
C’était un 30 juin
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23 avril 2005
Transformée en hypermarché, l’Europe a dilapidé son capital de prestige. Rien de moins enthousiasmant qu’un hypermarché, en effet, avec les commissaires européens comme chefs de rayons, des esclaves lituaniens comme caissières et un banquier allemand en guise de directeur !
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L’hypermarché, c’est assurément la plus nocive des contrefaçons de l’Europe. Mais il en est une autre, tout aussi pernicieuse, que le débat référendaire a remis au goût du jour : c’est l’idée fédéraliste, symbolisée par la perspective onirique des "États-Unis d’Europe".
Notons-le d’emblée : cette seconde contrefaçon est le corollaire de la précédente, c’est son "supplément d’âme". Elle vise à ramener au bercail européiste une opinion de plus en plus rétive à s’emballer pour l’hypermarché européen. C’est un peu comme les promotions de fin d’année sur le foie gras et le champagne dans les grandes surfaces : on met des flonflons, on se donne des airs de fête pour rameuter le client, on fait rêver le populo, on mobilise même les poètes : n’est-ce point Victor Hugo qui célébra jadis les "États-unis d’Europe" ?
Un peu d’histoire
Mais foin de la poésie, et faisons un peu d’histoire. Les seuls États-unis qui ne soient pas autre chose qu’un fantasme collectif, ce sont les États-unis d’Amérique. Brandir cette référence c’est faire rêver, assurément, mais c’est surtout ignorer les conditions historiques exceptionnelles dans lesquelles la nation américaine s’est forgée. Les États-unis d’Amérique sont nés parce que rien ne s’opposait à l’expansion accélérée d’une société industrielle, technologiquement avancée, que symbolise la pénétration du chemin de fer dans les grandes plaines de l’Ouest.
C’est le vide des grands espaces américains, purgés de leurs indigènes récalcitrants, qui a donné aux États-unis leur formidable cohésion, leur permettant d’absorber les vagues d’immigration successives en provenance du Vieux Continent. S’il y a une nation américaine, c’est parce qu’elle était dès l’origine la projection de l’Europe vers son propre occident virginal, l’Amérique, et qu’elle s’est déployée depuis un centre, le Nord-Est des Pères fondateurs, vers une périphérie qui fut une formidable terre de conquête.
Une nation conquérante
Ce qui a fait l’unité américaine, c’est cette vacuité de l’espace américain : le vide des hommes, grâce à la disparition des tribus amérindiennes devant la déferlante européenne ; le vide du passé, car l’histoire de l’Amérique devait désormais s’écrire au futur : ce serait celle des pionniers de cette nouvelle Terre promise, dévolue par décret divin au flot grandissant de ses immigrants.
Terre sans histoire (autre que l’histoire à venir), l’Amérique offrait la virginité de ses plaines fertiles au labeur acharné de ces pionniers : ils y fondèrent une nation conquérante et toujours en quête de nouvelles frontières.
La force du mythe américain, en fait, lui vient de ce fondement bien réel : l’homogénéité virginale des espaces investis, par lui, d’une signification nouvelle de type religieux, qui assignait à ces nouvelles tribus d’Israël une mission rédemptrice. Unifiée par le mouvement même qui la portait à repousser ses limites, l’Amérique a remarquablement transcendé ses divisions internes jusqu’à l’achèvement de la conquête. En éradiquant un système social archaïque, la guerre de Sécession elle-même a contribué à façonner l’unité nationale, constamment célébrée, depuis, par la religion civile du peuple américain.
De l’histoire à la géographie
Il y aurait naturellement beaucoup à dire sur les caractéristiques de ce mythe fondateur. Retenons toutefois l’essentiel : son enracinement originaire dans une dynamique réelle, la conquête d’espaces dénués d’épaisseur historique.
Il est plus aisé, pour une communauté humaine, de forger son unité dans une géographie sans histoire que dans une géographie lestée de souvenirs, dans un lieu privé de signification que dans un lieu déjà saturé de sens. Moyennant la destruction cynique des sociétés indiennes, la nation américaine a saisi cette chance.
L’Europe, elle, ne l’a jamais eue et ne l’aura jamais. Qu’on le veuille ou non, le terreau de la construction européenne est encombré de vestiges historiques, tandis que celui de la nation américaine était particulièrement déblayé avant usage. La mémoire européenne est pleine, celle de l’Amérique cherche désespérément à se remplir.
L’Amérique a fait de l’un avec du vide : elle s’est contentée de le remplacer. L’Europe doit faire de l’un avec un multiple saturé qui lui colle à la peau. L’Amérique s’est bâtie sur une géographie sans histoire, l’Europe doit partir de son histoire pour déterminer sa géographie.
Le comble de l’absurdité
Même en redoublant d’incantations caprines (comme disait De Gaulle), la construction de l’Europe ne se fera pas à coups de mauvaises métaphores et de comparaisons oiseuses. Le fédéralisme imposé à l’Europe sera toujours comme le lit de Procuste : on coupe tout ce qui dépasse. Les "États-unis d’Europe", c’est le comble de l’absurdité : on y cumule singulièrement les inconvénients de l’imitation servile et de l’abstraction stérile. Non seulement on "pense américain", comme si la substitution du coca-cola à l’eau minérale ne suffisait pas, mais on s’interdit par avance de faire comme les Américains puisque c’est impossible.
Cette double contradiction ridiculise les fédéralistes européens de tout poil, ce qui n’est pas trop grave. Mais elle remplit d’aise les néo-conservateurs américains, qui sont doublement ravis : leur système politique est érigé en norme transcendante et les Européens s’assignent une tâche irréalisable. Ce nouvel échec fera ainsi la démonstration que ces derniers, piètres imitateurs, sont incapables d’atteindre la perfection du modèle !
Bruno Guigue
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