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21 octobre 2008
La crise qui a éclaté en août 2007 dans le compartiment financier des prêts hypothécaires à risque élevé (subprime) clôt le cycle économique états-uniens débuté fin 2002. En cela elle a, comme toutes les crises, un aspect conjoncturel. Mais elle a plusieurs dimensions structurelles importantes. C’est d’abord la plus sérieuse des ’crises financières systémiques’ née de la libéralisation et de la mondialisation financières qui ont eu lieu depuis 1987. Les États-Unis, déjà siège du krach boursier de 2001, en sont de nouveau l’épicentre. Cette fois-ci ce n’est pas un marché de titres, le Nasdaq, qui en est le champ, mais le système bancaire.
Certains commentateurs évoquent 1929 et les crises bancaires en Allemagne en 1931 et aux États-Unis en 1932, pour souligner la gravité particulière de défaillances qui frappent le rouage critique de la création de crédit dans des pays clefs. Vient ensuite la chute du dollar. Ici on passe encore plus nettement du conjoncturel au structurel ainsi qu’à des processus révélateurs de l’érosion de l’hégémonie économique et financière des États-Unis, pas tant vis-à-vis de l’Europe, très affaiblie par les politiques néolibérales et divisée politiquement, qu’à l’égard de la Chine (1). La crise éclate enfin au moment où les impacts sociaux du changement climatique (dont les rythmes semblent s’accélérer) se précisent, annonçant une phase de grande turbulence politique, sinon de chaos. Au moment aussi où la concentration de la propriété foncière et la destruction de productions vivrières paysannes accentuées par la financiarisation et cautionnées sinon imposées par les politiques agricoles néolibérales, débouchent sur une crise alimentaire mondiale de très grande ampleur.
La tentative de fonder une phase longue d’accumulation sur les politiques néolibérales prend fin
Dans le livre III du Capital, Marx offre une piste de recherche éclairante, relative aux moyens successifs utilisés par le capitalisme pour surmonter les contradictions qui lui sont propres. La répétition des crises naît du caractère endémique de la suraccumulation (le surinvestissement en termes keynésiens) et de la surproduction. Elles sont consubstantielles au capitalisme, « la production (n’étant) qu’une production pour le capital et non l’inverse : les moyens de production (n’étant) pas de simples moyens de donner forme, en l’élargissant sans cesse, au processus de vie au bénéfice de la société des producteurs » (2). Aux difficultés endémiques de valorisation du capital résultant de l’impossibilité de réaliser toute la valeur produite du fait même de l’asseoir sur l’appropriation du travail non payé, viennent s’ajouter celles tenant à la baisse du taux de profit. Celles-ci sont inhérentes à l’impossibilité de compenser longtemps la baisse de la valeur contenue dans chaque unité produite obtenue par l’augmentation de la productivité du travail moyennant l’accroissement des quantités vendues. Le capitalisme ne peut pas reconnaître l’existence de contradictions qui plongent leurs racines dans le rapport capital/travail. Il n’a donc de cesse de trouver les manières de dépasser « les limites qui lui sont immanentes ». Il y parvient, mais seulement « en employant les moyens, qui de nouveau, et à une échelle plus imposante, dressent devant elle les mêmes barrières ». Chaque tentative majeure fonde une périodisation, qui couvre le temps entre la mise en œuvre des moyens nouveaux et le moment où les limites se réaffirment, « à une échelle plus imposante ». L’idée peut jeter une passerelle entre la théorie marxiste de l’accumulation du capital en longue période et la notion régulationniste de "régime d’accumulation"(3). Chaque tentative majeure du capitalisme pour surmonter ses limites verrait l’émergence d’un régime d’accumulation spécifique.
Ceci peut être appliqué à l’histoire du dernier quart du XXe siècle. Les moyens choisis pour surmonter la crise ouverte lors de la récession de 1973-75 et son prolongement en 1979-80, ont été ceux de la révolution conservatrice menée par Thatcher, Reagan et le président de la Fed de l’époque Paul Volker, c’est-à-dire la libéralisation des flux financiers, des échanges et des investissements directs, et partant celle des marchés du travail. Leur mise en œuvre a été facilitée par les technologies de l’information et de la communication. L’hégémonie des États-Unis, établie dans le domaine industriel et financier lors de la Seconde Guerre mondiale et dans le domaine militaire lors de la nouvelle course aux armements de la "guerre des étoiles", en a été le socle politique mondial. La victoire néo-conservatrice a comporté une nouvelle poussée du capital états-unien et européen vers l’extérieur, tant par la mondialisation financière que par des formes nouvelles d’internationalisation des entreprises, ainsi qu’à des politiques internes orientées vers la destruction, à des rythmes différents selon les pays, du "rapport salarial" fordiste et de "l’État social". La pleine intégration de la Chine dans l’économie mondiale, qui commence avec la poussée des investissements états-uniens des années 1992-94 et s’achève avec son entrée à l’OMC, sont pour ainsi dire le couronnement du processus de libéralisation et de déréglementation.
