Jacques Chirac ce soir sur Télé Réunion

Des voix s’élèvent contre le passage en force de la propagande pour le “oui”

20 mai 2005

’Un fort parfum de propagande’ pour la société des journalistes de RFO en Métropole, ’exploitation massive du service public pour influencer la population’ dénonce Agir pou nout tout : l’intervention du Président de la République en faveur du “oui” aujourd’hui sur toutes les chaînes du service public audiovisuel de l’Outre-mer suscite de vives réactions.

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Ce soir, Jacques Chirac s’exprimera sur RFO. Pour la troisième fois, il va défendre le “oui” au référendum du 29 mai prochain. Cette fois-ci, il s’adressera exclusivement à l’Outre-mer. Et son temps de parole ne sera pas compté au crédit du “oui”. Une émission qui "dégage un fort parfum de propagande" selon la société des journalistes de RFO en Métropole.
Des voix s’élèvent partout pour dénoncer ce qu’“Agir pou nout tout” qualifie de "comportement qui s’apparente à un passage en force".
"L’exploitation massive qu’il fait du service public pour influencer la population à voter “oui” est contraire aux valeurs d’éducation, d’équité et de justice", affirme l’association présidée par Jean-Hugues Ratenon. En effet, précise Agir pou nout tout, "le président de la République, après avoir donné son avis et posé la question aux électeurs et électrices, devrait se retirer des débats et laisser le peuple et les dirigeants politiques s’exprimer".

"Pressions de l’Élysée"

Dans “Témoignages” d’hier, nous avons évoqué le communiqué commun de Christiane Taubira, députée de Guyane, Élie Hoarau, secrétaire général du Parti communiste réunionnais, Axel Urgin, ancien secrétaire national du Parti socialiste, et Stéphane Pocrain, ancien porte-parole des Verts. Ayant eu vent de cette émission initiée par l’Élysée, les quatre responsables politiques ultramarins dénoncent les "pressions des pouvoirs publics sur le corps électoral" et appellent à la vigilance. "Il semble que la Direction de France Télévision, cédant aux pressions de l’Élysée, envisage de programmer une émission spéciale de France 0 à destination de l’ensemble des collectivités d’Outremer avec comme unique invité le chef de l’État, bien-sûr interrogé par des journalistes triés sur le volet", affirme le communiqué.
Cette mainmise de l’État sur le service public d’information à des fins partisanes est dénoncée au sein même de France Télévision. Nous avons fait état dans nos colonnes de l’appel “Le “non” censuré dans les médias ça suffit”. Lancé le 1er mai, cet appel avait recueilli hier à 16 heures 15.708 signatures.

"Sournoise opération médiatique d’État"

Au sein même de RFO, on crie au scandale. Car hier également, le “Journal de l’île” nous apprenait que la Confédération des syndicats autonomes (CSA) de RFO a écrit une lettre ouverte au président du Réseau, Marc Tessier. Selon le “JIR”, les syndicalistes affirment que la règle électorale est "applicable pour toutes les chaînes sauf pour RFO [où] propagande et information [sont] pareils au même". Pour la CSA, il faut faire cesser "cette sournoise opération médiatique d’État, orchestrée par la Direction de RFO aux ordres du Ministère de l’Outre-mer" et annuler "la diffusion de cette captation hors la loi de la campagne référendaire".
Toujours dans le “JIR” d’hier, le point de vue de la société des journalistes de RFO en Métropole est édifiant. Selon le “JIR”, cette dernière affirme qu’"à une semaine du scrutin, cette intervention présidentielle pose un problème d’équité [et] dégage un fort parfum de propagande". Si l’on en croit le “JIR”, la société des journalistes de RFO en Métropole refuse de cautionner "cette émission clandestine et demande que les règles élémentaires du journalisme soient respectées : équité, pluralisme et impartialité".
De toutes parts, des voix s’élèvent. Elles dénoncent un passage en force, pratiqué au plus haut sommet de l’État, visant à rendre illégitime un choix démocratique que se prépare à faire une grande partie des Réunionnais. C’est une raison de plus de renvoyer dans les cordes ceux qui n’hésitent pas à utiliser à des fins partisanes un service public financé par tous les citoyens, quelle que soit leur opinion politique. Entre le “oui” et le “non”, le choix du respect penche vers le refus des méthodes de ceux qui veulent imposer le traité établissant une Constitution pour l’Europe soumis au référendum du 29 mai prochain.

