Fruteau se démasque :

Il refuse toute diversité d’opinions

26 mai 2004

Député sortant au Parlement Européen, Jean-Claude Fruteau critique la décision de l’Alliance de présenter une liste aux élections européennes. Selon lui, elle exprime "une volonté morbide hégémonique".
Quand Paul Vergès et son parti appellent à voter pour des candidats socialistes (François Mitterrand ou Lionel Jospin) lors d’élections présidentielles ou européennes, Jean-Claude Fruteau n’y trouve rien à redire. Mais, il conteste à l’Alliance le choix de se présenter aux européennes. C’est une logique partisane dangereuse.
Sur les trois sièges en compétition, il veut en occuper un, il accepte que Margie Sudre en brigue un autre. Par contre, il critique la volonté de l’Alliance de se battre pour le troisième disponible. Il n’a pas eu un seul mot de sa part pour contester la légitimité de toutes les candidatures annoncées, mais il polémique à propos de celle de l’Alliance. Il y a de sa part un comportement qui frise le ridicule.
Pour contester la candidature de la tête de liste de l’Alliance, Jean-Claude Fruteau développe un autre argument. Il explique que, n’étant représentée qu’à La Réunion, l’Alliance ne pèse rien. Pour lui, tant que Paris ou Strasbourg -siège du Parlement Européen- n’auront pas reconnu l’Alliance, celle-ci ne sera rien.
Cet argument n’est pas nouveau : durant la campagne du deuxième tour des régionales, Michel Vergoz avait émis une idée identique.
Aux yeux de Fruteau et des dirigeants socialistes de La Réunion, pour avoir de l’influence, il faut faire partie d’un grand parti métropolitain et être reconnu par leurs dirigeants. Fini donc le syndrome de la “goyave de France” dénoncé au moment du débat sur la départementalisation.
Pour Jean-Claude Fruteau, compte-tenu de leur poids électoral respectif, il n’y aurait en fait que deux partis qui comptent : l’UMP et le PS. Pour avoir droit au chapitre, tout autre mouvement doit s’aligner sur l’un ou l’autre. Et, dans le cas de forces progressistes, c’est sur le PS qu’il faut s’adapter. Pour Fruteau, ne pas suivre le Parti socialiste, revient à ne pas avoir de légitimité et de représentativité. C’est dans cette logique et dans cette attitude que réside la présence d’une volonté d’hégémonie.
Dans les faits, Fruteau refuse toute pluralité et et toute diversité des opinions.
C’est un comportement politique qui porte loin. Il est fait d’arrogance et de mépris vis-à-vis de ceux que l’on considère comme étant plus faibles que soi. Il va à l’encontre de la logique développée vers l’outre-mer lors du dernier congrès du PS de Dijon. C’est le principe d’un partenariat entre le Parti socialiste et les formations progressistes de l’outre-mer qui avait été entériné, toutes tendances confondues. C’est ce principe que Jean-Claude Fruteau et la fédération de La Réunion ont remis en cause.
Or, la réalité démontre que Fruteau est dans l’erreur. Député au Parlement européen, en 1979 puis en 1984, Paul Vergès défendit un texte visant à améliorer la situation des DOM. Celui-ci fût adopté par l’unanimité des députés, toutes tendances politiques confondues. Paul Vergès n’adhérait pas alors au Parti socialiste. Comme quoi, il n’est pas nécessaire de s’aligner su un grand parti métropolitain pour se faire entendre et pour défendre les intérêts de La Réunion.


Va-t-il piéger Hollande ?

Jean-Claude Fruteau compte-t-il faire approuver la position qu’il développe depuis dimanche par le Premier secrétaire du PS qui vient le soutenir ? Va-t-il demander à François Hollande de reprendre à son compte les critères qu’il pose. À savoir :
1) contester à l’Alliance le droit de se présenter une liste aux européennes ;
2) construire une sorte de code électoral particulier à La Réunion consistant à faire du vote en faveur de tout candidat socialiste une pratique obligée ;
3) dire que toute formation ne s’alignant sur le PS -ou l’UMP- n’a aucune légitimité et ne sera pas reconnue à Paris comme à Strasbourg.
Jamais la classe politique réunionnaise n’aura eu à remercier autant Jean-Claude Fruteau d’avoir posé en ces termes le débat politique à La Réunion.


Européennes : 13% pour l’UMP ?

"L’UMP attend le 13 juin avec appréhension". Non, le titre n’est pas de “Témoignages”. C’est celui d’un article paru dans “Le Figaro”, dans son édition de mardi. “Le Figaro” est un journal qui a toujours été enclin à développer des idées qui ne peuvent être qualifiées de “progressistes”.
Le journal analyse : "L’UMP ne s’enthousiasme pas, loin de là, pour les élections européennes (...). Le parti ne veut pas être prisonnier du scrutin (...)".
Mais il reste quand même très réservé quant à l’issue de celui-ci. Et les conséquences qu’elle aura sur le “déroulement” de sa politique. Notamment pour la réforme de l’assurance maladie. “Le Figaro” cite François Baroin. Celui-ci explique que "le gouvernement jouera à “quitte ou double” le 13 juin. Si on est cinquième partout en France, on pourra difficilement faire passer l’assurance maladie derrière un nouveau vote sanction".
“Le Figaro” écrit qu’à l’UMP, "on ne pense pas pouvoir obtenir plus de 20% des suffrages, même si des enquêtes d’opinion donnent le parti à ce niveau". Et même nettement moins puisque, "la base de comparaison de 1999 est une base réaliste". Cette année-là Nicolas Sarkozy, "qui était tête de liste RPR-DL, n’avait obtenu que 12,8%".
Une inquiétude qui pourrait être légitime. En effet, un sondage - parmi d’autres - indique que 50% des électeurs vont se déterminer en fonction d’enjeux nationaux. Ce sondage CSA pour France Info et France Europe Express a été rendu public mardi matin.

D.B.


Tahiti : des procédés peu habituels

Un correspondant anonyme nous a fait parvenir la copie d’un article paru dans “Tahitipresse” du 21 mai. On y apprend que le sénateur socialiste René Dosière a eu, au cours d’un voyage en Polynésie, des contacts avec le responsable du parti Tavini, Oscar Témaru. On apprend que l’élu métropolitain a, au nom de son parti, a remis à la formation tahitienne des crédits à partir de "quelques moyens financiers" dont disposait le PS. C’est, en tout, une somme de 45.000 euros qui a été allouée dont une partie dans le cadre des élections européennes.
Ce genre de pratique existe sans doute, et pas seulement outre-mer. Mais, que le représentant du parti français estime nécessaire d’en faire état publiquement et d’en donner un maximum de détails est un procédé peu habituel.
Le fait que soit rendue publique la transaction faite à un parti et son président qui luttent pour l’indépendance est un geste qui sort de l’ordinaire.


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