5,5 milliards d’euros du FMI et 14,5 milliards des Européens perçus

Grèce : un emprunt pour payer des dettes, pas pour investir

21 mai 2010, par Sanjiv Dinama

La Grèce a reçu la première tranche des prêts que ses partenaires lui avaient promis. Après avoir touché, la semaine dernière, 5,5 milliards d’euros de la part du Fonds monétaire international (FMI), elle a donc reçu 14,5 milliards de la part des Européens. Rappelons que ces sommes vont servir à rembourser des prêts arrivés à échéance et non à l’investissement. Les sommes obtenues devront être remboursées, à terme. La question de la solvabilité de la Grèce à long terme (deux à cinq ans) reste posée. L’ampleur des déficits, conjuguée à l’absence de croissance et au programme d’austérité du gouvernement, augure des temps difficiles. Le pays est loin d’être sorti de la crise.

Reste à savoir comment la conjoncture grecque va évoluer. Ce sont les hôteliers du pays qui ont tiré la sonnette d’alarme, en estimant que la clientèle devrait diminuer de 10% cette année et les revenus de 15%.

Investisseurs prudents vis-à-vis des pays européens

Quant aux investisseurs, ils restent manifestement prudents vis-à-vis des pays européens dont les finances dérapent. Le Trésor espagnol a émis hier des obligations pour 6,435 milliards d’euros, soit moins que son objectif de 6,5 milliards d’euros, et à un taux bien supérieur à celui de l’émission précédente.
Rappelons également que ces prêts serviront à apurer la dette publique et non à financer des investissements.
La Grèce devra rembourser les sommes obtenues. Le pays a besoin de plus de 8 milliards d’euros. Selon Patrick Jacq, stratégiste Taux chez BNP Paribas, l’État doit payer des intérêts (coupons) sur les obligations émises ces dernières années. Il doit faire face à des échéances totales de 11 à 12 milliards d’euros d’ici fin mai.
Le plan d’aide européen minimise certes les risques de liquidité à court terme pour la Grèce. Toutefois, la dette publique devrait augmenter jusqu’à 150% du PIB, ce qui rend la route « hautement dangereuse », selon les analystes.
La question de la solvabilité de la Grèce à long terme (deux à cinq ans) reste posée. L’ampleur des déficits, conjuguée à l’absence de croissance et au programme d’austérité du gouvernement, augure des temps difficiles.

Risque important au niveau des banques européennes

« La Grèce ne pourra pas, vraisemblablement, échapper à une restructuration de sa dette », estime Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo. Nombre d’analystes préconisent à Athènes d’entamer volontairement des négociations avec ses créanciers pour rééchelonner ses échéances de remboursement. Mais cette initiative n’est pas sans danger, notamment pour certaines banques européennes qui risquent d’y perdre beaucoup.
Outre la Grèce, la situation du Portugal et de l’Espagne est également alarmante. Des niveaux d’endettement public très élevés et une croissance en berne. Résultat, Lisbonne et Madrid sont à leur tour confrontés à une montée des taux d’intérêts. « Si la Grèce restructure sa dette, la pression ne fera que s’accentuer », juge Anton Brender, économiste chez Dexia Asset Management. L’Italie et l’Irlande sont aussi susceptibles d’être fragilisées.

Au total, « aucun État membre n’a enregistré un excédent public en 2009 », note Eurostat dans un communiqué, précisant que « 25 États-membres ont enregistré une détérioration de leur solde public (...) en 2009 par rapport à 2008, et deux (Estonie et Malte) une amélioration ».
Dans le détail, c’est l’Irlande qui affiche le plus lourd déficit de l’UE, avec un trou équivalent à 14,3% du PIB. Viennent ensuite la Grèce (13,6), le Royaume-Uni (11,5%) et l’Espagne (11,2%). En France, le déficit a atteint (7,5%). Les meilleurs élèves sont la Suède (0,5%), le Luxembourg (0,7%) et l’Estonie (1,7%), les seuls avec le Danemark (2,7%) et la Finlande (2,2%) à respecter le seuil des 3% fixé par Bruxelles.

Sanjiv Dinama

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