Meeting du PCR avec les militants du “non” hier au Port

’Dire “non”, pour bâtir une Europe nouvelle, sociale et solidaire’

7 mai 2005

Un meeting a réuni hier plusieurs centaines de militants, de sympathisants et d’alliés du PCR menant la campagne pour le “non” dans les quartiers du Port. La Direction du PCR a décliné à quatre voix les raisons majeures de dire “non” au projet de loi pour un Traité constitutionnel qui, s’il est adopté, va être ’un recul pour La Réunion et les RUP’, a notamment argumenté Élie Hoarau, secrétaire général du Parti communiste réunionnais.

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Avant Élie Hoarau, les maires du Port et de La Possession, Jean-Yves Langenier et Roland Robert, ainsi que la députée de la 2ème circonscription, Huguette Bello, ont pris la parole dans cette réunion de militants animée par le secrétaire de la section du Port, Virgile Rustan. Chacun pour donner une ou deux raisons de refuser le texte du Traité constitutionnel.
"C’est l’occasion d’un débat sur le libéralisme et sur les remises en cause des droits sociaux, sur la casse sociale", a expliqué Jean-Yves Langenier à partir d’exemples puisés dans la casse des emplois aidés. "Il n’y a qu’à regarder ceux qui appellent à voter “oui” - Chirac, Sarkozy, Raffarin, Margie Sudre ou Virapoullé - pour savoir qu’il faut voter “non” !", a dit à son tour Roland Robert, non sans brocarder au passage un Parti socialiste qui, après avoir dénoncé dans le traité "une erreur historique", s’est retourné sur lui-même et appelle à voter “oui” en criant au largage en cas de victoire du “non”.
Huguette Bello a surtout démonté la campagne de peurs et d’intimidations menée par les tenants du “oui” à coup de sondages contradictoires. Au slogan du chef de l’État - “On ne peut pas être Européen et voter non” - la députée de l’Ouest répond : "On ne peut pas être Réunionnais et voter “oui” à ce référendum".
Sur ces différents arguments, nous reviendrons pendant la campagne et les militants auront l’occasion d’argumenter beaucoup sur la casse sociale, sur le contenu du texte du traité (que les gens commencent à recevoir chez eux) et sur les orientations à donner à l’Europe, puisqu’on nous demande notre avis.

"Des conditions plus difficiles" pour notre île

Élie Hoarau a développé à son tour, de façon très pédagogue, les principales raisons de ne pas voter ce Traité constitutionnel, de ne pas accepter ce projet de fonctionnement de l’Europe - sans pour cela s’entendre dire qu’on est “contre l’Europe” !
"Bien sïr nou lé pou Lérop ! Nou la batayé pou sa", a-t-il commencé en rappelant que si certains peuvent aujourd’hui appuyer leur “oui” à l’Europe à la quantité des crédits reçus, c’est aux combats des communistes réunionnais qu’ils le doivent, depuis 1979 ! "Kisa la batay pou ginye sa ? sé Paul Vergès ! Vien pa dir anou nou lé kont Lérop !"
Deuxième argument : les communistes vont continuer à se battre pour une Europe des peuples. "Lé bon, lé pa bon, i fo nou manz ? Non ! Nou néna nout dinyité", a-t-il poursuivi en venant sur la défense du 299-2, l’article du Traité d’Amsterdam qui reconnaît les spécificités des RUP et leur ménage des décisions prises à la majorité qualifiée. Comme le démontrait “Témoignages” hier, l’article III-424 du nouveau traité fait disparaître les spécificités et ne prévoit de réintroduire des dispositions particulières, répondant à nos spécificités, que si une unanimité des 25 pays membres se prononce pour. "C’est un recul", a dit Élie Hoarau, ajoutant que ceux qui voteront ce traité vont "créer des conditions beaucoup plus difficiles pour le développement de notre pays".

