Le chômage à La Réunion et le projet de Traité constitutionnel

“Droit à un emploi” et “droit de travailler”

5 avril 2005

Les statistiques du chômage pour le mois de février, publiées par Eurostat, montrent encore davantage le fossé qui sépare l’Outre-mer, et en particulier La Réunion, du reste de l’Union européenne. 8,9% en moyenne, avec une pointe à 18,1% en Pologne, cela reste, quoi qu’il arrive, bien inférieur à la tragédie que nous vivons quotidiennement et cela explique pourquoi c’est dans l’Outre-mer en général et à La Réunion en particulier que la solidarité européenne ne doit pas diminuer et bien au contraire s’intensifier.

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Moyenne à 8,9%, taux compris entre un peu plus de 4% et 18,6%, les dernières statistiques du chômage dans l’Union européenne affirment encore davantage la spécificité de l’Outre-mer. À La Réunion, le taux de chômage est environ quatre fois plus important que la moyenne, et deux fois plus important que l’État membre le plus touché. Des chiffres qui peuvent amener à donner un autre éclairage au débat sur le projet de Traité constitutionnel européen.
La publication des statistiques du chômage dans l’Union européenne est une nouvelle fois l’occasion de se demander si le projet de Traité constitutionnel, tel qu’il est proposé aux électeurs le 29 mai prochain, nous permettra de relever le défi numéro un : celui de la diminution du chômage.

Recul

Or, comme nous l’avons déjà dit dans nos colonnes, le texte soumis à référendum comporte un glissement que l’on peut assimiler à un recul. Alors que la constitution de la 5ème République, reprenant le préambule de celle de la 4ème, reconnaît à tout citoyen "le devoir de travailler et le droit à un emploi", ceci ne figure pas dans le projet de Traité constitutionnel. Ce dernier mentionne dans la “Charte des droits fondamentaux” le droit de travailler et la liberté de chercher un emploi.
Plus qu’un glissement dans la forme, ce changement est un recul pour tous les pays fragilisés par la crise du chômage.
Cette dernière est une menace constante pour la cohésion sociale des pays d’Outre-mer, et notamment à La Réunion, car ce chômage est surtout dû à des facteurs structurels, que l’on cherche à compenser en s’appuyant sur la reconnaissance de nos spécificités et sur celle du droit constitutionnel à un emploi. Or, si ces deux acquis inscrits aujourd’hui dans les différents traités, venaient à être remis en cause dans la loi fondamentale de l’Union européenne, quelles seraient alors les garanties pour nous de voir se poursuivre avec au moins la même intensité des politiques de lutte contre le chômage impliquant l’État et l’Union européenne ?

Poser une garantie claire

Dans un domaine aussi sensible, qui est la priorité numéro un pour tout l’Outre-mer, entretenir un tel flou n’est pas acceptable quand on sait les menaces qui pèsent sur la cohésion de notre société. Car, avec un taux de chômage dépassant les 30%, les Réunionnais risquent gros si le droit à un emploi n’est plus un acquis gravé dans le marbre de “la mère des lois” de l’Union européenne. Et au-delà de jouer sur les mots, c’est cette garantie indispensable à notre développement qui doit figurer dans ce texte, pour éviter un recul préjudiciable à tous ceux qui vivent ou risquent la précarité, dans l’Union européenne en général, mais surtout dans le contexte spécifique de l’Outre-mer.

Manuel Marchal


Stabilité à 8,9%, quatre fois moins qu’à La Réunion

Le taux de chômage de la zone euro, corrigé des variations saisonnières, s’est élevé à 8,9% en février 2005, par rapport à 8,8% en janvier, selon Eurostat, l’Office statistique des Communautés européennes. Il était de 8,9% en février 2004. Le taux de chômage de l’UE25 a été de 8,9% en février 2005, inchangé par rapport à janvier. Il était de 9% en février 2004.
En février 2005, les taux les plus bas ont été enregistrés en Irlande (4,3%), au Luxembourg (4,4%), en Autriche (4,6%), au Royaume-Uni (4,6% en décembre 2004) et aux Pays-Bas (4,7% en décembre 2004). Les taux de chômage les plus élevés ont été observés en Pologne (18,1%), en Slovaquie (16,2%), en Grèce (10,5% en septembre 2004) et en Espagne (10,3%).
Selon les estimations d’Eurostat, 12,8 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans la zone euro et 19,1 millions dans l’UE25 en février 2005. Ces chiffres, corrigés des variations saisonnières, ont été établis conformément aux critères du BIT.
En février 2005, le taux de chômage des États-Unis était de 5,4% et celui du Japon de 4,6%. (Source Union européenne)


L’importance du “non” français

Jean-Pierre Chevènement, président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen, a affirmé samedi que "si la Constitution européenne n’est pas adoptée, ce sera une chance pour le débat en Europe". Selon lui, "le non français sera une étape, le début d’un débat".
En cas de victoire du “non”, "l’Europe n’est pas en cause, le couple franco-allemand non plus", a-t-il déclaré, mais "Jacques Chirac devra se baser sur le non pour faire des propositions" en vue d’un nouveau texte, pour une "réorientation de l’Europe".


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