Trois points de suspension D’Emmanuel Lemagnen

Des J.O. et du handicap...

7 août 2008

Dans quelques heures commenceront les Jeux Olympiques, gigantesque rendez-vous planétaire de sportifs et de téléspectateurs.
Dans quelques jours, la flamme au parcours mouvementé sera transmise à l’Angleterre, marquant ainsi la fin des Jeux chinois. Débuteront alors les Jeux "paralympiques", où les athlètes "handicapés" s’affronteront sur les mêmes pistes, dans les mêmes stades et les mêmes piscines que les "valides".
Mais forcément, il y aura moins de médias, beaucoup moins de retransmissions et donc beaucoup moins de public pour regarder ceux qu’on appelle avec une gentille élégance les « porteurs de handicap, personnes à mobilité réduites ou déficients sensoriels ».
Dommage, car on aurait pu admirer des sourds-muets au concours d’équitation, des unijambistes sur le 200 m nage libre, des amputés pédaler sur les vélodromes, des aveugles courir le 500 m et des équipes en fauteuil roulant s’affronter pour la finale de handball.
Pourtant, plus que tout autres les athlètes forcent l’admiration. Ils ne partent pas avec la chance supplémentaire d’un talent donné par la nature pour devenir des champions. Ils partent à l’inverse d’une malformation de naissance, d’un accident de vie pour construire sur la douleur physique et morale le dépassement d’eux-mêmes.
Il est regrettable que ces grands sportifs ne soient pas intégrés aux Jeux "normaux", alors que dans la majorité des épreuves on sait organiser des catégories féminines et masculines à partir d’une différence de capacité physique admise par tous.
Si le sport et l’olympisme sont porteurs des meilleures valeurs que l’homme recèle en lui, alors on peut rêver, on peut même espérer que les jeux paralympiques soient un jour intégrés au programme officiel des autres disciplines et fondus dans le calendrier normal des épreuves en précisant les catégories suivantes ; hommes, femmes, handicapés.
Il s’agit d’éduquer le regard qu’on porte sur ceux qui ne sont pas dans le standard et la normalité, sans voyeurisme et sans compassion.
Bien sûr, on opposera à la générosité de l’idée la complexité de l’organisation, l’allongement de la durée des jeux, mais comme certains ont su dépasser leur handicap et transcender leur différence, on doit pouvoir surmonter ces problèmes logistiques pour peu qu’on en impose la volonté.
Il faut croire qu’un jour prochain, dans quatre ans, dans huit ans, dans douze ans, le comité d’organisateur des jeux olympiques s’attachera à valoriser dignement ces sportifs qui tout en étant diminués sont pourtant plus grands que nous tous.
Si la création des jeux paralympiques a été une première étape du droit à la différence, leur disparition sera le droit à l’indifférence, dernière étape d’une parfaite acceptation.

Alors ce jour-là, dans mon fauteuil, avec ou sans roulettes, valide ou handicapé, je regarderai les jeux des hommes, de tous les hommes...

Pékin 2008

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Messages

  • Qu’en est-il des conditions des personnes handicapées à la Réunion, l’accessibilité pour tous, etc, etc.
    Aujourd’hui, si un athlète (au sens large) réalise les minima valides, il peut participer au JO valide. Ça c’est une avancée et je vous recommande l’excellent site réunionnais http://news.handireunion.org qui parle de Natalie du Toit, nageuse sud africaine amputée qui participe au JO en natation. Le train est déjà en marche et le sport devance une fois de plus la société civile. Merci de penser à nous quand même, mais est-ce que les sportifs handicapés demandent celà ? Ce n’est pas une question (de valide) qui fait débat.


Témoignages - 80e année


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