Davos 2024 : Faut-il s’attendre à un coup d’éclat ?
16 janvier, par
Cette semaine s’ouvre à Davos le Forum économique mondial. Le président Macron a fait savoir qu’il y serait en personne, indiquant par là l’importance qu’il entend donner à la participation de la France à ce Sommet. Question de prestige, à six mois de l’ouverture des JO de Paris ? Qu’est-ce que la France, et l’Europe en arrière-plan, peuvent attendre de Davos dans la phase de récession économique accentuée par des choix erronés dans le conflit Ukraine/Russie ?
Le gouvernement français veut donner l’impression d’un rebond politique, à mi-course du second mandat présidentiel. La recomposition du gouvernement a été placée sous le signe de « l’audace » et du « mouvement ». Le nouveau Premier ministre confirme pompeusement : « J’aurai l’objectif de garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel français ». Les critiques à cette nomination se sont focalisées sur la continuité de la Macronie face à 2 échéances : les Européennes cette année et la Présidentielle en 2025. Tout laisse à penser que le Président sortant ne prendra pas sa retraite, à la fin de son 2e mandat.
D’autres enjeux sont aussi à prendre en compte.
1) Après des décennies d’asservissement à la puissance hégémonique nord-américaine : quelle voix faire entendre au monde ? Il faudrait en effet une bonne dose d’audace à de “jeunes” politiciens biberonnés à la globalisation capitaliste et à la construction d’une Union européenne sous tutelle, pour choisir une voie différente de celle suivie jusqu’à présent. Après sa visite en Chine, Macron a parlé d’ une autonomie stratégique européenne », une autre variante de « l’Otan est en état de mort cérébral ». Il a subi un tir groupé de tous les Atlantistes et il est rentré dans les rangs.
2)L’importance qu’il accorde aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris constitue l’autre enjeu : « Je veux recevoir la planète dans les meilleures conditions possibles » a-t-il dit en 2022, en faisant de cet événement un moment important pour la politique intérieure et extérieure de la France. Tout le monde a compris qu’il veut terminer son double mandat avec panache. Mais cette ambition se heurte à d’importantes contradictions qui sont nées de la ligne anti-chinoise, anti-russe et anti-iranienne des États-Unis.
Biden en personne a orchestré la campagne de boycott des JO d’Hiver de Pékin, de 2022. Il a échoué mais l’objectif politique est toujours présent. L’Américain redoute particulièrement une stratégie de troisième voie de l’Europe qui pourrait être initiée par le président français. Les griefs ne manquent pas. La France a été tenue à l’écart du retour des Talibans, en Afghanistan, le 15 août 2021. Un mois après, un contrat du siècle d’un montant de 56 milliards de construction de sous-marins, déjà signé avec l’Australie, est annulée au profit des Américains. La France est exclue de la coalition AUKUS (Australie, Royaume Unie et US) montée par les États-Unis (US). Elle a été lâchée dans le traitement du Sahel, en Afrique. Enfin, la divergence est notable face à la situation en Mer Rouge. La France ne veut pas mettre ses moyens militaires sous commandement belliqueuse américano-anglaise. Les décisions de la Cour Internationale de Justice, suite à la plainte de l’Afrique du Sud, devraient aider la France à prendre ses distances avec les dirigeants israéliens, sans cœur. Beaucoup d’États soutiennent l’initiative de l’Afrique du Sud.
3) Dans le contexte actuel, le Forum de Davos va nécessairement porter sur la fin de la domination anglo-saxonne sur le marché unique global. La mondialisation capitaliste fondée sur la « concurrence libre et non faussée » se heurte au réveil des marchés souverains. Il faudra bien s’y faire. Aujourd’hui, partout, les États-Unis faussent les règles du jeu. Il faudra bien que les dirigeants français se rappellent de ces propos « les États-Unis n’ont pas de principe. Ils n’ont que des intérêts ».
Kalouma