Décès du père fondateur du Zimbabwe

Décès de Robert Mugabe, héros de la lutte

7 septembre 2019

L’ancien président zimbabwéen Robert Mugabe, héros de l’indépendance qui a dirigé d’une main de fer son pays de 1980 à 2017, est décédé à 95 ans.

Robert Mugabe était l’un des derniers "pères de l’indépendance" en Afrique. En raison d’une santé très fragile, Robert Mugabe est mort à Singapour, où il était régulièrement soigné, a précisé un diplomate zimbabwéen.

"C’est avec la plus grande tristesse que j’annonce le décès du père fondateur du Zimbabwe et de l’ancien président, le commandant Robert Mugabe", a déclaré le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, qui lui a succédé en 2017 après un coup de force de l’armée.

"Le commandant Mugabe était une icône de la libération, un panafricain qui a dédié sa vie à l’émancipation (...) de son peuple. Sa contribution à l’histoire de notre nation et de notre continent ne sera jamais oubliée. Que son âme repose en paix", a-t-il ajouté sur Twitter.

Les hommages se sont succédés des pays africains à la Chine, saluant un dirigeant "exceptionnel" et un "champion" de la lutte contre le colonialisme.

Un "leader exceptionnel" et un "combattant de la libération et champion de la cause de l’Afrique contre le colonialisme", a réagi le président sud-africain Cyril Ramaphosa, dont le pays entretient des relations très étroites avec le Zimbabwe.

Robert Mugabe a sa "place (...) dans les annales de l’histoire africaine" pour "son combat pour la libération de l’Afrique et pour sa défense courageuse du continent", a estimé, de son côté, le président zambien Edgar Lungu.

La Chine a également rendu hommage à "un dirigeant politique et un dirigeant du mouvement de libération nationale exceptionnel" qui a "fermement défendu la souveraineté de son pays" et "s’est opposé aux ingérences étrangères".

Au Zimbabwe, les réactions de la population sont plus mitigées, beaucoup lui reproche d’être resté trop longtemps au pouvoir. Interrogé par l’Agence France Presse, un habitant de la capitale Harare a expliqué qu’"en tant que leader, la seule chose qu’il a fait de mal est de rester au pouvoir pendant trop longtemps". Un autre résident a indiqué qu’"il nous a libérés des colons et il nous a donnés des terres".

Au début des années 2000, Robert Mugabe avait lancé une réforme agraire controversée, destinée à redistribuer à la majorité noire les terres agricoles détenues par les Blancs. Cette réforme a précipité le pays dans une terrible crise économique et financière dans laquelle il est toujours plongé.

Chômage de masse et inflation importante ont marqué les deux dernières décennies du mandat de Robert Mugabe. Aujourd’hui encore, les Zimbabwéens font face au chômage, aux pénuries d’électricité et à un manque de liquidités.

Austin Chakaodza, analyste zimbabwéen, a expliqué à l’AFP que Robert "Mugabe laisse un héritage mitigé", car "il fut le libérateur de ce pays puis son destructeur. Il a mis en place des politiques qui ont fait du Zimbabwe la risée du monde".

Pendant son règne de 37 ans à la tête du Zimbabwe, l’un des plus longs sur le continent africain, il est passé du statut de père de l’indépendance et ami de l’Occident à celui de tyran ayant provoqué l’effondrement économique de son pays.

Accueilli en libérateur en 1980, sa politique de réconciliation, lui vaut des louanges générales, mais ses abus contre l’opposition, les fraudes électorales et surtout sa violente réforme agraire lancée en 2000 lui valent des critiques de la part des occidentaux.

Fin 2017, à la suite d’un coup de force de l’armée soutenu par son parti, la Zanu-PF, Robert Mugabe est contraint de démissionner. Il a été remplacé à la tête du pays par son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa..

Depuis sa démission humiliante, le vieil homme a effectué de nombreux séjours médicaux au Singapour, où il allait régulièrement depuis plusieurs années.

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