Manuel Marchal


Non, mais !...

Plus social qu’Ibrahim, tu meurs !

C’est fou ce que le référendum sur le projet de Constitution européenne rend... social ! Même Ibrahim Dindar a été contaminé par le virus. Ce doit être là une des vertus cachées du "non" qui monte !
"Ce qui est nouveau et formidable (!!) dit-il à propos de cette Constitution, c’est que les anciennes règles (...) sont complétées - je dirais même conditionnées - par une référence au progrès social, à la lutte contre les exclusions, contre les discriminations".
C’est pas beau ça, fi d’burce ? Ibrahim Dindar qui fait dans le social ! Ce que la vie, l’école et même l’Europe n’ont pas réussi pendant un demi-siècle, le "non" qui monte est en train de le réussir ! Si c’est pas un miracle, c’est à se demander.
À ce point d’ailleurs qu’avec ses amis Vergoz et Fruteau, Ibrahim va réclamer la titularisation immédiate des personnels non titulaires des collectivités. Car, dit-il, il faut commencer à faire social chez soi avant de le faire chez autrui.

La très grande majorité des États

Argument entendu chez les partisans du "oui" et encore mercredi soir à l’émission "France Europe express-oui" : "oui, mais si le “non” l’emporte, comment allez-vous faire, la grande majorité des États européens est de droite ?".
Curieux, non ?
Ce qui voudrait dire que, puisque la majorité des États est de droite, la France doit s’aligner. Ce qu’elle est d’ailleurs en train de faire. Mais alors, quand donc la France décidera-t-elle par elle-même et pour elle ? Si ce n’est pas de l’inféodation, c’est à se demander ce que c’est. Bonne raison de voter “non”.
Et puis, s’il paraît impossible de voter "non" au risque de déplaire aux États européens, pourquoi donc avoir organisé ce référendum ? En 68, les étudiants disaient "élection piège à con", faut-il en dire autant de ce référendum, présenté comme un exercice de démocratie avancée ? Eh bien là encore, non !

"Chaos" ou KO ?

Le Premier ministre Raffarin, pour sa première réapparition télévisée, n’y est pas allé de main morte. Pour lui, si le "non" l’emportait, l’Europe serait "assommée", ce serait le "chaos" , la "crise politique", de "longs mois de crise économique". Tout juste s’il n’a pas repris le mot de de Gaulle, la "chienlit".
C’est plus le "chaos", c’est plutôt le KO ! Et c’est lui qui est "KO", "assombri" et "en crise" et depuis de "longs mois". Il suffit, pour s’en rendre compte, de regarder les sondages : il ne finit pas de sombrer !
Avec un bon "non", il échouera pour de bon le 29 !

"Cachez-vous !"

C’est fou ce que Jack Lang, le socialiste, est aux petits soins avec Raffarin.
"J’ai envie de lui dire, lance en effet Jack Lang : cachez-vous, laissez-nous faire la campagne !"
Il n’a tout de même pas ajouté, le bon Lang : "nous allons faire le travail pour vous et vous allez gagner !".
Comme dirait l’autre, avec de tels adversaires politiques, on n’a plus besoin d’amis !

Supplique à RFO

Chirac revient. On annonce qu’il va de nouveau passer à la télévision d’ici deux jours. La dernière fois, RFO, dans un souci évident de neutralité, a rediffusé l’interview du Président de la République : un coup cela ne suffisait pas, il a fallu qu’ils en remettent une louche le lendemain, juste après le repas de midi.
Alors, cette fois, passez le trois fois : le matin, le midi et le soir ; et si possible toute la semaine.
Comme ça, on est sur que le "oui" passera du KO léger au KO profond !


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