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Des défis énormes

“Alon filozofé” ... !*

Billet philosophique

vendredi 22 juin 2007, par Roger Orlu

À l’occasion des élections législatives, les responsables de la Commission diocésaine de pastorale familiale (CDPF) et des Associations familiales catholiques (AFC), dont l’évêque de l’Église catholique à La Réunion, ont publié un texte sur lequel nous voudrions pouvoir attirer l’attention de nos lecteurs mais aussi des personnes porteuses de responsabilités. En effet, il met l’accent sur des phénomènes de société qui sont autant de signes de problèmes sociaux préoccupants, sous-estimés par la majorité des décideurs.
Les signataires de ce texte (voir ci-contre) soulignent qu’en une trentaine d’années, le nombre de naissances hors mariage a plus que doublé et celui des naissances en mariage a presque diminué de moitié ; dans le même temps, le nombre d’IVG a presque doublé. Bien que les responsables catholiques aient sur la question des relations sexuelles, amoureuses, du mariage et du droit à l’IVG des idées que l’on peut ne pas partager avec eux, on apprécie le fait que dans cette déclaration, il n’y ait à ce sujet aucun propos moralisateur, ni culpabilisant.
Ses auteurs mettent plutôt en avant le fait qu’au-delà des chiffres, il y a des personnes - surtout des femmes et des enfants - qui vivent des situations difficiles, voire des souffrances en raison de graves carences au niveau des droits sociaux, des services publics et des orientations culturelles dominantes. Voilà qui mérite un large débat et des changements en profondeur à mettre en œuvre ensemble.

Un autre phénomène de société, encore plus tabou que les précédents, nécessite également bien des remises en cause. Il s’agit des multiples discriminations ethniques et autres qui minent notre cohésion sociale. Ces survivances et séquelles de la période coloniale avec l’esclavage et l’engagisme, dénoncées depuis longtemps par les militants communistes et autres démocrates, sont analysées et pointées du doigt par des chercheurs, comme le sociologue Laurent Médéa.
Tout le monde voit bien, comme le démontre celui-ci, que parmi les plus riches et parmi les détenteurs de pouvoirs à La Réunion, on trouve surtout des Blancs, en particulier des Zorèy. Et que parmi les plus pauvres, la majorité sont des Noirs, notamment des Kaf et des Komor.
Ce racisme et cet apartheid social dont nous avons hérités ne sont pas les seuls obstacles à un développement acceptable. Il y a aussi toutes les autres formes d’inégalités entre Réunionnais et celles dont globalement, les Réunionnais sont victimes, quels que soient leur couleur de peau, leur lieu de naissance et leur religion. Sans oublier tous les droits fondamentaux dont les Réunionnais sont privés, surtout les plus pauvres.

Que faire pour relever ces énormes défis et briser ces chaînes insupportables ? En parler entre nous sans craindre des points de désaccord, y réfléchir ensemble et unir nos forces dans l’action pour que soient prises à tous les niveaux de responsabilité les décisions les plus justes et les plus urgentes.

Roger Orlu

* Envoyez vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble...!
temoignages@wanadoo.fr


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Messages

  • Témoignages pose ici un certain nombre de questions fondamentales. L’amorce de leur solution, peut aller dans le sens d’une meilleure cohésion sociale et d’un apaisement des tensions internes aux familles.Je m’interroge sur deux questions posées : le pb de l’avortement et celui du racisme(qui n’est jamais banal ou ordinaire) dont sont victimes les nouveaux arrivants des comores et de madagascar.
    1- Comment expliquer que certaines jeunes filles aient recours à l’interruption de grossesse qui devrait être une "solution" en dernier ressort comme moyen ordinaire du églement d’un conflit réel ou éventuel avec leur famille ou même avec leur copain qui prétend les aimer , mais de quelle manière ? J’ai bien peur que sans suivi psycholigique ce traumatisme ne soit amené à les suvre toute leur vie et n’ait des répercussions sur leur vie de femme et de mère. Mesure t’on bien les fossés qui se sont creusés dans les familles,
    2-De même, la façon dont les nouveaux venus, victimes de comportements coloniaux et de la mondialisation capitaliste, sont l’objet d’ostracisme de la part des réunionnais de souche (mais y en a t’il vraiment ? Nous sommes une colonie de peuplement) devrait nous amener à nous interroger sur notre société individuellement, en colloques ou autrement.
    Les pouvoirs publics ne devraient-ils pas aider les nouveaux migrants à se faire connaître de la population réunionnaise ? Les médias n’ont-elles pas un travail à faire plutôt que de ne pas en parler et faire comme si tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Les médias n’ont elles pas un rôle important à remplir ? Ou bien, on se contentera de compter sur le temps pour apaiser les conflits ou sur nouveaux conflits pour apaiser les anciens, avec à chaque fois des déchirures s’ajoutant à celles qui ne sont pas encore cicatrisées.Les gens de bonne volonté appelent de leurs voeux une société harmonieuse : utopie ? mais cela n’empêche pas d’agir.
    Témoinages doit continuer à poser ces problèmes de fond mais on connaît la formule :"cent fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez". Ni artrouv !


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