Jean-Claude Fruteau applaudi par la majorité UMP et UDF du Conseil général

Il insultait ses propres camarades

1er avril 2005

Pour l’élu bénédictin, en étant un des signataires du Traité de Nice, Lionel Jospin a attaché son nom à un texte ’calamiteux’ et ’bidouillé’ tandis que les 45% de militants socialistes - dont Fabius, Emmanuelli, Mélenchon - qui sont partisans du “non” sont des imbéciles et vont donner ’un coup’d pied dan zot z’assiette manzé’. La droite a applaudi l’élu socialiste qui insultait publiquement ses propres amis.

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Il s’est passé avant-hier, au Palais de la Source, une chose extraordinaire : en mal d’explications sur le référendum du 29 mai prochain, des élus de l’UMP ont fait appel au savoir et à la science de Jean-Claude Fruteau (voir notre article).
Dans l’assemblée il y avait pourtant une personnalité qui pouvait autant, sinon mieux que le député européen, fournir les explications nécessaires à ses collègues de la majorité.

Quand Poudroux se ridiculise

En effet, avec Jean-Luc Poudroux se trouvait dans l’enceinte du Palais de la Source, le secrétaire de la fédération de l’UMP en personne ! Ce dernier a laissé faire Jean-Claude Fruteau. "Quand comptez-vous nous donner votre argumentaire sur le “non” ?", a-t-il demandé aux élus de l’Alliance. Quand on est secrétaire fédéral du principal parti qui appelle à voter “oui” et quand on est incapable d’argumenter en ce sens et qu’on laisse à une autre personne le soin de le faire, lorsque, en résumé, on fuit ses propres responsabilités de dirigeant, on se ridiculise en jouant au matamore et au provocateur.
Par contre, Jean-Claude Fruteau, lui, s’est fait remarquer et applaudir. "Applaudissements dans la salle. La droite, qui a religieusement écouté ce plaidoyer, pour ne pas dire bu les paroles du socialiste, semble avoir trouvé en Fruteau non seulement un ardent avocat pro-européen mais surtout un porte-parole idéal pour la campagne du “oui” au projet de Constitution européenne", écrit le “JIR”. Le député socialiste a même été baptisé de grand pédagogue.
Fruteau a commencé son intervention en affirmant implicitement que Lionel Jospin a attaché son nom à un traité "bidouillé dans la nuit par des ambassadeurs et des fonctionnaires". En effet, le Traité de Nice que le député socialiste dénonce aujourd’hui, comme étant "calamiteux" a été signé et défendu par l’ancien Premier ministre (voir encadré).

J. M.


Pour Fruteau, une bonne partie des socialistes sont des imbéciles

Mercredi dernier dans son intervention au Conseil général, Fruteau a pris à parti les partisans du “non” et leurs arguments.
Or, l’événement de ces dernières semaines, c’est la stabilité dans les sondages des intentions de vote en faveur du “non”. Analysant ces résultats, plusieurs observateurs remarquent qu’une majorité d’électeurs socialistes s’apprêtent à voter contre le projet de Traité constitutionnel. En décembre dernier, lors du référendum interne au PS, près de 45% des militants se sont prononcés en faveur du “non”. Parmi eux des personnalités comme Laurent Fabius, Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon. Sans doute, ces 45% de socialistes n’ont-ils pas eu l’occasion d’entendre, le pédagogue Fruteau. Mais, toujours est-il qu’aux yeux de ce dernier, ils sont des imbéciles prêts à "donner un coup’d pied dan zot z’assiette manzé". On comprend alors pourquoi la majorité UMP-UDF du Conseil général a applaudi Fruteau : il était en train d’insulter ses propres camarades socialistes à commencer par l’ancien Premier ministre Jospin. Quand un élu socialiste botte les fesses de ses propres camarades, la droite applaudit toujours.

J. M.


Fruteau tacle Jospin !

"Ce traité voté par 25 chefs d’État et chefs de gouvernement, qui remplace celui calamiteux de Nice, bidouillé dans la nuit par des ambassadeurs et des fonctionnaires", a déclaré devant l’assemblée du Conseil général Jean-Claude Fruteau. Le député européen de Saint-Benoît n’a pas inventé l’argument : il ne fait que répéter que ce que disent ses chefs parisiens qui estiment effectivement qu’un échec du “oui” au référendum aurait pour conséquence le maintien du Traité de Nice jugé "calamiteux".
Première remarque : les partisans du “oui” justifient l’aspect volumineux du projet de traité - il comporte plusieurs centaines de pages - par le fait que sa partie 3 reprenne l’intégralité des traités ayant marqué la vie de l’Union européenne et donc le Traité de Nice.
Mais Jean-Claude Fruteau oublie que Lionel Jospin en tant que Premier ministre accompagnant Jacques Chirac, chef de l’État, a signé le Traité de Nice. À l’issue du sommet, l’un comme l’autre ont célébré les résultats obtenus. Élisabeth Guigou, ministre de la Justice de l’époque, traitait par le mépris ceux qui osaient contester le Traité : "celui qui a une voiture n’a pas besoin de savoir comment le moteur fonctionne", déclarait-elle le 10 décembre 2000 à France Inter.
"Ou donn pas in coud’ pied dan out zassiette mangé", répète le dirigeant socialiste. Lequel se permet, quant à lui, de botter les fesses de son ancien chef de file, Lionel Jospin !


Poisson d’avril !

Aux dernières nouvelles, la Direction du Parti socialiste et la Direction de l’UMP se sont rencontrées il y a deux jours lors d’une réunion tenue secrète, même des militants...
Principale décision prise à cette occasion : les deux Directions se sont mises d’accord pour confier à Giscard, le père du projet de Constitution européenne qui sera soumise à référendum le 29 mai prochain, la rédaction du projet de programme de la gauche pour la prochaine élection présidentielle. En retour, l’UMP, Raffarin en tête, a demandé que ce soit Dominique Strauss-Kahn qui prépare son projet de gouvernement en cas de reconduction de Chirac à la présidence de la République.
Raison de cette "convergence" de vue : d’un côté, il n’y a pas meilleur que Giscard pour rédiger un projet de constitution sociale et de gauche, ce qui explique le "oui" de la Direction du PS au projet de Constitution européenne ; et de l’autre côté, il n’y a pas meilleur que Dominique Strauss-Kahn pour faire un projet libéral de gauche.
Jean-Claude Fruteau, du PS, et Margie Sudre, de l’UMP, qui devaient l’annoncer à l’opinion à l’occasion de la réunion commune qu’ils ont tenue ce mardi à l’Université, n’ont pas osé : l’opinion, selon eux, ne serait pas encore "mure" pour l’admettre !
C’est, heureusement tout de même, un poisson d’avril !
Mais, il faut le reconnaître, la réalité dépasse parfois - et plus souvent qu’on le croit - la fiction !

H. Hubert


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