Après la manifestation des organisations démocratiques réunionnaises à RFO

Halte au double matraquage des Réunionnais par les vendeurs de “oui”

11 mai 2005

Non seulement les Réunionnais sont victimes du matraquage médiatique en faveur du “oui” en provenance de France, mais encore on leur inflige la propagande éhontée du service public dans l’île en faveur d’un choix politique catastrophique pour l’avenir de La Réunion. Aucun démocrate ne peut accepter une telle violation du pluralisme de l’information.

(page 5)

En matière d’information sur les enjeux du référendum du 29 mai prochain, La Réunion est victime d’un double déséquilibre entre les partisans du “oui” et ceux du “non” : d’une part, celui - énorme - qui est importé de France et qui est dénoncé partout, même par le C.S.A. (Conseil supérieur de l’audiovisuel) (voir encadré)  ; d’autre part, celui qui leur imposé par les chefs des médias de masse qui sont au service des intérêts des dominants. Ce double déséquilibre se transforme en matraquage comme on n’en avait plus vu depuis une trentaine d’années et qui porte gravement atteinte à la démocratie dans ce pays.
On en a une illustration quotidienne sur les ondes et les écrans de RFO-Réunion. Et tous les auditeurs de Radio-Réunion comme les téléspectateurs de la station du Barachois peuvent en témoigner chaque jour. Cela est d’autant plus grave qu’il s’agit d’un service public.
Dans les différents journaux d’information, RFO donne beaucoup plus souvent la parole aux partisans du “oui” et rend davantage compte de leurs actions ou de leurs prises de position que des défenseurs du “non”. De plus, les actions et les prises de position des premiers sont valorisées, tandis que celles des seconds sont dénigrées, dévalorisées, déformées (voir “Témoignages” du lundi 9 mai) .
Ce comportement est particulièrement typique dans la série d’émissions radio baptisées à tort “Éclairages” et qui sont nettement orientées dans le sens décrit plus haut. Quels ordres a reçus le journaliste chargé de cette tâche ?
Autre exemple : le “débat” télévisé de lundi soir entre deux universitaires et un journaliste de RFO. Globalement, comme l’a dénoncé hier matin une auditrice de K.O.I., cette émission a davantage tenu de la "manipulation mentale" et d’une "propagande pour le “oui”" que de l’information objective par des experts de l’Université.
Et hier soir, lorsque RFO-Télé a rendu compte de la manifestation qui s’est déroulée en fin d’après-midi devant ses grilles pour demander davantage de respect du pluralisme de l’information, elle a fait preuve de mépris à l’égard des manifestants. Elle a contesté leur analyse et dit qu’elle n’a rien à se reprocher puisque après Dominique Strauss-Kahn et Jean-Paul Virapoullé la semaine dernière, cette semaine elle donnerait la parole à Élie Hoarau et Christiane Taubira. Comme si cela suffisait pour rétablir l’égalité de traitement entre le “oui” et le “non” sur les ondes du service public d’information...!

L. B.


La lettre remise lundi au directeur de RFO-Réunion

Neutralité et service public d’information

Nous, associations, syndicats, partis politiques, regroupés au sein de la coordination des collectifs et initiatives pour le “non” au projet de Constitution européenne, attirons l’attention des citoyens sur la confiscation éhontée des moyens audiovisuels au service d’une pensée unique ; nous dénonçons en ce lundi 9 mai, journée de l’Europe, le déni de démocratie qui symbolise cette campagne référendaire et exigeons des médias un débat honnête et pluraliste !

- Où est le débat quand, entre le 1er janvier et le 31 mars 2005, toutes émissions confondues (JT, émissions politiques, émissions de divertissement), 71% des intervenants étaient favorables au "oui" et quand, dans les journaux télévisés, les défenseurs de la Constitution accaparaient 73% du temps de parole ?

- Où est le débat quand le CSA n’accorde qu’un tiers du temps de parole au "non" ?

- Où est le débat quand le Président de la République préfère organiser un show télévisé à la gloire du "oui" (que le CSA ne comptabilise pas dans le temps de parole du "oui") où il est interrogé par des patrons d’entreprises privées aux salaires astronomiques (Jean-Luc Delarue, Marc-Olivier Fogiel) plutôt que par des journalistes professionnels ?

