Des parlementaires de plusieurs groupes politiques demandent au gouvernement de soutenir les forces démocratiques brésiliennes

Démocratie bafouée au Brésil : des sénateurs écrivent à Jean-Marc Ayrault

29 juillet 2016

À quelques jours des Jeux Olympiques organisés à Rio, plusieurs sénateurs de différents groupes politiques du Sénat ont adressé un courrier à Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, pour l’alerter sur la situation politique au Brésil. La présidente Dilma Rousseff a en effet été innocenté par la commission d’enquête du Sénat brésilien des accusations qui ont été utilisées pour obtenir sa suspension. Le courrier demande au gouvernement de soutenir les forces démocratiques qui oeuvrent pour le respect de la volonté du peuple brésilien qui a élu Dilma Rousseff présidente de la République du Brésil. Voici ce courrier :

Dilma Rousseff, présidente de la République du Brésil élue par le peuple au suffrage universel, suspendue à la suite d’un coup d’État institutionnel.

Monsieur le Ministre,

Nous nous permettons de vous interpeller suite aux évolutions inquiétantes de la situation politique au Brésil.

La présidente Dilma Roussef, élue en 2014 par plus de 54 millions de Brésiliennes et de Brésiliens, est sous le coup d’une procédure de destitution. Cette démarche légale est motivée par des accusations de corruption et de falsification des comptes de l’Etat venant de son opposition parlementaire. Une commission d’enquête au Sénat brésilien n’a pas retenu les accusations de « pédalage fiscal », motif principal de la procédure de destitution. Mais ses partisans font fi de cette décision et maintiennent le processus.

Cette procédure, de fait sans fondement, est révélatrice de manœuvres politiciennes visant à démettre de ses fonctions une présidente élue démocratiquement. Quant au président du gouvernement intérimaire, Michel Temer, il a été cité dans plusieurs affaires de corruption ainsi que sept de ses ministres. Il tire sa légitimité d’un tour de passe-passe constitutionnel, et non du peuple brésilien qui a voté majoritairement pour Dilma Roussef en 2014.

Au-delà des impacts nationaux, ce processus de destitution s’inscrit dans un cycle inquiétant en Amérique Latine. Après le Honduras en 2009 et le Paraguay en 2012, le Brésil est le théâtre d’un coup d’Etat de type nouveau, qui ne peut que déstabiliser l’ensemble de la région.

Le 1er juillet dernier, un colloque s’est tenu au Sénat sur la situation politique au Brésil. Les débats entre chercheurs, responsables politiques, membres de la société civile et élu.e.s convergent sur le fait qu’il s’agit bien d’un véritable coup d’état institutionnel, lourd de conséquences pour le présent et l’avenir de cette jeune démocratie.

Face à ce déni démocratique, nous pensons, sénateurs et sénatrices de sensibilités politiques différentes, que la France a un rôle à jouer. Il est urgent de soutenir les forces démocratiques brésiliennes afin d’éviter que ce pays ne replonge dans des années noires qui ont tant fait souffrir le peuple brésilien.

En espérant que vous apporterez une réponse positive à notre demande de prise de position de la France en faveur du respect du suffrage universel au Brésil comme partout dans le monde, recevez Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations distinguées.

Signataires :

Laurence Cohen
Michel Billout
Antoine Karam
Marie-France Beaufils
Marie-Christine Blandin
Michel Le Scouarnec

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