Tension en Asie

Corée du Nord/Corée du Sud, vers une guerre ?

11 mars 2013, par Céline Tabou

Le 9 mars, la Corée du Nord a annoncé le renforcement de son programme nucléaire et de missiles, après les sanctions décrétées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Cette invective devrait suivre de nouveaux tirs de missiles auxquels la Corée du Sud devrait répliquer.

D’après l’Agence France Presse, les deux Corées devraient engager des manœuvres militaires chacune de leur côté, laissant craindre « une confrontation à haut risque » . Depuis 1953, les deux parties se sont affrontées verbalement, sans pour autant prendre les armes. Toutefois, Pyongyang a récemment menacé de dénoncer l’accord d’armistice mettant fin à la guerre de Corée en 1953, en brandissant la possibilité d’une « guerre thermonucléaire ».

Le ton monte en Corée du Nord

Le gouvernement nord-coréen a réagi aux nouvelles sanctions votées cette semaine par le Conseil de sécurité de l’ONU, suite au tir réussi d’une fusée en décembre 2012. Selon Séoul et ses alliés, il s’agissait d’un missile balistique, suivi d’un troisième essai nucléaire en février 2013. En réponse, le Ministère des Affaires étrangères nord-coréen, dans un communiqué diffusé par l’agence de presse officielle KCNA, a indiqué que la série de sanctions « concoctées » par l’ONU depuis ces huit dernières années n’ont eu comme résultat en Corée du Nord que « de renforcer ses moyens de dissuasion en qualité et en quantité » , selon l’agence.

Par la suite, Pyongyang a menacé de remettre en cause l’accord d’armistice mettant fin à la guerre de Corée en 1953. Le gouvernement de Kim Jong-un a également déclaré « abroger tous les accords de non-agression entre le Nord et le Sud » . Le principal pacte dans ce domaine date de 1991 et engage les deux pays à régler pacifiquement leurs différends afin d’éviter toute confrontation militaire accidentelle. Pyongyang a également averti les États-Unis qu’ils s’exposaient à une « frappe nucléaire préventive » si ces derniers persistaient dans leurs manœuvres militaires avec Séoul.

Cependant, cette montée en puissance n’était pas prévue, d’autant plus que dans une allocution télévisée, le 1er janvier 2013, Kim Jong-un laissait présager la fin de la confrontation avec la Corée du Sud. Ce dernier déclarait : « Pour mettre fin à la division du pays et parvenir à sa réunification, il est important de cesser la confrontation entre le Nord et le Sud ». Deux mois plus tard, le président nord-coréen annonce la fin des accords de non-agression.

Séoul se prépare

« Nous nous attendons à une provocation nord-coréenne dans les semaines à venir », a déclaré Victor Cha, titulaire de la Chaire d’études coréennes au Center for Strategic and International Studies (CSIS) de Washington, auprès de l’AFP. En effet, l’armée sud-coréenne, en collaboration avec l’armée américaine, dont 28.500 soldats sont sur le territoire sud-coréen, a décidé de lancer prochainement ses manœuvres annuelles, baptisées « Key Resolve ». Le risque « significatif » de confrontation se situe près de la ligne de séparation maritime en mer Jaune, contestée par Pyongyang. Cette dernière a été la cause de deux incidents meurtriers en 2010.

Au pouvoir depuis deux semaines, la Présidente de la Corée du Sud, Park Geun-Hye, ne dispose pas de majorité au Parlement et doit donc composer avec un gouvernement instable. De même, la Corée du Nord, dirigée par Kim Jong-un, âgé de moins de trente ans, et au pouvoir depuis un peu plus d’un an, pourrait entrainer un « risque de malentendu et d’escalade », car les deux dirigeants des deux États antagonistes sont au pouvoir depuis peu, a expliqué Bruce Klingner, expert de la Corée au centre d’études conservateur Heritage Foundation.

Cependant, selon les chercheurs, « depuis 1992, le Nord procède à une provocation militaire dans les semaines qui suivent l’investiture d’un président sud-coréen », a observé Victor Cha. Le principal allié de Pyongyang, la Chine, prend ses distances et tente d’apaiser les esprits. Un éditorial du "Global Times" indiquait que « l’amitié entre la Chine et la Corée du Nord ne peut, de toute évidence, pas fluctuer en fonction des états d’humeur de Pyongyang » . Pour l’heure, Pékin a appelé, le 8 mars, toutes les parties concernées « au calme et à la retenue » .

Céline Tabou


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