L’épidémie progresse

Ebola : consommation de viande de brousse fortement déconseillée

5 août 2014

Les équipes médicales, qui ont beaucoup de mal à lutter contre le virus Ebola en Afrique de l’Ouest, déconseillent à la population de consommer de la viande de brousse, qui serait responsable de la flambée épidémique. Mais certaines communautés rurales ont besoin de cet apport en protéines et sont déterminées à conserver leurs pratiques de chasse traditionnelles. Ci après un extrait d’un article d’IRINNEWS rendant compte de cette situation.

Les chauves-souris frugivores sont le réservoir naturel le plus probable du virus Ebola. Photo : Anton Croos/Wikimedia

Grâce aux campagnes de lutte contre la transmission du virus, la viande d’animaux sauvages tels que les chauves-souris, les rongeurs et les antilopes de forêt a presque entièrement disparu des étals de marché dans les grandes villes comme Guéckédou (l’épicentre de la maladie, dans le sud de la Guinée) ou Conakry, la capitale. Mais, ce n’est pas le cas dans les villages reculés où la viande est toujours consommée malgré les risques.

« La vie n’est pas facile ici, au village. Elles [les autorités et les organisations humanitaires] veulent interdire des traditions que nous respectons depuis des générations. L’élevage de bétail n’est pas répandu par ici, car la viande de brousse est abondante. Interdire la viande de brousse reviendrait à changer notre façon de vivre, ce qui n’est pas réaliste », a déclaré Sâa Fela Léno, qui vit à Nongoha, un village de la préfecture de Guéckédou.

La maladie a d’abord fait son apparition dans la région de la Guinée forestière, dans le sud du pays, avant d’être diagnostiquée en mars comme étant le virus Ebola. Cette première flambée épidémique d’Afrique de l’Ouest, la plus grave jamais recensée dans le monde, a fait plus de 700 morts. Les cas d’infection continuent de se multiplier en Guinée, ainsi qu’au Liberia et en Sierra Leone, les pays voisins.

En plus d’autres causes épidémiologiques, la propagation du virus est favorisée par le manque de connaissances et les superstitions, notamment au sein des communautés rurales, de même que par les déplacements transfrontaliers et les infrastructures de santé publique inadaptées.

La priorité immédiate est d’arrêter la transmission interhumaine. Déconseiller à la population de consommer la viande de brousse et proposer l’élevage de bétail à la place font partie des solutions à long terme pour réduire les risques de contracter le virus Ebola dans la nature, a déclaré à Rome Juan Lubroth, vétérinaire en chef de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

« Nous reconnaissons l’importance de la viande de brousse en terme de qualités nutritionnelles, qui ne se retrouveront peut-être pas dans une alimentation à base de plantes. Nous ne disons pas qu’il faut arrêter de manger de la viande de gibier […] mais pourquoi ne pas remplacer le besoin d’aller dans la forêt et de chasser des animaux sauvages par l’élevage de bétail qui est un moyen de subsistance plus sûr ? », a dit M. Lubroth.

« Ne pourrions-nous pas avoir un programme de développement plus poussé qui inclurait l’élevage de volailles, de moutons, de chèvres, de porcs… et faire en sorte que cela fonctionne afin d’éviter les incursions non nécessaires dans la forêt pour chasser ? », a-t-il ajouté.

Ebola

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