La reproduction des « barrières à une échelle plus élevée » se situe sur deux plans. Le premier est celui des contradictions fondamentales du capitalisme devenues proprement mondiales. La suraccumulation et la surproduction, dont la Chine est le foyer central, sont celles d’une économie mondiale où tout pays ayant la moindre industrie et ayant transformé son agriculture pour l’orienter vers l’exportation, est tourné vers le marché mondial et doit y écouler sa production. En 1929, la crise de surproduction a eu lieu aux États-Unis dans la suite immédiate du krach de Wall Street, et ensuite en Allemagne. Ils étaient alors les deux pays industriels les plus puissants. Dans le cas présent, la crise de surproduction éclatera le jour où l’Asie et surtout la Chine seront touchées par la récession états-unienne. Le Japon en sera l’une des courroies de transmission et, dépendant de la gravité des problèmes de l’euro et l’ampleur des crises immobilières en gestation, également l’Europe. Les économistes cherchent les mécanismes stabilisateurs susceptibles de contrecarrer en Asie les mécanismes à l’œuvre là où la crise a commencé. Ils recherchent aussi des données qui aideraient à apprécier l’ampleur de la suraccumulation.
La seconde expression de la "reproduction des barrières" a été les effets engendrés par le recours toujours plus massif à l’endettement comme outil macroéconomique et la création d’actifs financiers fictifs dont les formes les plus récentes sont devenues à peu près ingérables. C’est là la conséquence du fait que la libéralisation et la mondialisation ont consolidé, aux États-Unis notamment, les mécanismes de centralisation et la concentration de ce que Marx nomme le capital porteur d’intérêt (4), qui peut aussi être nommé en langage non-marxiste, le capital de placement financier (5). Ce capital vient en partage du profit sous forme de dividendes et d’intérêts. Il vit de l’appropriation du surtravail et il aggrave les conditions de l’exploitation moyennant l’intensification et la précarisation du travail.
François Chesnais, économiste, professeur émérite à l’université Paris 13 Villetaneuse
Notes
(1) Pour une analyse sans fard de la situation de l’Europe, voir Michel Aglietta et Laurent Berrebi, Désordres dans le capitalisme mondial, Odile Jacob, Paris, 2007, chapitre VI, XI et XII.
(2) Marx, Le Capital, livre III, tome 6, Éditions sociales, Paris, 1957, p. 263.
(3) François Chesnais, "La théorie du régime d’accumulation financiarisé, contenu, portée et interrogations", Actes du Forum de la Régulation 2001, sur CD-Rom, Association Recherche et Régulation, 142, rue du Chevaleret, 75013, Paris. On notera que Robert Boyer a proposé autrefois une typologie des crises que les régulationnistes pourraient peut-être revisiter aujourd’hui avec profit. S’agissant par exemple des États-Unis, on paraît être face à ce que Boyer nommait une « crise du système de régulation » dans le sens le plus fort du terme, de « montée de contradictions au sein des institutions les plus essentielles, qui conditionnent le régime ». Voir Robert Boyer, "La théorie de la régulation : une analyse critique", La Découverte, 1987, p. 68.
(4) Il s’agit des chapitres XXI à XXXVI du livre III du Capital, correspondant au tome 7 de l’édition des Éditions sociales. Pour un commentaire détaillé, voir François Chesnais, "La prééminence de la finance au sein du ‘capital en général’, le capital fictif et le mouvement contemporain de mondialisation du capital", in Séminaire d’études marxistes, La finance capitaliste, Collection Actuel Marx Confrontations, Presses Universitaires de France, Paris, 2006.
(5) C’est le terme employé dans l’ouvrage généraliste, François Chesnais (coordinateur), "La finance mondialisée, racines politiques et sociales, configuration, conséquences", Éditions La Découverte, Paris, 2004.
(a suivre)
La revanche d’un échec militaire dans le Caucase
Coca-Cola vaut plus que Gazprom et toutes les banques russes réunies
En plein Jeux Olympiques, un allié de Washington tentait un coup de force dans le Caucase. Mais la riposte de la Russie a dépassé la Géorgie, candidat à l’OTAN, et son allié américain.
Puisque sur le terrain militaire, il n’était pas possible à Washington de faire plier la Russie, les Etats-Unis ont utilisé l’arme monétaire en profitant de la crise financière. La Bourse de Moscou a été particulièrement touchée ces dernières semaines, rappellent “Les Echos” du 14 octobre dernier : « Le monopole semi-public du gaz, Gazprom a perdu son titre de principale capitalisation boursière de la planète et ses prétentions à peser 1.000 milliards de dollars à moyen terme : sa valeur est passée en cinq mois de 343 à 260 milliards de dollars ». Au total, souligne une note de la banque Merrill Lynch, « avec la valorisation boursière du seul Coca-Cola, vous pourriez aujourd’hui racheter l’intégralité du secteur énergétique russe et emporter en prime toutes les banques russes ».
Autrement dit, grâce à la finance, Washington a réussi à affaiblir la Russie.
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