En Israël, que cache le limogeage du ministre de la Défense ?

7 novembre, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Mardi 5 novembre 2024, le Premier ministre israélien a démissionné son ministre de la Défense, Yoav Gallant. Il a anticipé sur l’équipe qui sortira des urnes aux États-Unis. L’administration actuelle de Biden n’est plus à son goût. Il ne reconnaît plus l’ONU et ses décisions. L’élection de Trump peut-elle changer la situation ?

L’impasse israélienne

Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une opération armée qui a fait 1700 morts et occasionné 200 otages. L’opération était audacieuse et sans précédent. La réaction israélienne avait pour but de « punir » le Hamas et de ramener les otages. Bilan : après un an, 80 otages ne sont toujours pas libérés.
Par contre, Gaza a été rasé. On compte plus de 40 000 morts, la plupart des civils, des femmes et des enfants. La population palestinienne rescapée vit dans des tentes ou sous les décombres. Les images font le tour du monde et provoquent d’immenses foules de manifestants. Plus de 80 000 tonnes de bombes ont été larguées. C’est donc un échec par rapport aux objectifs proclamés.
Gallant a réagi à son limogeage, mettant en garde contre « l’obscurité morale qui a englouti le pays ». Il en donne 3 raisons : son opposition d’exempter les jeunes orthodoxes, l’impératif de ramener les otages, une enquête d’État sur le 7 octobre et la guerre qui a suivi. Pour le chef de l’opposition, Gallant refusait « la politique misérable de Nétanyahou au détriment des otages ».

Un pied de nez aux Américains

Dans un communiqué, Patrick Ryder, le porte-parole du Pentagone, déclare que Yoav Galant a été un « partenaire de confiance » et qu’il continuera à travailler en étroite collaboration avec le prochain ministre de la Défense d’Israël. « L’engagement de l’Amérique envers la sécurité d’Israël reste inébranlable et le ministère américain de la Défense continuera à travailler en étroite collaboration avec le prochain ministre israélien de la Défense ». Cependant, pas de réaction du côté de Biden.
Netanyahu jubile. En octobre, Austin et Blinken lui avaient adressé une lettre pour réclamer l’entrée quotidienne de 350 camions de produits alimentaires et autres. Un délai a même été fixé. A une semaine de l ‘échéance, lundi 4 novembre, Matthew Miller a estimé qu’Israël a échoué à répondre à la demande de la Maison-Blanche et les maigres progrès étaient largement insuffisants. On annonce que seulement 71 camions sont passés. Que vaudra cet ultimatum quand les élections présidentielles seront passées ?

Le monde entier prévenu

Tout se passe comme si l’opération du Hamas du 7 octobre était une opportunité pour Israël d’atteindre des objectifs politiques cachés. Netanyahu veut conquérir toute la Palestine. Il a mis l’Autorité palestinienne, représentée par Mahmoud Abbas, sous tutelle. Il organise la colonisation des terres de la Palestine jusqu’aux vols des propriétés. Il a aidé et financé le Hamas pour tenter d’affaiblir et discréditer la représentation politique officielle. Il a pensé qu’après avoir monté une faction contre l’autre, il était ensuite plus facile d’abattre le Hamas, qualifié de terroriste.
Cependant, la demande de Gallant, ministre de la Défense, de mener une enquête d’État, sur les événements du 7 octobre et sa suite, montre qu’il doute du narratif officiel. En tout cas, il ne comprend pas l’abandon des otages, après un an de guerre asymétrique. Après tout, s’ils sont encore en vie, après le largage de 80 000 tonnes de bombes, cela prouve que le Hamas a protégé leur vie, contrairement à Netanyahu. Une telle attitude d’Israël défie les Droits humains et la morale collective.

Israël se croit tout permis. L’insolence de Netanyaou à l’Assemblée générale de l’ONU, l’appel au meurtre de dirigeants politiques dans cette enceinte, la menace de se retirer de l’institution internationale, le bombardement de la FINUL, le blocage de l’aide humanitaire… sont autant de tentatives de briser la légitimité de l’ONU et récuser ses décisions. Il a eu le culot de déclarer le secrétaire général de l’ONU « personae non grata ». En cause, la reconnaissance de l’État palestinien, dans ses frontières de 1967, que réclament de plus en plus les États membres à l’ONU.

La faillite des valeurs morales de l’Occident

L’élargissement de la guerre vers le Liban, l’Iran, la Syrie, l’Irak et le Yémen, déstabilise le plan des Américains qui ont du mal à contrecarrer la puissance chinoise. Netanyahu entraîne ses parrains occidentaux dans une faillite morale. A contrario, la Chine agit pour le cessez-le-feu et la Paix. En pratique, elle a déjà réconcilié les factions palestiniennes, les rivaux Iran-Arabie Saoudite et la fin du conflit armé au Yémen. Elle a une bonne côte auprès des pays musulmans. Elle a fait des propositions pour l’Ukraine. La Chine ne mène aucune guerre. Elle a conclu avec l’Inde un mode de gestion conjointe sur la partie des frontières communes controversées. L’ONU doit profiter de la crise ouverte en Israël pour accélérer la reconnaissance de l’État palestinien. Selon le Président de l’Autorité palestinienne, l’élection de Trump offre cette possibilité.

Ary Yee-Chong-Tchi-Kan

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