Hausse importante des produits alimentaires dans le monde

« Il faut s’attendre à de nouvelles émeutes de la faim »

14 avril 2008

L’augmentation des prix des produits alimentaires de première nécessité a déjà provoqué des émeutes meurtrières en Haïti. Les tensions s’amplifient en Asie, notamment en Thaïlande, premier exportateur mondial de riz. La FAO fait part de son pessimisme, tout comme le FMI : « Des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim », a notamment affirmé Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI.

Ces derniers mois, la hausse des prix de l’alimentation a provoqué une agitation sociale dans divers pays, provoquant notamment la chute du Premier ministre à Haïti et des émeutes de la faim qui ont fait au moins 5 morts et 200 blessés.
Dans nombre de pays, les gouvernements ont été obligés d’augmenter le niveau des subventions aux biens de première nécessité et aux carburants, ou de réduire leurs exportations de produits agricoles pour calmer les tensions inflationnistes sur leur proche marché.
Cette flambée des produits alimentaires ne semble pas avoir pour l’heure de raison de cesser, et ses effets pourraient s’étendre, indique le directeur général de la FAO, Jacques Diouf : « Il existe déjà de nombreuses tensions dans beaucoup de pays asiatiques, y compris ceux qui exportent des produits alimentaires ». Cela a notamment été le cas en Thaïlande avec les tensions sur le prix du riz... Jacques Diouf estime également que cette situation est appelée à durer : « Je ne vois pas de raisons objectives à des diminutions de prix », explique-t-il. « Il faut donc s’attendre à de nouvelles émeutes de la faim ».
Au Fonds Monétaire International, même constat alarmiste : le directeur général de cette institution, Dominique Strauss-Kahn, a lancé samedi une mise en garde. « Les prix de l’alimentation, s’ils continuent comme ils le font maintenant (...) les conséquences seront terribles », a-t-il lancé au cours d’une conférence de presse donnée à l’issue d’une réunion de l’instance dirigeante du FMI. « Des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim... ce qui entraînera des cassures dans l’environnement économique », a-t-il mis en garde.

Jusqu’à 74% d’augmentation

La facture des importations céréalières des pays les plus pauvres du monde devrait augmenter de 56% en 2007/2008 après une hausse significative de 37% en 2006/2007, a indiqué vendredi la FAO dans un communiqué.
Pour les pays à faible revenu et déficit alimentaire en Afrique, cette facture devrait augmenter de 74%, selon le dernier bulletin “Perspectives de récoltes et situation alimentaire de la FAO”. La hausse est due à l’envolée des cours internationaux des céréales, des tarifs du fret et du prix du baril de pétrole.
Ces deux derniers mois, les prix internationaux des céréales ont poursuivi leur forte hausse, reflétant une demande soutenue et l’amenuisement des réserves mondiales, constate le rapport.
Ce sont les prix du riz qui ont le plus augmenté, suite à l’imposition de nouvelles restrictions à l’exportation par les principaux pays exportateurs. Fin mars, les prix du blé et du riz avaient doublé par rapport à ceux observés un an plus tôt et les prix du maïs avaient augmenté de plus d’un tiers, selon le rapport.
La FAO exhorte les bailleurs de fonds et les institutions de financement internationales à revoir leurs programmes d’assistance en faveur des pays les plus affectés par la flambée des prix des denrées alimentaires. Selon une première estimation, les financements supplémentaires requis pour mettre en oeuvre les programmes et projets dans ces pays se situeraient entre 1,2 milliard et 1,7 milliard de dollars.
Dans le monde, 37 pays sont actuellement confrontés à des crises alimentaires, selon le rapport

Plusieurs régions du monde touchées

Les prix du pain, du riz, du maïs et de ses dérivés, du lait, de l’huile, du soja et d’autres produits de base se sont envolés ces derniers mois dans nombre de pays en développement. Et cela, malgré les mesures politiques prises, tant par les gouvernements des pays importateurs qu’exportateurs de céréales, afin de limiter l’impact des cours internationaux sur les marchés domestiques de l’alimentation.
Ces mesures vont des restrictions à l’exportation, aux subventions et réductions tarifaires en passant par le contrôle des prix. Des émeutes de la faim ont été signalées en Égypte, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina Faso, en Éthiopie, en Indonésie, à Madagascar, aux Philippines et en Haïti.
Au Pakistan et en Thaïlande, l’armée a été déployée pour éviter le pillage de la nourriture dans les champs et les entrepôts.
« La flambée des prix des denrées alimentaires frappe plus durement les pauvres, car la part de l’alimentation dans leurs dépenses totales est beaucoup plus élevée que celle des populations aisées », a fait observer Henri Josserand du Système mondial d’information et d’alerte rapide de la FAO. « L’alimentation représente environ 10 à 20 % des dépenses de consommation dans les pays industrialisées, mais au moins 60 à 80 % dans les pays en développement, dont beaucoup sont importateurs nets de produits alimentaires ».

Emeutes de la faim

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus