Paul Vergès au Parlement européen

Dans la fidélité du contrat noué avec les 135.000 électeurs réunionnais

4 juin 2004

Le 28 mars dernier, à l’occasion des élections régionales, les Réunionnais ont massivement voté pour la liste de l’Alliance conduite par Paul Vergès. Leur vote historique exprime un triple message : sanctionner le gouvernement Raffarin ; approuver la démarche originale et novatrice de l’Alliance et confirmer leur confiance à Paul Vergès, pour poursuivre, à la présidence de la Région, l’œuvre engagée pour le développement de La Réunion. C’est en prenant en compte la volonté exprimée par ses électeurs et la fidélité des engagements pris, que le président de la Région a décidé de se présenter à l’élection au Parlement européen.

Sur le plan électoral, sa candidature offre une nouvelle occasion aux Réunionnaises et aux Réunionnais de réaffirmer leur opposition à la politique ultra libérale du gouvernement Raffarin et leur refus de voir cette politique se déployer au niveau européen.
Sur un plan politique plus fondamental, il s’avère essentiel de continuer à faire vivre l’Alliance. Il était de la responsabilité de ceux qui ont initié cette démarche fondatrice, de permettre à tous les Réunionnais qui l’ont approuvée de ne pas être “orphelins” à l’occasion de ce scrutin important pour l’avenir.

Pas un “feu de paille”

L’Alliance n’est pas un “feu de paille”, ou une tactique électorale. Elle répond à une exigence fondamentale pour la démocratie et le développement de La Réunion.
Il s’agit de faire de la politique autrement, de rassembler, sur la base d’orientations progressistes clairement affirmées, des formations politiques et des hommes et des femmes de la société civile, riches de la diversité de leurs sensibilités, pour bâtir ensemble dans le respect des convictions et de l’identité de chacun, mais capables de transcender leurs différences et faire triompher l’intérêt général pour bâtir le développement de La Réunion.
Cette démarche qui jette les bases d’un "nouveau contrat social pour un développement durable" mérite d’être poursuivie pour être constamment enrichie. Les élections européennes, avec le nouveau mode de scrutin en vigueur, offrent l’occasion historique d’étendre cette démarche prometteuse à l’ensemble de l’outre mer.
La liste de l’Alliance conduite par Paul Vergès permet de rassembler la diversité de l’outre-mer dans les valeurs de respect et de progrès. Le soutien, à cette liste, d’une personnalité aussi éminente qu’Aimé Césaire, témoigne de la dimension historique de ce rendez-vous pour l’outre mer.
De même qu’il était légitime que les 135.000 électeurs qui ont voté le 28 mars pour l’Alliance puissent être représentés dans la fidélité de leur démarche lors du scrutin des européennes, de même il était logique et fondamentalement juste que l’esprit de l’Alliance souffle sur l’ensemble de l’outre-mer, dans le cadre d’un scrutin dont la configuration électorale avec une circonscription représentative de l’originalité et la diversité de l’outre-mer, trouve une parfaite adéquation avec la démarche de l’Alliance qui vise précisément à construire l’unité dans la diversité.

Un atout supplémentaire pour la Région

Enfin, l’élection de Paul Vergès au Parlement européen constituera un atout supplémentaire pour la Région dans l’optique de réaliser les projets de la nouvelle mandature.
En votant pour l’Alliance le 28 mars dernier, les Réunionnais ont accordé leur confiance à Paul Vergès pour présider la collectivité régionale et poursuivre l’action engagée pour le développement de La Réunion. Collectivité ayant en charge l’avenir, avec notamment la formation, le développement économique et l’aménagement du territoire, la Région bénéfice à ce titre de la contribution importante des fonds européens. Par exemple, il n’est pas possible pour le budget régional de supporter le financement du tram train sans l’intervention des crédits européens ; les fonds européens (FSE) interviennent aussi majoritairement dans le financement des actions de formation ou de mobilité. Négocier dans les meilleures conditions le prochain DOCUP 2007-2013 est donc décisif.
Sur un autre plan, La Réunion ne peut inscrire son développement sans prise en compte de l’impact de la mondialisation, et par exemple dans son environnement géo-économique, des conséquences des accords de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et les pays en voie de développement (ACP, PMA). Sur tous ces dossiers décisifs pour la Région Réunion, la présence de Paul Vergès au Parlement européen sera un atout pour la Région.
Dans le même esprit que les Réunionnaises et Réunionnais ont porté Paul Vergès à la tête de la Région, ils l’éliront au Parlement européen pour que les dossiers stratégiques pour le développement de La Réunion - et qui exigent un haut niveau de partenariat entre la Région et l’Europe - puissent avoir la garantie d’être traités avec cohérence et compétence.


