octobre, l’espace aérien de la Syrie et du Liban en attaquant une localité syrienne située au Nord-Ouest de la capitale, Damas. Il a défini cette agression comme une atteinte grave au droit international, entraînant ainsi une exacerbation de la situation au Moyen-Orient. Il a souhaité que le Conseil de sécurité examine cette situation et prenne des mesures interdisant à Israël toute action et comportement agressifs et menaçants contre la Syrie. Cette situation, a-t-il estimé, montre à quel point le gouvernement d’Israël est belliqueux. « Parce que la Syrie n’est pas en mesure de créer une dissuasion pour forcer Israël à changer d’attitude, nous considérons que le Conseil de sécurité est la tribune la plus importante pour contrecarrer ce danger qui menace la paix et la sécurité internationales avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer pour la région », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, il s’est dit satisfait de la déclaration du secrétaire général Kofi Annan qui a vivement déploré l’agression israélienne en exprimant sa vive préoccupation de l’escalade de violence ainsi créée. Selon le délégué syrien, l’attaque israélienne fait partie d’une stratégie visant à accentuer les tensions dans la région à un moment ou la communauté internationale réalise des efforts immenses pour obtenir la paix et la stabilité dans la région.
Il s’est demandé « jusqu’à quand Israël restera persuadé d’être la victime alors qu’il continue d’occuper par la force un territoire qui n’est pas le sien en refusant de s’asseoir à la table des négociations ». Il s’est dit surpris par le fait qu’Israël puisse continuer de violer les accords internationaux en donnant l’impression d’être au-dessus des lois et des résolutions du Conseil de sécurité. Dans ce contexte, il a formé le vœu que les États membres abordent le problème de la légalité et du respect des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité. S’agissant du projet de résolution présenté, il a déclaré que celui-ci traduisait la position habituellement arrêtée par le Conseil de sécurité face à toute menace ou attaque.

- Appel à la retenue

M. Guangya Wang (Chine) a dénoncé l’attaque terroriste qui a frappé un restaurant à Haïfa et qui a porté selon lui gravement atteinte au processus de paix. Il a lancé un appel à la retenue pour que toutes les parties renoncent à la violence. Dans ce contexte, il a également estimé que l’attaque israélienne en territoire syrien était contraire au droit international et minait le processus de paix en cours.

- Violation inacceptable du droit international

Jean-Marc de la Sablière (France) s’est dit très préoccupé par l’escalade de la violence au Moyen-Orient ces derniers jours. Il a condamné la violence d’où qu’elle vienne. Car la violence tue des innocents et assombrit l’avenir. Il a déclaré d’autre part que l’opération israélienne constitue une violation inacceptable du droit international. Il a estimé qu’il était de la responsabilité de tous de ne pas ajouter à l’instabilité et à la tension. Tous les actes terroristes sont condamnables. « La lutte contre le terrorisme doit s’exercer dans le respect du droit international », a-t-il ajouté, estimant qu’« il ne peut y avoir de sécurité durable sans paix et la paix peut seulement être l’aboutissement de la négociation, elle ne peut résulter de l’usage des armes ». « Il est essentiel de préserver les chances offertes par la Feuille de route qui prend également en compte les volets syrien et libanais », a-t-il ajouté.

- « Israël est entièrement responsable »

Yahya Mehmasani, Observateur de la Ligue des États arabes, a déclaré que la Ligue a tenu une réunion d’urgence de ses membres suite à l’attaque israélienne contre le territoire syrien. Le Conseil de la Ligue des États arabes a estimé que cette attaque constitue une escalade qui menace la paix et la sécurité internationales. « Nous demandons au Conseil de sécurité d’examiner la situation au Moyen-Orient et d’agir dans le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies », a-t-il poursuivi, « Israël est entièrement responsable de toutes les conséquences qui pourraient découler de cette agression ». Par ailleurs, il a déclaré que le Conseil de la Ligue demande au Conseil de sécurité d’empêcher Israël de poursuivre ses actions provocatrices et de mettre fin au terrorisme d’État. « Les mesures israéliennes contre les peuples de la Palestine, de la Syrie et du Liban », a-t-il ajouté, « confirment la nature belliqueuse du gouvernement d’Israël ». L’agression s’inscrit « dans le droit fil de la politique d’occupation israélienne dans le Golan syrien et les autres territoires arabes occupés », a-t-il poursuivi, rappelant que « cette politique se traduit par la poursuite du colonialisme avec l’annexion des territoires arabes ». L’observateur a invité le Conseil de sécurité à tout mettre en œuvre pour amener Israël à respecter le droit international, en rappelant que 37 résolutions adoptées par les Nations Unies n’ont toujours pas été appliquées par Israël. « Les mesures et exactions israéliennes », a-t-il rappelé, « ne mèneront pas à la paix dans la région mais à une exacerbation de la situation ». Il a invité les Israéliens à s’asseoir à la table des négociations et à respecter le principe de l’échange de la terre contre la paix.

- « Faire cesser de tels agissements »

Ali Treki (Libye) a regretté qu’aucune mesure n’ait été prise à l’encontre d’Israël malgré les agressions dont ce pays s’est rendu coupable. « Israël n’a jamais respecté la Charte des Nations Unies ni aucune résolution du Conseil de sécurité » a-t-il soutenu, « peut-être avons-nous aujourd’hui l’occasion de faire cesser de tels agissements ». Affirmant que « les assassinats ciblés ne lui permettront pas de satisfaire son besoin de sécurité », il a indiqué que « seuls le retrait des territoires et le renoncement au terrorisme d’États conduiront à la paix ».


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