Sommet de l’ONU sur les Objectifs du Millénaires

Des avancées insuffisantes et très inégales

27 septembre 2008

Plus de 90 chefs d’Etat et de gouvernement, des Fondations, Entreprises et des membres de la société civile ont réuni collectivement la promesse de près de 16 milliards de dollars supplémentaires pour la lutte contre la pauvreté dans le monde, jeudi à New York lors du Sommet de l’ONU sur les Objectifs du Millénaire, présidé par le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon.

Le Sommet réuni jeudi à New York visait à relancer les efforts de la communauté internationale dans la poursuite des "Objectifs du Millénaire" (OMD) définis en 2000. Ces huit OMD ont proposé de réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim à l’horizon 2015 (par rapport à leur niveau de 1990), de faire reculer les grandes pandémies (sida paludisme), la mortalité infantile et l’illettrisme. A mi-parcours, ce Sommet a fait le point, dans un contexte de crise financière internationale aiguë.
Les dirigeants mondiaux devront redoubler d’efforts pour atténuer l’impact de l’augmentation des prix de l’alimentation et du pétrole, et empêcher que la récession économique ne réduise à néant les gains engrangés en matière de réduction de la pauvreté. Depuis l’annonce du sommet en janvier, la montée des prix de l’alimentation et du pétrole a entraîné des millions de personnes dans la pauvreté.
Les dernières estimations de l’ONU font état d’une augmentation du nombre de personnes sous-alimentées dans le monde : 75 millions de plus, pour un total de 925 millions de personnes.
Cependant, des progrès remarquables sont possibles, même dans les pays les plus pauvres. Au Rwanda, le nombre d’enfants mourant de la malaria a été réduit de deux tiers au cours des deux dernières années. Un enfant né aujourd’hui en Tanzanie court un risque réduit de 25% - par rapport à ce qu’il était il y a quatre ans - de mourir avant l’âge d’un an.
Et néanmoins, au rythme où vont les choses - surtout en Afrique subsaharienne - les OMD risquent de ne pas être atteints. Certains annoncent comme une grande victoire la levée de 16 milliards de dollars alors qu’il en faudrait 150 milliards par an jusqu’en 2010 pour que tous les OMD soient atteints. 150 milliards, c’est moins que le double du montant débloqué en quelques jours pour sauver le seul groupe d’assurance AIG (85 milliards de dollars).

Des engagements à tenir

Parmi les engagements obtenus, M. Ban a cité celui du Premier ministre britannique Gordon Brown et de la Banque mondiale qui ont annoncé un plan d’un milliard de dollars pour sauver les vies de 10 millions de mères et d’enfants d’ici à 2015.
La Norvège a promis la même somme pour lutter contre la déforestation en Amazonie, en coordination avec l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
La Chine a promis de doubler le nombre des techniciens agricoles qu’elle envoie dans les pays en développement et de former 10.000 médecins et infirmiers.
La Fondation Gates (du fondateur de Microsoft Bill Gates), celle du milliardaire Warren Buffett et le gouvernement belge coopéreront avec le Programme alimentaire mondial (Pam) pour aider les paysans pauvres en Afrique. Selon ce plan, le Pam achètera directement les récoltes des fermiers africains dans le cadre de contrats de longue durée.
Un effort particulier a été mis sur l’éradication d’ici à 2015 de la mortalité due au paludisme avec l’approbation d’un ambitieux Plan mondial d’action contre le paludisme (GMAP), comprenant le déblocage de près de trois milliards de dollars, pour tenter de sauver plus de 4 millions de vies humaines d’ici à 2015.
1,62 milliard de dollars seront notamment débloqués sur deux ans par le Fonds global de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, tandis que la Banque mondiale a promis 1,1 milliard.
Ce plan a été réalisé par "Roll Back Malaria" (Faire reculer le paludisme), un partenariat mondial public-privé de lutte contre la maladie créé au départ par des agences spécialisées de l’ONU.

La campagne « En mon nom »

Selon Stefaan Declercq, Secrétaire général d’Oxfam-Solidarité, « les leaders mondiaux ne peuvent pas se contenter de formuler de nouvelles promesses dans le vide. Nous sommes confrontés à un problème de pauvreté urgent qui requiert au moins autant d’attention que la crise financière internationale. Des progrès significatifs ont été réalisés mais de nombreux efforts sont encore nécessaires » a-t-il dit.
Des agences internationales - Oxfam, Save the Children et Comic Relief - lancent cette semaine une campagne de grande ampleur. Intitulée « In my name », cette campagne encourage les citoyens à exiger de leurs leaders qu’ils respectent leurs promesses faites en 2000. L’initiative rassemble des personnalités de haut rang comme la reine Rania de Jordanie, Mary Robinson et l’Archevêque Desmond Tutu, ainsi que des célébrités de tous les continents comme Scarlett Johansson, Rahul Bose, will.i.am, Angelique Kidjo, Wyclef Jean, Annie Lennox et Sergio Mendes.

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus