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Le scrutin du référendum a été marqué par une forte mobilisation, en France et dans l’ensemble de l’Outre-Mer. C’est la première fois que s’exprime un vote massif sur l’Europe, avec une participation de (75%) en France et de plus de (53%) à La Réunion. Dans cette participation au vote, le “non” de La Réunion pèse d’un poids remarquable. Il arrivait en tête, hier à minuit, dans pratiquement toutes les communes (sous réserve des huit communes dont les résultats n’étaient pas encore communiqués).

C’est un résultat d’autant plus remarquable qu’il a été acquis dans les plus grandes difficultés : campagne déséquilibrée, argumentaires faussés... L’électorat est néanmoins sorti de son indifférence pour exprimer un refus net de la politique que ce traité constitutionnel proposait de figer dans un texte qui se voulait définitif. Pour les travailleurs, les exclus et tous ceux qui ont le souci d’une véritable Europe sociale, ce texte était un danger à repousser absolument dans un sursaut.

Ce rejet s’est exprimé dans un très large rassemblement, qui élargit considérablement celui déjà exprimé dans les précédents scrutins (Régionales et Européennes 2004). A une très forte majorité, à La Réunion comme en France, le “non” a balayé les arguments des coalisés du “oui”, jetant les bases d’une autre construction européenne, d’un autre avenir. Il faudra nécessairement donner un autre contenu à l’Europe des 25 et plus.
Et pour notre île, c’est un immense chantier qui attend le très large rassemblement sorti des urnes hier : comment faire un projet de développement cohérent dans le contexte de la mondialisation.

L’appel de la France, ce “non” tonitruant au libéralisme et à ses ravages, va résonner dans toute l’Europe, où d’autres scrutins annoncent un même rejet, peut-être plus fort encore. Et loin d’entraîner notre isolement, ce “non” massif est le point de départ d’une construction européenne qui devra se montrer enfin capable d’opposer un modèle social différent au diktat mondial du libéralisme globalisé.

P. David

Jets de pierres, de barres de fer
et dépouillement faussé à Saint-Pierre

Hier à 22 heures 30, les partisans du “non” circulaient en voiture dans les rues de Saint-Pierre. En passant devant l’Hôtel de Ville, des pierres et des barres de fer ont été lancées dans leur direction. Trois personnes ont déposé des plaintes à la police. "Un des agresseurs a été reconnu", nous a déclaré un responsable du PCR.
Au bureau 43 à La Ravine Blanche Saint-Pierre, "M. Araye a voulu fausser le scrutin", affirme Krishna Damour. "Les deux cent premiers bulletins ont été jetés à la poubelle", déplore-t-il. "Devant le mécontentement des électeurs et des électrices, le dépouillement a retrouvé sa régularité", termine ce militant pour un vote démocratique et non faussé.

J-F N.

La Coordination pour le “non” à Saint-Benoît

"Une large victoire du “non” à l’Est : ...C’est un début"

Dans la soirée d’hier, la Coordination pour le “non” à Saint-Benoît a publié le communiqué suivant sous la signature du président de la coordination,
Dominique Atchicanon :
"À l’heure où nous écrivons, une large victoire du “non” s’annonce à l’Est et à La Réunion. À Saint-Benoît 5.819 électeurs se sont prononcés contre le Traité constitutionnel européen, soit plus de 57% des voix.
Pour beaucoup, à droite comme au PS, c’est une surprise totale. Pour nous, nous avions senti semaine après semaine, à mesure des explications données, se renforcer le “non”.
Le vote de ce soir n’est pas un mouvement d’humeur mais constitue un véritable choix de société :

- le refus de la dégradation des conditions de vie, particulièrement à Saint-Benoît avec le chômage, le logement, l’absence de perspectives pour les jeunes ;

- le ras le bol de voir tout se transformer en marchandise : la santé, l’éducation, la retraite, la solidarité ...

- le rejet d’un monde où la compétitivité passe avant l’emploi, la rentabilité avant les conditions de vie et de travail, la guerre économique avant la solidarité entre êtres humains.
Cette élection devait être un combat d’idées. Les partisans du “oui” n’ont pas choisi d’expliquer mais d’inquiéter, de faire peur. Dans la coordination pour le “non”, organisations politiques, syndicats, associations, personnalités se sont rassemblés pour expliquer, pour donner aux gens les éléments pour décider par eux-mêmes. La population bénédictine a su s’en servir et prendre ses responsabilités malgré.
Cette élection est porteuse d’importantes évolutions, c’est un début :

- début d’une autre façon de faire la politique, respectueuse de l’électeur et appelant à la responsabilité de chacun ;

- surtout, début d’un combat pour remettre l’humain au centre et non plus l’argent ;
Ce travail unitaire pour le “non” permet aujourd’hui d’ouvrir le chantier d’un autre Europe, d’un autre Monde, fait pour l’être humain.
A Saint-Benoît, on voit ce soir qu’existent en grand nombre des combattants et des résistants pour porter cette alternative : ce soir 29 mai, ils sont majoritaires".