Guerre Israel - Hamas : une coalition serait risquée

Emmanuel Macron veut une coalition internationale contre le Hamas

25 octobre 2023

Le président français Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’une coalition internationale contre le groupe islamiste palestinien Hamas, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien à Jérusalem, le 24 octobre 2023. Une proposition qui laisse les experts sceptique, car compliquée à mettre en place.

Le président français Emmanuel Macron a évoqué le 24 octobre, depuis Jérusalem, sa volonté de créer une coalition internationale contre le groupe islamiste palestinien Hamas, une proposition qui s’annonce extrêmement complexe à mettre en œuvre, selon des experts.

Ce dernier a proposé que la coalition anti-Daech (le groupe djihadiste Etat islamique, NDLR) "puisse lutter aussi contre le Hamas". L’Elysée a rapidement précisé après cette déclaration qu’il s’agissait "de s’inspirer de l’expérience de la Coalition internationale contre Daech et voir quels aspects sont réplicables contre le Hamas".

"Nous sommes donc disponibles pour réfléchir, avec nos partenaires et Israël, aux pistes d’actions pertinentes contre le Hamas", a tenu à préciser l’Elysée. "Ce sera ensuite aux partenaires et notamment à Israël d’exprimer leurs besoins".

Pour l’heure, les experts doutent de la possibilité d’étendre ou répliquer la coalition visant Daech. Car cette coalition internationale regroupe actuellement 86 membres dont l’Otan, l’Union Européenne, la Ligue Arabe et il y a "au moins une unanimité diplomatique de façade" dans la lutte contre ce groupe djihadiste, a souligné Elie Tenenbaum de l’Institut français des Relations Internationales (IFRI) à l’Agence France Presse.

Or parmi ses membres, dont Israël ne fait pas partie, "de nombreux pays ne partagent absolument pas la position de la France sur le Hamas", selon lui, citant ainsi le Liban, le Qatar, la Jordanie, la Libye ou l’Irak.

De plus, certains membres sont ouvertement hostiles à Israël, notamment Bagdad, qui ne reconnaît pas l’existence-même du pays, ou Tripoli, qui n’entretient aucune relation avec le gouvernement israélien.

En dépit d’une normalisation des rapports bilatéraux entre Israël et plusieurs pays arabes via les accords d’Abraham de 2020, la "faisabilité" de l’extension du périmètre de la coalition globale contre l’Etat Islamique à la lutte contre le Hamas paraît ainsi "hautement improbable", a estimé Elie Tenenbaum .

D’autant que le Hamas, contrairement à l’EI, dispose d’alliés puissants dans la région, comme le Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran, ennemi juré d’Israël.

Selon Renad Mansour, chercheur principal au centre de réflexion Chatham House, la mission de cette coalition serait "beaucoup plus ardue", car elle apparaîtrait comme une structure pro-israélienne, quand la rue et plusieurs gouvernements arabes sont pro-palestiniens.

Sans compter que les manifestations populaires dans le monde en soutien à la population palestinienne pourrait dégénérer contre les dirigeants, qui oseraient s’allier contre le Hamas et engager des opérations militaires dans des zones fortement peuplés, tuant encore plus de palestiniens.

D’ailleurs, contrairement à l’Etat islamique , qui s’était emparé de certains territoires syriens et irakiens, le mouvement islamiste palestinien a, lui, pris le pouvoir dans la bande de Gaza après sa victoire aux élections de 2006.

Aujourd’hui, la population manque de tout mais elle ne défie pas ouvertement le Hamas. Alors que l’EI gouvernait "de manière très brutale", des "atrocités" étant régulièrement "commises contre la population" locale, a rappelé Riyad Mansour, représentant de la Palestine à l’ONU.

De plus, une telle coalition pourrait exacerbé les tensions dans la région. Héloïse Fayet, chercheuse spécialiste du Moyen-Orient au Centre des études de sécurité de l’IFRI a expliqué que "depuis 10 jours, plusieurs bases de la coalition en Irak et en Syrie ont été attaquées à l’aide de drones et de roquettes" par des groupes chiites proches de l’Iran.

Étendre la coalition à la lutte contre le Hamas "risque d’accroître ce risque", a souligné l’experte, qui appelle Emmanuel Macron, à "clarifier ces propos afin de ne pas susciter de faux espoirs ou une escalade".


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