"La France ne sera pas isolée"

Serons-nous isolés en Europe si nous votons “non” ? Pour Élie Hoarau, la réponse est clairement “non”. "C’est prévu dans les Annexes du traité", a-t-il dit. "C’est épais comme ça", dit-il en écartant les doigts de cinq bons centimètres "et vous ne les recevrez pas par courrier. Mais la déclaration n°30 des Annexes prévoit que, si un pays vote contre, le Conseil va renégocier".
C’est de là que vient la "peur du “non” des peuples", a-t-il dit aussi. "La France ne sera pas isolée. Elle va montrer la voie d’une Europe sociale et solidaire. C’est cela la réalité".
Et du point de vue spécifique de La Réunion, voter “non” c’est - contrairement à ce que disent certains - "créer les conditions pour obtenir les crédits de développement dont nous avons besoin", a ajouté le dirigeant politique, avant de donner des exemples de ce qu’il faut refuser dans ce traité : l’impossibilité pour les États "de réguler, de protéger les plus pauvres, de prélever et répartir" ; l’interdiction d’aider les producteurs, "en raison de la concurrence libre et non faussée" qui devrait être la règle partout. "Lé ankor posib di “arèt in kou !” Alon kozé, Alon négosié", a conclu Élie Hoarau en insistant sur l’argument principal, que les militants vont aller expliquer partout : "L’Europe des libéraux et des technocrates va voter “oui”, mais l’Europe des peuples aspire à la démocratie et à la solidarité. Nou osi nou pé aport nout pièr : sé le vot “non” pou fé in sosiété plï zïst. Pou in Lérop nouvèl, sosial é solidèr".

P. David


Un journal socialiste critique Dominique Strauss-Kahn

L’hebdomadaire “La Corrèze républicaine et socialiste” a défendu la cause du “non” lors de la consultation interne organisée par le Parti socialiste auprès de ses militants à propos du référendum du 29 mai. Après le vote majoritaire du PS pour le “oui”, l’équipe du journal a cessé de faire campagne contre le projet de Traité constitutionnel européen.
Mais elle n’en reste pas moins vigilante sur le déroulement de cette campagne. Et cette semaine, sur une bonne partie de sa page “une”, le journal des socialistes corréziens critique largement le DVD réalisé par Dominique Strauss-Kahn pour faire connaître ses arguments en faveur du “oui”.
Sur la forme, le journaliste trouve l’idée du DVD "très séduisante", mais il n’est pas d’accord avec le contenu du message véhiculé par l’ancien ministre socialiste. "Par exemple, écrit-il, DSK sort de sa poche quelques pièces d’euros, en disant, à l’appui de son argumentaire, que tous les citoyens “portent un peu d’Europe dans leur poche”". Et le journaliste de commenter : "Certes, mais vu l’envolée des prix depuis 2002, c’est un poids qui commence à être crevant pour pas mal de poches !".
Deuxième exemple : lorsque Dominique Strauss-Kahn "relativise les nuisances sociales occasionnées par l’inscription au traité de la “concurrence libre et non-faussée”, sous prétexte qu’elle figurait “déjà au Traité de Rome de 1957”", le journaliste socialiste lui rappelle "qu’entre Nice et la Constitution, ce principe est passé du statut de moyen pour construire l’Europe à celui d’objectif, c’est-à-dire de finalité".
Il ajoute : "DSK oublie aussi qu’une concurrence libre entre pays de même niveau social - l’Europe des Quinze - peut effectivement être un atout pour le développement économique, mais quand elle est étendue à des pays de niveau social presque dix fois inférieur - avec l’élargissement à l’Est - elle risque de provoquer, avec les délocalisations, une explosion du chômage à l’Ouest".
Autre exemple : "DSK oublie enfin, et ce n’est pas innocent, qu’on est passé des termes “concurrence libre” à “concurrence libre ET non faussée”. Cela signifie qu’on sort du système où l’État ne doit pas empêcher des entreprises privées d’entrer sur le marché ; et qu’on entre dans un système où il est interdit à l’État d’intervenir dans l’économie - auquel cas la concurrence serait “faussée” - même si c’est pour préserver des secteurs stratégiques, l’emploi, ou les deux".
Et de conclure : "Finalement, ce DVD est une très bonne idée : après visionnage, il permet de réviser pour pas cher les arguments du “non” !"
Pas plus que les amis socialistes corréziens de DSK, les Réunionnais ne se laisseront tromper par les arguments fallacieux que va leur servir le leader du PS durant son séjour dans notre île.


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