Visite officielle du président français

François Hollande tente de séduire Pékin

26 avril 2013, par Céline Tabou

Le Président François Hollande est arrivé en Chine le 25 avril pour une visite de 37 heures basée sur la relance des exportations françaises afin de réduire le déficit commercial du pays et nouer une nouvelle relation politique avec la nouvelle Direction chinoise.

Avant sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping, le chef de l’État français s’est entretenu avec une soixantaine de patrons qui l’accompagnent et va visiter l’usine construite en 2009 à Pékin par une entreprise française, Bernard Controls. Il s’agit d’une entreprise de taille intermédiaire qui fabrique des servomoteurs destinés à l’industrie nucléaire, pétrolière ou gazière.

Nouer un « lien personnel »

Sur le plan politique, François Hollande sera accueilli officiellement par Xi Jinping avec tout le protocole d’État, il s’agit du premier accueil fait à un dirigeant occidental à Pékin depuis l’arrivée de la nouvelle Direction chinoise à la tête de l’État, il y a cinq semaines. Cette visite est sous le signe du changement après des années de crispations et de tensions entre les deux capitales.

Selon le programme de François Hollande, son homologue et lui échangeront durant cinq heures au cours d’entretiens « restreints » et « élargis » , a indiqué l’“Agence France Presse”. De cette rencontre découlera la publication d’une déclaration conjointe, d’interventions devant un forum économique et d’un dîner d’État.

Du côté français, cette visite est destinée à nouer un « lien personnel » et une « relation de confiance entre eux ». Signe fort de cette nouvelle Direction, Xi Jinping était présent lors du forum de chefs d’entreprises des deux pays.

Une question économique importante pour Paris

Décidé à plaire à la nouvelle présidence chinoise, François Hollande sait que le déficit commercial de la France vis-à-vis de la Chine est monumental, près de 26 milliards d’euros, soit 40% environ du déficit global. C’est pour cette raison que Paris veut « redresser la barre » et signer plusieurs accords commerciaux avec les entreprises chinoises, particulièrement dans l’aéronautique, le nucléaire civil et l’automobile. D’autres pourraient être signés, selon l’“AFP”, dans le développement urbain durable, l’agroalimentaire, la santé ou l’économie numérique.

D’autant plus que selon les statistiques douanières chinoises, le volume des échanges commerciaux sino-français a atteint environ 51 milliards de dollars en 2012. Zhao Jinjun, ancien Ambassadeur de Chine en France et Président de l’Institut des Hautes études diplomatiques, a expliqué au “Quotidien du Peuple” qu’il s’agit d’un problème « évident de déséquilibre entre les puissances économiques globales des deux pays, mais cela ouvre de larges horizons de développement à leurs relations économiques et commerciales ».

Parmi les points de tensions, la monnaie chinoise, le yuan. Pour la France, le 2nd partenaire commercial européen de la Chine, la faiblesse de la monnaie chinoise est un souci, « la Chine ne peut pas vivre avec une monnaie qui ne serait pas conforme à ce qu’est sa puissance économique aujourd’hui », avait déclaré François Hollande à son arrivée. Ce dernier avait monté le ton vis-à-vis de Pékin concernant les « pratiques chinoises ». En novembre dernier, lors de sa participation au forum économique de Laos, il avait dénoncé une concurrence « déloyale », des salaires inacceptablement bas et des monnaies artificiellement sous-évaluées.

Sur le plan diplomatique

La question coréenne devrait être sur la table des discussions, avec notamment la position de la Chine, seule alliée de Pyongyang (capitale de Corée du Nord - NDLR) . François Hollande devrait évoquer la question des droits de l’Homme, mais ce dernier le fera « avec le souci de l’efficacité et sans esprit de provocation », a indiqué à l’“AFP” le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à la veille de la visite.

De son côté, le chef de l’État a indiqué lors d’une visite à Moscou que « La dimension des droits de l’Homme est partout dans la politique étrangère de la France », et ajouté : « Quand je constate un manquement, je le signale ».

Pour Zhao Jinjun, les relations sino-françaises, après plus d’un demi-siècle d’évolution, sont « entrées dans une phase de maturation caractérisée par davantage de pragmatisme, de stabilité, et donnant plus d’importance à l’aspect stratégique ».

Ce dernier a expliqué au “Quotidien du Peuple” que « la coopération sino-française demeure marquée par un esprit d’initiative : la France a été le premier pays à avoir noué un partenariat global stratégique avec la Chine et le premier grand pays occidental à avoir créé les Années croisées avec l’Empire du Milieu, tandis que c’est du côté chinois qu’est née l’initiative de signer avec la France des accords de coopération dans les domaines nucléaire et aéronautique ».

La visite de François Hollande en Chine est bienvenue, d’autant plus qu’en cette période de crise, celle-ci « contribuera à promouvoir un développement approfondi du nouveau partenariat stratégique global entre les deux pays » sur le déficit de la France. L’ancien ambassadeur a affirmé que « la Chine adopte une attitude positive en favorisant l’élargissement continu des relations économiques et commerciales entre la Chine et la France. Il estime que la France devra assouplir ses restrictions sur les exportations de hautes technologies et réduire les barrières commerciales ».

Céline Tabou


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