Conflit sanglant dans la région du Tigré en Ethiopie

27 novembre 2020, par Mathieu Raffini

Depuis le 4 novembre dernier, l’armée Ethiopienne intervient au Tigré, une région du nord du pays, frontalière de l’Erythrée. La raison invoquée est celle d’une volonté séparatiste de la part du Front de Libération des Peuples du Tigré (TPLF), quand ce dernier parle de son côté d’un changement institutionnel non acceptable de la part de gouvernement central.

L’Ethiopie est depuis 1991 un Etat fédéral, avec le renversement du régime de Mengistu Haile Mariam par le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FRDPE), dont le TPLF était l’élément majoritaire jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en 2018, où ils ont alors refusé d’intégrer le Parti de la prospérité fondé par ce dernier.
Or, c’est justement sur la question de la nature institutionnelle de l’Etat que proviennent les désaccords entre les deux parties.

En effet, en août 2020 devaient se tenir des élections régionales, qui ont été reportées sine-die par le pouvoir central en raison de la pandémie de COVID-19. Le TPLF a refusé cet état de fait, estimant que cela n’était en réalité qu’un prétexte pour plus de centralisation de l’État, et donc la fin de l’autonomie des régions. Les représentants du TPLF estiment également avoir été injustement ciblés dans des enquêtes anti-corruption, tenus à l’écart des postes clés et accusés d’être responsables de tous les maux du pays.
Ils ont donc organisé les élections régionales en septembre malgré l’interdiction du pouvoir central, et le TPLF a été dès-lors considéré comme étant un mouvement séparatiste.
En octobre, en représailles, le parlement Éthiopien annonça la baisse drastique des fonds fédéraux alloués à la région, puis vint rapidement l’escalade, qui aboutira au début de l’intervention armée du pouvoir central au Tigré, répondant à l’attaque de bases de l’armée fédérale dans la région que le TPLF dénonce comme étant inventée dans le but de justifier l’intervention armée.

Ce conflit, déjà dramatique par le fait même d’exister dans cette période de crise où la paix et la solidarité semblent plus que jamais nécessaires ne cesse de s’aggraver de jour en jour.
En effet, ce sont déjà des milliers d’habitants qui ont dû quitter la région du fait de la guerre. Ils sont ainsi déjà près de 30.000 à avoir fui vers le Soudan, on se dirige donc vers une crise humanitaire sans précédent depuis au moins 20 ans dans la région.
De plus, ce conflit semble se régionaliser, étant donné qu’d’Asmara, capitale de l’Érythrée voisine a été ciblée par des tirs de roquettes les 15 et 22 novembre de soldats du TPLF, tandis que des réfugiés du Tigré affirment également avoir été ciblés par des tirs provenant d’Érythrée.
Le 20 novembre, les forces du TPLF ont également visé des cibles dans la région éthiopienne voisine de l’Amhara, sans heureusement faire de victimes ou de dégâts.
Enfin, les Tigréens, peuple majoritaire du Tigré semblent aujourd’hui ciblés par l’État central. En effet, alors que l’État annonce vouloir démanteler les réseaux clandestins du TPLF, de nombreux Tigréens disent être menacés et fortement discriminés dans tout le pays, poussant ceux qui le peuvent à quitter l’Éthiopie pour les États voisins.

Mathieu Raffini

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