“Le Quotidien”

Vive le “grand chef blanc” !

À chaque élection, des hommes et des femmes de renom, des personnalités disent où vont leur préférence.
Aimé Césaire a lancé un appel en faveur de la candidature de Paul Vergès. Lionel Jospin en a fait de même pour Jean-Claude Fruteau. Ces deux nouvelles ont été portées à la connaissance de la presse locale. “Le Quotidien” a choisi d’ignorer la première et de donner une large place à la seconde.
Idriss Issa met en exergue cette nouvelle sortie de l’ancien Premier ministre d’une longue période de silence. L’appel de l’ancien député-maire de Fort-de-France survient après une plus longue période de silence. Si certains observateurs pensent que Lionel Jospin va se relancer dans le débat politique français, il n’en est pas de même pour Aimé Césaire qui a depuis longtemps fermé la parenthèse de l’activité politique. Son geste a donc une signification historique bien plus pleine que l’appel de Jospin. En privilégiant la démarche du leader socialiste plutôt que celle du poète martiniquais, Idriss Issa est certes dans sa logique politique partisane, mais il commet un acte grave, celui consistant à valoriser un “grand chef blanc” et à minimiser le chantre de la négritude. Qu’un journaliste réunionnais cultive un complexe est édifiant.
Or, comme cela se passe souvent lorsqu’on se transforme en “fan”, on tombe dans l’excessif.
Idriss Issa écrit : "Les Réunionnais qui avaient placé l’ancien Premier ministre en tête de la présidentielle dans l’île en 2002 (alors qu’il avait été éliminé du second tour par Jean-Marie Le Pen en métropole) seront, à ne pas en douter, sensibles à ce message". Le journaliste du “Quotidien” oublie que la Fédération socialiste n’avait pas été seule à construire le succès de Jospin à La Réunion. Elle avait même traîné un peu les pieds. Ceci étant, compter sur le message de Jospin pour sensibiliser les Réunionnaises et les Réunionnais, c’est avouer que celui de Jean-Claude Fruteau a du mal à passer au point qu’il lui et nécessaire de faire appel à des soutiens de “chefs” (Jospin après Hollande).
Enfin, Idriss Issa fait endosser à Lionel Jospin l’habit du Père Fouettard. "L’intervention de l’ancien Premier ministre devrait faire taire définitivement les “ex-dissidents” du PS (Christophe Payet, Wilfrid Bertile, Alain Armand et les autres) qui aux dernières régionales et, aujourd’hui encore au sein de l’Alliance continuent à prétendre être “les vrais socialistes”".
Lionel Jospin serait sans doute le premier étonné de se retrouver dans la peau d’un distributeur du label “socialiste”. Au nom de quoi, l’ancien Premier ministre - qui n’a plus aucune responsabilité au sein du PS - serait-il habilité à dire que tel est socialiste et tel autre ne l’est pas ? Pour Idriss Issa, la parole de Lionel Jospin serait-elle parole d’évangile ? À ses yeux, l’ex-Premier ministre serait un ange vengeur : il fera taire les “ex-dissidents”. C’est sans doute prendre des fantasmes de journaliste pour une réalité politique. Mais, c’est surtout donner à l’ancien Premier ministre une image qui est le contraire de celle qu’a cherché à cultiver François Hollande : ce dernier n’a jeté aucune opprobre, n’a rejeté personne en pensant aux échéances de 2007. Jusqu’ici, aucune sanction n’a été prise à l’encontre des trois parlementaires socialistes de l’outre-mer qui refusent la décision du Bureau national du PS.
Est-ce Jospin qui est allé plus loin qu’Hollande ? Ou bien est-ce Issa qui fait le rêve de voir un “grand chef blanc” donner le fouet à des responsables politiques réunionnais ? Sans doute aussi Idriss Issa est en campagne électorale et qu’il a choisi son camp.


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