- Où est le débat quand le biais des questions est tel que l’on est d’emblée dans un climat d’hostilité quand s’expriment les défenseurs du "non" alors que la prévenance est de mise pour les partisans du "oui" ?

- Où est le débat quand des journalistes (Quentin Dickinson, correspondant permanent de France Inter à Bruxelles, par exemple), des chroniqueurs (Bernard Guetta, chroniqueur à France Inter et l’Express ou Alain Duhamel, chroniqueur à RTL, Libération, Le Point, Nice Matin, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Courrier de l’Ouest par exemple), des présentateurs (Laurent Ruquier, présentateur sur France 2, par exemple) ou des patrons de presse (Laure Adler, directrice de France Culture ou Jean-Pierre Elkabbach, nouveau patron d’Europe 1, nommé directement par Arnaud Lagardère, par exemple) prennent ouvertement position pour le "oui" ?

- Où est le débat quand la quasi-totalité des titres de la presse écrite font campagne pour le " OUI " (Le Monde, Libération, Le Point, Le Nouvel Observateur, Paris Match, etc.) se comportant comme des acteurs politiques partisans ?

- Où est le débat quand les "Tours d’Europe" que nous proposent les médias sont des " Tours de l’Europe du "OUI" " et les " experts " régionaux, avant tout, des défenseurs du projet de Traité constitutionnel ?

- Où est le débat quand sur RFO télé le 20 avril dernier, nous avons eu droit à 25 interventions pour le “oui” et 13 pour le “non”, pour la plupart coupées ? (décompte qui ne prend pas en compte le rapport scandaleux du temps de parole cumulé) ?

- Où est le débat quand RFO ne se déplace pas au meeting d’H Emmanuelli à Saint-Louis ?

- Où est le débat quand une même salle également remplie à Saint-Denis, correspond dans les médias à un meeting réussi pour le “oui” et à un échec pour le camp du “non” ?

Nous demandons à toutes les organisations associatives, politiques et syndicales de tous domaines de mobiliser leurs forces contre cette propagande médiatique organisée et de se joindre à nous pour exiger la mission d’information impartiale a laquelle devrait s’astreindre le service public d’information.

Les organisations réunionnaises de la coordination des collectifs et initiatives pour le “non” : AC !, "Agir pour nout tout", AID, ALADIR, Alternatifs, ATTAC, CGTR, ESPWAR, FSU, MARON, PSR, PRS, SNEP-FSU, SNETAP-FSU, SUD Education, SUD Santé, UDSR, MRA, MRC, MGER, RESO, MARS, PCR, UDSR, le MAR, RADIUM...


Le C.S.A. demande aux chaînes télé de mieux traiter le “non”

Les chaînes de télévision ne laissent pas assez la parole aux partisans du “non”. À trois semaines du référendum européen, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le régulateur du secteur de la communication, vient de rappeler à l’ordre TF1, France 2, France 3 et Canal + en les priant de "remédier à ces déséquilibres dans les meilleurs délais".
Ce courrier intervient après plusieurs plaintes émanant des partisans du “non” qui s’estimaient sous-représentés. Jeudi dernier, des voix se sont également élevées au sein de France Télévisions. Une centaine de collaborateurs et journalistes ont lancé une pétition dénonçant "le manque d’objectivité et le matraquage pour le “oui”" des médias. (voir “Témoignages” de samedi)
Le CSA vient en partie de leur donner raison en rendant compte des temps de parole pour la période du 4 au 29 avril. Résultat : aucun accès à l’antenne pour les dissidents de l’UMP dans les journaux télévisés et les magazines de France 3 et Canal + ; un temps de parole insuffisant sur le journal télévisé de TF1 et dans les magazines de France 2.
Pour les partisans du “non” dans le camp socialiste, le CSA a constaté des déséquilibres similaires, pointant en particulier du doigt les magazines de France 2 et de Canal +.
La semaine dernière, l’Observatoire français des médias, une association fondée en 2003 dans la foulée du forum social de Porto Alegre, avait estimé que les défenseurs du "oui" à la Constitution "accaparent 73% du temps de parole" dans les médias écrits ou audiovisuels.
Un rassemblement de protestation contre cette atteinte à la démocratie était organisé lundi à Paris à l’occasion de la Journée de l’Europe.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus