Élections au Parlement Européen

Fruteau perd son sang froid

25 mai 2004

Dans une démarche typiquement anti-démocratique, le député européen sortant n’accepte pas que l’Alliance présente et soutienne une liste aux européennes du 13 juin. Va-t-il conduire le Premier secrétaire du Parti socialiste, qui vient mener campagne pour lui le prochain week-end, à adopter la même ligne de conduite ?

Jean-Claude Fruteau, député sortant au Parlement européen, a organisé dimanche après-midi une conférence de presse consacrée, pour l’essentiel, à commenter la décision de l’Alliance de présenter une liste conduite par Paul Vergès aux élections européennes. Plus qu’une réponse et une analyse politiques, le conseiller général de Saint-Benoît a formulé une riposte toute personnelle.
"Il faut mettre un coup d’arrêt à la volonté morbide hégémonique de Paul Vergès", a-t-il déclaré en préambule, montrant qu’il a du mal à accepter que le leader de l’Alliance puisse conduire une liste le 13 juin prochain.
Son attitude est, pour le moins, étonnante.
En effet, dans la circonscription de l’outre-mer, 3 postes de député au Parlement européen sont à pourvoir lors de ces élections. Jean-Claude Fruteau se voit occuper l’un d’entre eux à l’issue du scrutin. Il accepterait aussi que Margie Sudre prenne possession d’un des deux sièges restant à pourvoir. Mais il ne peut comprendre ni accepter que l’Alliance puisse briguer le troisième siège. Au nom de quoi ?
Le dirigeant socialiste n’a pas dit un mot à l’annonce de la candidature de la tête de liste UMP. Il n’a pas commenté la décision des Verts de participer de manière autonome à la bataille électorale. Il ne s’est pas exprimé sur la liste UDF. Pourquoi perd-t-il son sang froid après la décision de l’Alliance ?
Au nom de quoi et de quels principes peut-il s’autoriser à interdire à un mouvement politique réunionnais de se présenter au scrutin de juin prochain ? En quoi demander au peuple souverain de choisir ses représentants serait-ce faire œuvre d’"hégémonie morbide"... ?
À plusieurs reprises, Paul Vergès et son parti ont appelé à voter pour un candidat socialiste : François Mitterrand aux présidentielles de 74, 81 et 88 ; François Hollande aux européennes de 1999 ; et Lionel Jospin à la présidentielle de 2001. Jean-Claude Fruteau n’y a trouvé rien à redire et a considéré cela comme normal. Lorsque - selon une expression employée par les dirigeants de la fédération socialiste - l’Alliance veut se compter aux européennes de 2004, le même Fruteau s’insurge et dénonce une prétendue volonté hégémonique.
La tête de liste socialiste a annoncé que le premier secrétaire de son parti viendra le soutenir dans sa campagne. Toute la question est de savoir s’il amènera ce dernier à avoir le même comportement que le sien. Compte-t-il faire adopter par François Hollande son langage agressif et sa tentative hégémonique en prétendant refuser à un mouvement réunionnais le droit de se présenter à une élection ?


Médias

Bravo RFO-Radio !

Trois événements politiques ont marqué ce dimanche à La Réunion : la rencontre de l’Alliance, la conférence de presse de Fruteau et l’annonce de la liste des Verts aux européennes. Dans ses journaux de 5 H, 5 H 30 et 6 H d’hier matin, Radio-Réunion n’a signalé que la seule rencontre de Fruteau avec les journalistes, en mettant en exergue l’accusation d’hégémonie prononcée par le leader socialiste à l’égard de Paul Vergès.
À cette occasion, la radio de la Place du Barachois s’est montrée sous un visage de partisan, en se mettant au service d’un candidat dans sa polémique contre un autre candidat.
La chose se comprendrait si l’on avait affaire à une radio privée. Mais lorsqu’on utilise pour une telle opération un moyen du service public, Radio-Réunion oublie sans doute qu’elle est essentiellement financée par la redevance. Et qu’elle doit respecter le droit à l’information de tous les Réunionnais, sans attitude partisane.


Fabius, le P.S. et les ego

Lors d’une émission sur “Radio J”, dimanche, Laurent Fabius a déclaré : "François Hollande et moi, nous demandons, mois après mois, aux principaux responsables du PS de garder leur calme, et en général ils sont calmes, et de bien voir que nous avons des responsabilités sur les épaules. (...). De temps en temps, il y a comme cela une fusée qui part. (...) Vous n’empêcherez pas qu’il y ait quelques ego qui veuillent se mettre en avant. Ce n’est pas grave, les gens font la part des choses", a-t-il dit, sans citer personne.


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