Conséquence de la crise et de l’austérité

Hausse des meurtres et des suicides en Grèce

22 avril 2013, par Céline Tabou

La politique gouvernementale mise en place ces dernières années aura pesé financièrement sur les ménages, mais également moralement. Le pays dénombre une augmentation du nombre de suicides et de meurtres, preuve de la dégradation de la santé publique.

Gerard McGovern

D’après une étude américano-grecque publiée jeudi soir, le taux de mortalité résultant de suicides et d’homicides a augmenté de 22,7% et de 27,6% respectivement de 2007 à 2009 particulièrement chez les hommes. Cette étude publiée dans l’ American Journal of Public Health se base sur les statistiques du gouvernement et a constaté une hausse du nombre de cas de troubles mentaux, d’abus de drogue et même de maladies infectieuses provoquées par le virus du Nil occidental et du VIH.

Cause du chômage et de la récession

Selon les chercheurs, cette situation coïncide avec une forte hausse du chômage, suite à la crise économique de 2007, celui-ci passant de 7,2% en 2008 à 22,6% au début de 2012. En parallèle, les dépenses de l’État destinées aux services publics ont été fortement réduites, le budget du Ministère de la Santé a baissé de 23,7% de 2009 à 2011. Cette diminution est survenue au moment où le nombre de chômeurs a considérablement augmenté et où les chômeurs ont dû réduire leurs recours aux soins médicaux privés pour se faire soigner dans des organismes publics, dont les budgets ont également été réduits et ne sont plus entièrement gratuits.

Auteur de cette étude, Elias Kondilis, chercheur à l’Université Aristote, a expliqué lors d’une conférence de presse, jeudi 18 avril, qu’ils s’attendaient « à ce que les mesures d’austérité aient des effets négatifs sur les services de santé et la santé publique, mais l’impact a été beaucoup plus sévère que nous ne l’avions imaginé » . La Grèce aura été un laboratoire des mesures d’austérité par la Troïka, tant sur le plan économique, social que politique, toutefois, les observateurs constatent des effets néfastes des plans drastiques imposés depuis 2008.

Pour le Dr. Howard Waitzkin, professeur retraité de Médecine et de Sociologie à l’Université du Nouveau-Mexique, coauteur de l’étude, « La politique des coupes budgétaires actuellement proposées (...) aurait les mêmes effets dévastateurs sur les services de santé et la santé publique aux États-Unis » qu’en Grèce. Les auteurs ont d’ailleurs analysé la situation dans d’autres pays européens et constaté qu’une situation économique difficile avait un impact direct sur la santé publique.

Une situation dramatique

En plus des conditions sanitaires de plus en plus inquiétantes, le pays est menacé par la famine. En plus des marginaux et sans domicile fixe, une nouvelle génération de citadins a fait surface, ce que certains médias qualifient de « néo-pauvre ». Honteux, ils ont perdu leur emploi à cause de la crise et ne peuvent compter qu’une année d’allocation chômage. En Grèce, les « néo-pauvres » sont des salariés renvoyés d’une des nombreuses PME qui ont fait faillite, des fonctionnaires licenciés à la suite des mesures d’austérité prises depuis deux ans, des jeunes qui ne parviennent pas à entrer sur le marché du travail.

Conscients de la nécessité de réformer, les Grecs ont du mal avec les plans d’austérité imposés au pays depuis le printemps 2010. Ceux-ci touchent en priorité les salariés et les retraités, qui ont vu leurs revenus diminuer, voire disparaître quand ils ont été licenciés, et leurs impôts, prélevés à la source, augmenter de façon exponentielle, a expliqué “Libération”.

En deux ans, le nombre de sans-domicile-fixe a augmenté de 25% et la faim est devenue une préoccupation quotidienne pour certains. Mais pire, en août 2012, alors que la situation s’aggrave, le ministre des Finances de Bavière, Markus Söder [CSU], avait déclaré que « la Grèce doit servir à montrer que la zone euro peut aussi montrer les dents. Les responsables des problèmes de la Grèce, ce sont les Grecs, et personne d’autre ». Huit mois plus tard, la Troïka (Fonds monétaire international, Union européenne et Banque centrale européenne) obtient les conditions nécessaires des Grecs, pour pouvoir débloquer les fonds consentis.

Céline Tabou

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